dimanche 25 février 2024

Le Chant des Géants

 

Auteur : David Bry
Édition : HSN
Parution : 5 mai 2022
Origine : France
Genre : Fantasy/Conte
Nombre de pages : 328
ISBN : 9782918541752



   Résumé : Trois Géants endormis rêvent l’île d’Oestant et ses habitants, du plus grand roi au dernier des paysans. Ils rêvent de batailles et de musique, d’amour et de récoltes, de courage et de trahisons, de châteaux et de chasses, leur sommeil veillé par d’immortels serviteurs. Dans l’un des royaumes de l’île, les princes Ianto et Bran se rendent chez leur voisin, soupçonnant les prémices d’une guerre visant les terres de leur père. L’empoisonnement d’un de leurs soldats la déclenchera, malgré les dénégations du roi ennemi et de sa fille Sile, princesse au caractère d’acier. Ianto, l’aîné aussi brillant que colérique, et son cadet Bran, amoureux des femmes et de musique, se préparent pour les combats tandis qu’au loin, sur les côtes, paraît une mystérieuse brume noire qui s'avance. Mais la guerre ne prend pas la tournure attendue, le néant menace et des Immortels - ceux qui veillent les Géants -, errent étrangement dans les royaumes des hommes.

 

   Imaginez-vous dans une taverne, en l’an de grâce 1215. Il pleut dehors, les gouttes tapent contre les carreaux sales de plusieurs semaines, et le tonnerre retentit au loin, promesse d’une longue nuit. C’est le moment que choisit un barde, sa longue capuche rabattue sur son visage, sa flûte cachée dans les replis de sa cape ruisselante, pour faire son entrée. Il s’installe sur l’estrade, et le silence se fait. L’histoire va commencer.

   Le Chant des Géants entre dans la catégorie des ballades épiques, de celles que les bardes colportent sur les routes, et qui rendent immortels leurs héros. j’ai particulièrement aimé le style oral qui entrecoupe les chapitres de ce roman, et qui emprunte aux chœurs des tragédies grecques, donnant un sentiment de finalité de l’histoire irrévocable. Je suis forcément séduite par les emprunts aux mythologies nordiques et grecques ; par les héros qui, se sachant condamnés, puisent dans leurs dernières forces pour tenter de renverser leur destin ; par la la geste chevaleresque que ce livre représente.

   Je dois cependant reconnaître de nombreux problèmes dans ce livre qui sont venus ternir ma lecture. L’ancrage de l’univers de fantasy, son world building, sont assez peu développés. Il est seulement fait mention de géants, croyances autour desquels évolue toute la vie des personnages, mais dans le récit ils ne sont finalement mis qu’au service de pâles locutions telles que “Que les géants rêvent de toi”, mais ça ne changerait rien si les personnages se disaient simplement “Bonne chance”. De même, et cela rejoint la première idée, je trouve que les positions dans le temps et l’espace ne sont pas assez marqués, on aurait pu être aussi bien dans un monde de fantasy qu’en Finlande ou en Écosse, cela auraient mérité plus de travail pour que je me projette mieux dans l’histoire. Enfin, je n’ai pas réussi à m’impliquer envers les personnages. Le principal problème de cette histoire est que le récit va tout droit vers la finalité et ne développe ni ses personnages, ni l’univers dans lequel ils évoluent, l’auteur a fait des ellipses à des passages qui étaient pour moi nécessaires à mon appréciation des personnages, qui ne sont finalement là que pour servir l’intrigue.

   Cependant, j'ai bien conscience que ces "défauts" que je reproche à ce livre, sont en vérité des marques de la narration d'un conte : un récit bref qui présente des personnages qui font face à des situations qui vont les faire grandir et évoluer, avec souvent une morale à la fin. Souvent, le conte n'est pas là pour que l'on s'attache aux personnages, mais pour comprendre le monde et apporter une leçon sur les comportements humains. Et ce roman nous le sert parfaitement, je pense néanmoins que ce qui m'a le plus dérangée dans ce livre, c'est le manque de liant entre les parties orales et les parties écrites, j'aurais aimé que l'on sente la présence du narrateur de manière omniprésente dans le récit, ce qui aurait en plus renforcé l'aspect inéluctable du destin des personnages, et l'attache aux tragédies grecques.

   Pour conclure, je ne peux pas affirmer que j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé le format, l'approche de l'histoire, mais j'aurais aimé un plus long développement de l'histoire et de ses personnages. Ce qui est plutôt bon signe je trouve, car j'aurais aimé en avoir PLUS. Je reste donc sur ma faim à la fin de ce récit.

 

jeudi 30 avril 2020

Comment le dire à la nuit

Auteur : Vincent Tassy
Edition : Le Chat Noir
Collection : Griffe Sombre
Parution : 12 septembre 2018
Origine : France
Genre : Gothique
Nombre de pages : 350
ISBN : 9782375680896
    Résumé :  La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu’elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs.
Elle l’enleva.
Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d’amour et de nuit qui traverserait les siècles.

   Comment ? Comment puis-je parler de cette œuvre en des termes suffisamment élogieux pour réussir à en dégager toutes les émotions, toute la grandeur que ce roman m'a apporté ? Comment les mots peuvent-ils transcrire toute la douleur, la nostalgie et l'amour que j'ai pour ce roman ? Ce sont les questions que je me suis posée pendant des mois après avoir refermé ce roman, et hier encore, j'en relisais les dernières pages, les yeux noyés de larmes et mon cœur gonflé de tristesse.

   Comment le dire à la nuit est le premier roman à propos de vampires que je lis sans que le mot "vampire" n'apparaisse jamais au cours du roman. C'est très intéressant comme parti pris, parce qu'on assiste à une évolution grandissante de notre pensée en tant que lecteur au fur et à mesure du roman. Le lecteur tient la place du personnage qui ne sait pas que les vampires existent, jusqu'au moment où les crocs de l'un d'entre eux se trouvent plantés dans son cou. Le temps qu'on réalise, il est trop tard. Vincent Tassy a déjà planté les crocs dans votre cou, et vous ne pouvez rien faire, à part continuer.

   Nous découvrons plusieurs points de vue, s'étalant et s'entrecroisant sur plusieurs siècles, chacun d'entre eux étant reliés par deux personnages : la dame en noir, et le garçon aux cheveux blancs, Athalie et Adriel (et avec ce dernier, j'ai rallongé ma liste de "vieux prénoms que j'ai trouvé dans des romans, que je trouve beaux et que je veux attribuer à mes enfants si j'en ai un jour"). Ces deux personnages vont ravager les vies des différents protagonistes dont on découvrira les points de vue au cours du récit. 
   Chacun de ces destins seront liés par le même fil conducteur : l'Amour. Car si Comment le dire à la nuit n'est pas un roman d'amour, celui-ci en est son essence même. Il raconte des amours torturées, des amours cachées, des amours inavouées, des amours déçues, des amours déchues, des amours non partagées. L'amour d'une mère pour son enfant, l'amour saphique, l'amour entre deux hommes, l'amour d'un homme et d'une femme, l'amour d'une sœur, l'amour de l'amour... l'amour transcende les âges, les genres et les siècles, il est puissant et n'a pas de limites. Aimer à en perdre sa raison, son cœur, son corps, son âme et sa vie, c'est ce que raconte ce roman qui m'a transcendée et m'a transportée, les yeux inondés de larmes, vers des dimensions inexplorées jusqu'alors.

   Le style de Vincent Tassy est puissant, d'un romantisme qui explose dans une mélancolie profonde, sensuelle, si attirante. Si la figure du Vampire était un style d'écriture, il serait celui de Vincent Tassy tant celui-ci rassemble toutes les caractéristiques habituellement attribuées à cette figure surnaturelle. Sa plume est fluide, nos yeux coulent sur le papier (et cette fois-ci, je ne parle pas de larmes), on ne se lasse jamais, et on en redemande encore.

   Mes personnages préférés sont Egmont et Léopold. Leur histoire d'amour m'a transportée, j'avais rarement vu une histoire d'amour aussi éphémère que belle, tragique et merveilleuse à la fois, deux personnages aussi sensibles et amoureux l'un de l'autre. C'est pour eux que mes yeux se sont emplis de larmes à ma lecture, pour eux que j'ai ressenti des émotions si ardentes.

   Comment le dire à la nuit ne ressemble à aucun roman que ayez lu jusqu'alors. C'est beau, c'est bizarre et familier à la fois, c'est au-delà de tout ce qui est exprimable, que ce soit par des mots, par des gestes. Il est devenu mon roman préféré parmi tous. Une révélation. Un aimant.

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lundi 13 avril 2020

Pretty Dead Girls

Autrice : Monica Murphy
Edition : Lumen
Collection : ///
Parution : 14 juin 2016
Origine : Etats-Unis
Genre : Thriller, Enquête, Jeunesse
Nombre de pages : 460
ISBN : 9782371021723
Résumé :  Belles à tomber.
Parfaites en tout point.
Sauvagement assassinées.
Leur corps est apprêté avec méticulosité, disposé dans une position bien particulière. Leurs visages, parfaitement maquillés, sont tournés selon l'angle le plus flatteur, leurs vêtements coûteux brossés et défroissés. Seul leur cou ouvert d'une oreille à l'autre vient démentir ce tableau idyllique. Seul leur regard vide trahit la vérité : elles sont mortes et bien mortes.
 Pourquoi ai-je attendu autant de temps pour lire ce livre ?
Bon, déjà parce que depuis quelques années maintenant, j'enchaîne les pannes de lecture, certes, même si en cette période de confinement, je suis entrée dans une période de boulimie de lecture où je dévore littéralement tous les livres que je sors de ma PAL. Mais ce roman, Pretty Dead Girls, est si bien, qu'il m'a volé mes heures de sommeil la nuit dernière.

   Pretty Dead Girls est une sorte de croisement entre les séries Pretty Little Liars et Scream Queens. Autant dire que ça partait sans doute mal avec moi puisque, malgré presque dix ans à m'efforcer d'aller au-delà de la saison 1 de PLL (oui, je suis très persévérante), rien n'y a fait, et que je suis passée totalement à côté de Scream Queens, qui raconte l'histoire d'une sororité dans une université américaine frappée par les crimes d'un tueur en série. Mais il y a un truc qui m'a accroché plus que ces séries ne pourront jamais le faire : l'écriture de l'autrice. Celle-ci a eu le don de m'accrocher et de m'emporter dans son histoire en un clin d’œil.

   Dans ce roman on rencontre Penelope Malone, qui est en quelque sorte le parfait cliché de la reine des abeilles de son petit lycée dans la station balnéaire de Cape Bonita, en Californie. Elle est major de sa promo, belle à tomber, présidente de l'association des Cygnes Blancs, une association caritative et bénévole très prestigieuse qui permet d'ouvrir ses membres aux meilleures universités du pays, et très fermée sur son petit monde et ses amis qui font parties des familles les plus riches de l'Etat. Cependant, dès le début de son année scolaire de Terminale, une série de meurtres sur le campus du lycée va frapper ses amies, et surtout, les Cygnes Blancs. 

   Si j'ai autant aimé la plume de l'autrice, c'est d'abord parce que son intrigue est super bien ficelée. Je n'ai pas réussi à deviner qui était le ou la coupable (pour qui je vais prendre le parti par la suite d'adopter le masculin pour parler de l'auteur des meurtres) avant au moins les dernières cent pages, et seulement parce que l'autrice voulait qu'on découvre l'auteur des crimes à ce moment-là. On sent qu'elle maîtrise complètement son écriture, que rien n'est laissé au hasard, tout est pensé pour installer l'atmosphère qu'elle veut installer et nous mener vers les pistes qu'elle veut qu'on exploite.
   L'autrice adopte deux points de vue dans son récit : celui de Penelope, et celui du coupable. c'est assez intelligent comme procédé, car le meurtrier parle beaucoup, se vante beaucoup, et donc laisse échapper de menus indices, suffisamment pour qu'on redoute son prochain coup, mais pas assez pour qu'on puisse avoir une idée certaine de ses intentions, de son prochain coup, ou de son identité, il faut réussir à lire entre les lignes. D'un autre côté, le point de vue de Penelope, qui est interne et donc subjectif, ne nous permet pas d'avoir un temps d'avance sur l'intrigue, nous sommes au courant des choses au moment où elle les apprend, quand elle a peur pour sa vie, on a peur avec elle, sans possible échappatoire pour le lecteur. J'ai beaucoup aimé l'évolution de son personnage, qui, en quelques semaines, passe de la jeune fille hautaine et un chouïa orgueilleuse, qui se préoccupe essentiellement de son image et de son avenir, à une fille plus aventureuse, qui ose beaucoup plus de chose et se libère de l'image parfaite qu'elle cherche à adopter à cause de son entourage.

   Mon personnage préféré reste Cass. Ça faisait un moment que je n'avais pas découvert un personnage masculin qui me plaise et m'intrigue autant dans un roman jeunesse. Il me fait effectivement penser à Toby Cavanaugh dans Pretty Little Liars, pas physiquement, mais dans le traitement du personnage : un garçon mystérieux et taciturne qui a perdu sa famille dans une tragédie criminelle, et que tout le monde croit coupable à cause de son passé et de son lien avec les filles assassinées. C'est au contraire un garçon très doux, intelligent et attentionné, et qui donne beaucoup de relief et toute sa saveur au roman. Mes moments préférés de l'histoire sont d'ailleurs ceux qui impliquent ce personnage.

   Comme dans beaucoup de romans jeunesse, ce que je trouve dommage c'est la fin peut-être un poil précipitée, j'aurais peut-être voulu un climax un peu plus long, avec un peu plus de suspens, un peu plus de dégâts aussi, mais elle est aussi très convenable ainsi. Je recommande chaudement ce roman, et surtout à tous les fans de teen shows à la Pretty Little Liars, Riverdale, Vampire Diaries, etc, parce qu'il y a la même atmosphère un peu cocon et chaleureuse d'un côté, parce qu'on suit des adolescents couvés par leurs familles, insouciants et qui aiment profiter de leur jeunesse, et en même temps, ce frisson inquiétant du danger et des adolescents qui enquêtent, que j'ai aimé retrouver dans ce roman.

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mardi 31 mars 2020

Nos Vies en l'Air

Autrice : Manon Fargetton
Edition : Rageot
Collection : ///
Parution : 9 janvier 2019
Origine : France
Genre : Drame contemporain, jeunesse
Nombre de pages : 187
ISBN : 9782700259394
   Résumé : Mina et Océan.
Ces deux-là se rencontrent par hasard ce soir sur le toit-terrasse d’un immeuble.
Ils ont choisi le même spot pour en finir.
Ils décident de s’accorder la nuit pour faire, ensemble… tout ce qui leur passe par la tête, en se disant toujours la vérité.
Où cela va-t-il les entraîner ?

   Attention, ce roman parle de suicide. 

   C'est le premier lien que l'on peut faire entre Océan et Mina, deux adolescents qui ont décidé d'en finir en se jetant tous les deux depuis le même toit-terrasse d'un immeuble parisien, le même soir. Le mal-être que chacun ressent est palpable, et on apprend tout au long du court roman, grâce à des flashbacks qui alternent entre l'un et l'autre des personnages, les raisons de ce mal-être : que ce soit le harcèlement, l'isolement social, l'ennui, l'incapacité de rentrer dans le moule que la société voudrait les voir investir, ce sont autant de raisons qui les ont poussés à en finir ce soir-là. Alors face à cette coïncidence qu'est leur rencontre, Mina et Océan décident de s'accorder la nuit pour réfléchir. Pour donner une chance à la vie de les cueillir, de les recueillir.

   J'ai beaucoup aimé ce roman, et je pense que les conditions dans lesquelles je l'ai lu jouent dans cette appréciation. J'ai attendu une insomnie, afin de le découvrir quasiment d'une traite pendant cette nuit, pour accompagner les deux adolescents dans les rues sombres de Paris. J'ai aimé la plume laconique de Manon Fargetton, qui nous laisse dans le flou en ce qui concerne ses personnages. L'aternance des chapitres fait qu'on n'est jamais réellement dans la tête de Mina, et jamais réellement dans celle d'Océan, on est autant perdus que ses propres personnages. Je déplore cependant une fin qui ne me semble pas vraiment aboutie, je reste sur ma faim et j'ai envie d'en savoir plus. L'histoire ne me paraît pas résolue à son terme.

   Nos Vies en l'Air est un roman clairement destiné aux adolescents, Manon Fargetton semble s'introduire directement dans la psyché d'une jeune fille de 16 ans, se glisse facilement dans la peau d'un lycéen en proie à ses tourments de jeune homme, coincé entre des responsabilités d'adultes qui pointent le bout de leur nez, et ses insouciances d'enfant qui lui disent joyeusement adieu de la main. Il invite tout à fait les adolescents en mal dans leur peau à la réflexion, sans les épargner, en appuyant là où ça fait mal pour libérer le mal-être.

   Le récit que nous offre Manon Fargetton est puissant, aborde des thématiques intéressantes et nécessaires, et raconte une ballade exaltante à travers les rues de Paris en compagnie de deux personnages que tout opposent, et qui remettent leur vie entre les mains de cette nuit passée ensemble.

lundi 30 mars 2020

La Passe-Miroir, tome 4 : La Tempête des Echos

Autrice : Christelle Dabos
Edition : Gallimard
Collection : Jeunesse
Parution : 28 novembre 2019
Origine : France
Genre : Fantasy, Jeunesse
Nombre de pages : 565
ISBN : 9782075093865
Résumé : Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.
   J'ai attendu ce dernier tome avec tant d'impatience depuis que j'ai fini La Mémoire de Babel, et pourtant, une fois que je l'ai eu entre les mains, j'ai longtemps hésité avant de le commencer. J'avais peur de finir une saga que j'ai adoré de bout en bout, j'avais peut de ne pas aimer le fin mot de l'histoire. Finalement, la période de confinement m'a permise de le sortir de ma PAL. Et ce que je redoutais qui arrive arriva : mon avis pour ce dernier tome n'égale pas celui des trois premiers tomes pour lesquels j'ai eu un coup de cœur incommensurable. Ce n'est pas que je ne l'ai pas aimé, bien au contraire, toutefois, mon ressenti est en demi-teinte.

   Le point fort de ce dernier tome, c'est la relation d'Ophélie et de Thorn qui atteint son apogée, et ça me plaît. Quand on voit leur relation dans le premier tome et dans le dernier, on voit avec satisfaction l'évolution de leur couple. Ils sont chacun le point d'ancrage de l'autre dans un univers où ils perdent tous leurs repères, où rien de ce qu'ils perçoivent n'est vraiment ce qui paraît être. Ce sont deux personnages peu conventionnels, avec une vie de couple marié peu conventionnelle, mais qui essaient de trouver des ancrages "normaux" auxquels se raccrocher, et cela se traduit d'autant plus dans ce tome-ci où on sent qu'ils se projettent dans un avenir qui s'étend au-delà de la fin de la saga. Le contraste avec l'intrigue assez lourde et compliquée de ce dernier tome est rafraîchissant et marque quelques pauses bienvenues dans l'histoire.
   Vous savez ce que j'ai aimé dans cette saga toute entière à propos d'Ophélie ? Ce sont ses différentes transformations. Déguisements, modification de ses pouvoirs, perte de ses lunettes animées, perte de son écharpe animée, confrontations au courroux de ses lunettes et son écharpe, traversées de miroirs, j'avais l'impression de suivre une Alice perdue au Pays des Merveilles, et je suis persuadée qu'il s'agit de la principale inspiration de Christelle Dabos pour écrire Ophélie. Ça, ou Super Mario.

   Mon problème principal avec ce tome, c'est le cheminement de l'intrigue jusqu'à la révélation finale. Autant cette dernière est limpide et me convient parfaitement, autant la route pour y arriver m'a été très difficile à comprendre. Sans doute parce que j'ai lu le troisième tome il y a trois ans bientôt, et donc certains éléments de l'intrigue se sont perdus dans ma mémoire, mais même les nouveaux éléments introduits dans ce tome m'ont été difficiles à concevoir. Le concept des échos, par exemple, qui donnent leur titre au roman, et toute l'intrigue autour de ceux-ci, est encore un peu nébuleux dans ma tête, et je pense qu'une relecture complète de la saga est nécessaire pour que j'arrive à tout saisir.

   Mon autre souci est le côté assez inégal de l'intrigue. La première partie est assez lente et les révélations se font rares, tandis que la deuxième moitié nous noie sous les révélations et les informations, et je pense que c'est pour cette raison que j'ai du mal à tout saisir dans sa globalité. D'autant plus qu'il y a certaines questions qui, pour moi, exigeaient des réponses. Le cas de la petite Victoire par exemple. Quelle étrange petite fille ! Et elle est d'autant plus étrange quand on a lu ce quatrième tome, puisque les révélations faites redéfinissent totalement les enjeux autour de ce bébé, fruit de Farouk et de Berenilde. Mais rien n'est dit autour d'elle, et je trouve cela bien dommage.

   Malgré ces défauts majeurs, ce quatrième tome reste une bonne lecture, parce que vous savez quoi ? Ce que je préfère dans les romans, et dans toute œuvre de fiction, tous supports confondus, ce sont les personnages, leurs relations, et leur traitement. Et ce roman réussit ces trois aspects. J'aime les personnages de cette saga dans son intégralité, et c'est pour moi le point fort de Christelle Dabos, de réussir à créer des personnages intéressants, atypiques, et qu'on a envie de suivre dans n'importe quelle aventure. Alors qu'importe que je trouve de gros défauts à l'intrigue de ce dernier tome, MERCI CHRISTELLE DABOS, je garderai un souvenir impérissable de votre saga pour vos personnages que j'ai adoré suivre pendant quatre tomes.

dimanche 22 mars 2020

Five Feet Apart

Auteurs : Rachael Lippincott, Tobias Iaconis et Mikki Daughtry
Edition : Albin Michel
Collection : ///
Parution : 29 mai 2019
Origine : Etats-Unis
Genre : Contemporain, Jeunesse
Nombre de pages : 306
ISBN : 978-2226441387
Résumé : Stella et Will sont deux adolescents atteints de la mucoviscidose. Mais quand l'une attend avec impatience sa greffe de poumons, l'autre ne peut même pas espérer avoir droit à l'opération. Car Will a aussi la bactérie B-cepacia, qui l'affaiblit toujours un peu plus chaque jour. Cependant, Will et Stella vont pouvoir vivre leur maladie un peu mieux, ensemble. À trois pas d'écart.
    En lisant la quatrième de couverture de ce roman, on pourrait penser à un remake un peu remanier de Nos Étoiles Contraires : l'histoire de deux adolescents atteints de la même maladie qui se rencontrent, s'apprivoisent et tombent amoureux, alors que le drame est suspendu tel une épée de Damoclès au dessus de leurs têtes. Cependant, même si le résumé de Five Feet Apart est très similaire au best-seller de John Green, l'histoire n'est cependant pas si convenue qu'elle n'y paraît de prime abord, et elle est de plus très intéressante.

   Ce qui m'a plu le plus dans ce roman, c'est le fait qu'il soit très bien renseigné sur la mucoviscidose, la maladie dont il est question dans l'histoire. Je fais partie de la génération qui était enfant lorsqu'on a découvert Grégory Lemarchal à la télévision et que sa maladie était encore inconnue, même de nom. Aujourd'hui, je pense que beaucoup de monde, au moins en France, connaît au moins ce nom, mais je ne suis pas persuadée qu'on sache tous encore comment la maladie se manifeste, ni même vraiment en quoi elle consiste, sinon qu'elle atteint les poumons. Il me semble que ce roman apporte quelques réponses à ces questions, et même plus encore. Savez-vous, par exemple, que deux personnes atteintes de la mucoviscidose ne peuvent pas s'approcher à plus de trois pas ? C'est une règle dont vous apprendrez la raison dans Five Feet Apart.

   Et cette règle est aussi la raison pour laquelle, pour moi, la lecture du roman a été aussi passionnante que frustrante. Les auteurs ont réussi le pari d'écrire une histoire d'amour entre les deux personnages sans que ceux-ci ne puissent se toucher. Aucune manifestation d'amour ne peut alors passer dans les gestes des personnages, tout passe par les paroles et leurs actes l'un pour l'autre, leurs pensées à propos de l'autre, ce qui rend la lecture de cette histoire d'autant plus forte. Mais aussi frustrante. Leur envie palpable de ne serait-ce que toucher la douceur des cheveux de l'autre entre ses doigts, sentir son parfum sur sa peau, enlacer l'autre, se fait ressentir à la lecture, on a le cœur qui bat fort et d'une manière douloureuse pour eux, et on aimerait qu'ils puissent effacer ces trois pas entre eux.

   Stella et Will sont deux personnages très touchants, et la façon dont leur relation évolue est très belle. On ressent la douleur de Will et sa désillusion de plein fouet, tandis que la détermination et la joie de vivre de Stella qui vient se mêler en contraste est galvanisante. D'ailleurs, il est intéressant de voir que, si les deux personnages ne peuvent se toucher ni s'approcher, leurs états d'esprit respectifs évoluent tellement au fur et à mesure du roman qu'ils semblent s'entremêler et qu'à la fin, chacun est méconnaissable car ils se sont influencés mutuellement.

   Five Feet Apart est un roman que vous allez dévorer, parce que l'histoire et les personnages sont passionnants, que l'écriture est fluide, et que vous allez aimer suivre ces personnages dans leur combat contre la maladie.

mercredi 18 mars 2020

En plein vol

Auteurs : Manon Fargetton - Jean-Christophe Tixier
Edition : Rageot
Collection : ///
Parution : 8 janvier 2020
Origine : France
Genre : Contemporain, Jeunesse
Nombre de pages : 283
ISBN : 978-2700263640
   Résumé : Après les évènements de Quand vient la vague, Jules et Romane se rencontrent enfin en licence de psychologie à la Sorbonne. Et là, c'est le coup de foudre amical. Un coup de foudre violent, sans demi-mesure, à l'image de Jules, jeune homme idéaliste qui se donnerait corps et âme pour les plus nécessiteux. Romane, quant à elle, doit apprendre à trouver son essence, à apprivoiser son corps de femme qu'elle sent lui échapper de plus en plus. Les deux amis doivent faire face à leur avenir, déchu. Abattu en plein vol.

   Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier signent avec En Plein Vol le roman compagnon de Quand Vient La Vague, publié chez les éditions Rageot il y a maintenant deux ans. Nous suivons l'histoire de Romane et Jules, personnages secondaires qui deviennent principaux, fraîchement inscrits dans la même licence à l'Université de la Sorbonne à Paris. Les deux adolescents sont reliés par une amie commune, et qui a fait l'objet de toutes les péripéties du premier tome : Nina. En effet, c'est avec Jules que Nina a fuit de squats en squats, de Bordeaux à Paris, et la jeune fille est également la meilleure amie de Romane.
   Même si ce roman reprend les mêmes personnages que Quand Vient La Vague, Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier l'ont écrit de façon à ce que les deux tomes puissent se lire indépendamment l'un de l'autre. La première raison est que l'on suit une toute nouvelle histoire qui n'a pas grand-chose à voir avec les évènements du tome précédent ici, mais en plus, les deux auteurs rappellent régulièrement la situation initiale du premier volume tout au long du roman, ce qui fait que le lecteur qui commence sa lecture du diptyque par En Plein Vol ne sera perturbé que pendant quelques pages de sa lecture. Je conseille cependant de lire ce diptyque dans l'ordre adéquat.

   Ce roman donne la part belle aux invisibles de notre société : les SDF, les sans-papiers, les drogués, les prostitués... toutes ces personnes devant lesquelles la plupart d'entre nous, moi incluse, passons devant en tournant la tête, gênés, en tentant d'oublier leur présence, comme si le fait de les ignorer pouvait faire disparaître leur misère.
   Toutes ces personnes dont l'avenir a été abattu en plein vol.
   Les deux auteurs évitent de tomber dans l'écueil qui est de romantiser cette partie invisible de la société : ils la montrent telle quelle, sans en cacher les aspects hideux, mais sans pour autant faire de leurs personnages des martyrs. Ils sont très bien renseignés sur le sujet, donnent des noms d'associations, telle que Le Refuge ou Le Planning Familial, et n'hésitent pas à en donner quelques astuces (il est possible de recourir à un examen gynécologique via le Planning Familial par exemple), des missions de certains bénévoles, semant ainsi la graine dans l'esprit de leurs lecteurs afin de construire quelque chose de meilleur, de donner envie de s'investir, peut-être, ou de tout simplement mieux comprendre comment notre société fonctionne. J'ai beaucoup aimé ce côté engagé du roman, que ce soit dans cette cause, mais aussi dans la cause féministe, notamment à travers les personnages de Romane et Lila.

   Romane et Jules sont des personnages en or, on ne peut pas s'empêcher de s'attacher à eux et de vouloir leur réussite dans tous les domaines. J'ai versé une petite larme pour Romane, dont la sensibilité et les émotions transpirent à chaque page pour m'atteindre en plein cœur ; j'ai eu envie de secouer Jules et de lui dire de tout stopper, qu'il n'était pas invincible et qu'à vouloir vaincre tout seul, à refuser l'aide de quiconque, on ne peut que sombrer. Fanch est un soleil, et Lila une petite merveille.

   J'ai vraiment aimé tous ces personnages à leur niveau, je remercie Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier pour cette magnifique collaboration à deux plumes, et je suis vraiment heureuse de me dire que j'ai partagé un petit bout de l'histoire de Jules, Romane, Nina et Clément, sur les plages de Lacanau.

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