mercredi 13 mars 2019

Parce que je déteste la Corée

Auteur : Chang Kangmyoung
Edition : Picquier
Collection : Littérature
Parution originale : 7 septembre 2017
Genre : Contemporain
Origine : Corée du Sud
Nombre de pages : 164

Résumé : "Pourquoi j’ai décidé de partir?? En deux mots, c’est parce que je déteste la Corée." Kyena, vingt-sept ans, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi décide-t-elle de tout quitter?? Son pays, sa famille, son boulot, tout ça pour émigrer en Australie alors qu’elle ne parle même pas l’anglais?! Mais Kyena a tout prévu, enfin presque?: elle quitte son petit ami à l’aéroport, laisse derrière elle la compétition, la hiérarchie et le moule trop étroit de la société coréenne?; pour elle, c’est maintenant que tout commence?! La coloc, les rencontres, les petits boulots ou encore les puces de lit, tout ne se passera pas exactement comme elle l’avait prévu. Et pas facile d’échapper au racisme, aux préjugés et à l’esprit de classe. Mais quel bonheur de se réinventer loin des siens?! Kyena nous ressemble, avec sa bonne humeur, sa jeunesse et son désir de vivre. Dans cette comédie enlevée, elle est aussi la voix d’une nouvelle génération de femmes pour qui le monde est à conquérir !
   Une des fonctions que j'attribue à la littérature, est le fait que celle-ci permet de découvrir et de tenter de comprendre une culture et l'histoire d'un pays à moindre effort, d'aiguiser son sens critique et son ouverture d'esprit en se confrontant à l'écriture d'un auteur qui partage une vision différente de chaque chose. C'est pour cela que je suis attirée par la littérature étrangère plus que par la littérature française, et en ce moment, le pays que je veux absolument découvrir en profondeur, c'est la Corée du Sud, et par extension, les Corées. C'est pourquoi vous allez découvrir de nombreux titres coréens ces prochains temps, ici, sur le blog.
   J'ai été attirée par Parce que je déteste la Corée d'abord par son titre intrigant. Le soft power coréen étant en train de s'étendre vers l'Occident depuis quelques années, notamment à travers la kpop et les dramas, celui-ci nous sert une vision un peu trop parfaite et idéalisée du pays, alors que nous savons en surface que ce n'est pas le cas. En lisant la quatrième de couverture, on s'attend à une critique du système politique, social, financier, de la Corée du Sud par le personnage principal, Kyena, qui choisit de quitter la Corée du Sud, son pays, pour l'Australie, car elle se sent étrangère dans son propre pays. Quitte à se sentir étrangère, autant le devenir jusqu'au bout.

   Le roman va bien au-delà de cette critique. En moins de 200 pages, celui-ci aborde les problématiques auxquelles sont confrontés la grande majorité des Coréens, notamment au niveau financier, mais aussi social, et qui poussent Kyena à quitter son pays pour l'Australie. Arrivée là-bas, elle va se retrouver confrontée à la méfiance et la discrimination, voire le racisme ambiant, la quasi-impossibilité de s'intégrer car étrangère, la pauvreté et la misère des étudiants mal pris en charge par le pays et les structures qui les encadrent, ainsi que d'autres sujets importants et d'actualité. Mais Parce que je déteste la Corée est également une véritable ode à la liberté et à l'émancipation, et surtout, l'émancipation des femmes. Kyena est un personnage qui a ses faiblesses et ses travers, mais elle a eu la force et le courage nécessaires de partir d'un pays où la société est particulièrement dure, exigeante et misogyne envers les femmes, on le ressent pendant les rares passages où Kyena, forte de ses nouvelles expériences en Australie, revient rendre visite à sa famille, son ex-petit ami et ses amies en Corée du Sud, qui, eux, ne semble pas avoir avancé. C'est un roman assez rafraîchissant de ce point de vue. Kyena est un personnage agréable à suivre dans ses aventures, elle nous est sympathique car on s'identifie beaucoup à elle, Le choix de la narration à la première personne est une bonne idée car on se sent d'autant plus proche d'elle et on est plus à même de compatir avec elle.

   Au-delà de cela, on apprend beaucoup de choses aussi bien sur la culture coréenne, mais aussi par extension de l'Asie du Sud-Est. Kyena rencontre beaucoup d'étudiants aussi bien coréens qu'australiens, mais aussi philippins, indonésiens, etc. Ce mélange des cultures est puissant, et leur confrontation est d'autant plus forte. On rencontre les nuances des cultures asiatiques que l'on a tendance à considérer comme étant faites d'un seul bloc, alors que ce n'est pas le cas.

   Parce que je déteste la Corée est au final un roman très agréable à lire, très intéressant également. L'écriture de l'auteur est sobre, dénuée de fioritures, elle va droit au but, et c'est ce que j'aime dans la plupart des romans asiatiques que j'ai pu lire jusqu'à présent. Elle invite à la réflexion, à l'immersion dans une culture et une façon de penser si différente de la mienne. Je vous invite à vous y intéresser si vous avez envie d'en savoir plus sur la Corée et l'Asie du Sud-Est, et notamment la face cachée de ce que l'on veut bien vous montrer habituellement.

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