jeudi 13 décembre 2018

Nox

Autrice : Eloïse Tanghe
Edition : Le Chat Noir
Collection : Cheschire
Parution originale : 14 février 2018
Genre : Fantastique
Origine : France
Nombre de pages : 325

Résumé : Dans les couloirs glacés d’un asile, des voix chuchotent à votre esprit. Elles vous murmurent une destination, un village. Vous soufflent des images. Un lac cerné de neige. Une église souillée. Un brasier et les cris qu’il renferme. Elles vous content une histoire de sorcières. Vous narrent ses chapitres maudits. Sous un linceul de cendres, git une vérité que nul habitant ne pourra plus ignorer. Leurs secrets. Leurs peurs. La vôtre. Il est déjà trop tard. Bienvenue à Clairemont.

   Salut ! Comment ça, vous ne vous souvenez pas de moi ? C'est pas comme si la dernière fois que j'avais posté sur ce blog était il y a deux mois... ah, oups, on me fait signe dans l'oreillette que c'est le cas. Bon. En même temps, entre ma recherche d'emploi, le concert MERVEILLEUX de BTS (un de mes groupes favoris) auquel j'ai assisté fin octobre à Paris, mon nouvel emploi en tant que libraire, ma recherche d'un nouvel appart et mon installation, il s'en est passé des choses dans ma vie dernièrement, je n'ai donc pas eu l'occasion de beaucoup écrire pour le blog. Cependant, ne vous inquiétez pas, j'ai lu aussi plein de livres pendant ce temps, et Nox d'Eloïse Tangue n'est que le premier de la liste, ce qui signifie que je vais de nouveau être active par ici.

    Nox est à la base un roman dont j'aurais aimé vous parler le 31 octobre dernier, car son sujet principal est la sorcellerie, enfin, plus précisément, la persécution des sorcières. Nous rencontrons au début Théa, une jeune fille qui a une particularité : celle d'entendre des voix dans sa tête. Elle a été placée en asile psychiatrique jusqu'à ses 18 ans par son père, qui a vu la mère de Théa se suicider à cause du même pouvoir (ou la même malédiction, appelez cela comme vous le voulez) que Théa. Elle va croiser la route d'Elias et Cléa, deux habitants de Clairemont qui, pour le cours d'histoire de leur lycée, doivent mener à bien un exposé au sujet de leur ville. Et bingo, leur sujet d'exposé ? La persécution et l'immolation par le feu d'une jeune femme, Eléonore, des siècles auparavant, pour la même différence que Théa. Ensemble, Théa, Elias et Cléa vont tenter de découvrir le fin mot de cette histoire, et les dangers qui peuvent attendre Théa dans une ville comme Clairemont.

   J'ai un avis assez mitigé sur ce roman. D'un côté, je suis très impressionnée, car c'est la première fois de ma vie que je lis le livre d'une autrice plus jeune que moi. Pourtant, Eloïse a la même maturité d'écriture que l'on peut retrouver chez un.e auteur.ice plus expérimenté.e. Elle écrit son récit d'une manière poétique, presque lyrique dans le style épistolaire, a une belle maîtrise du dialogue, ce qui, personnellement, a toujours été un exercice particulièrement difficile lorsque moi-même j'écris.
   Le contraste entre les différents points de vue est également bien maîtrisé. L'atmosphère glaciale et oppressante du point de vue de Théa est d'autant plus nette, tranchée sur le fil du point de vue chaleureux et rassurant d'Elias. Pourtant, malgré cette différence marquée entre les deux personnages, on sent que leurs destins sont liés, enchaînés à jamais l'un à l'autre, comme le furent ceux d'Eléonore, Henri et Elisabeth il y a des centaines d'années.
   On sent que l'intrigue a une histoire de fond très solide, et que l'autrice a fait beaucoup de recherche au niveau de son style d'écriture ainsi que dans l'élaboration de son roman. Je n'aurais jamais pensé découvrir une histoire aussi passionnante, provenant à la base de Wattpad, et pour le coup, Eloïse a réussi à briser ce préjugé envers la plateforme d'écriture en ligne pour moi.

   Cependant, on décèle quelques fragilités au niveau de l'intrigue vers la fin de l'histoire. En effet, le début est extrêmement bien construit, entre ce narrateur omniscient dont on ne connaît pas l'identité, qui sert à nous emmener à des points clés de l'histoire, le mélange des intrigues de Théa et Elias, tout ceci est hyper solide. Mais lorsque nous rentrons dans les cinquante dernières pages, on a le sentiment que l'autrice ne maîtrise plus du tout son intrigue, qu'elle ne sait comment conclure. Vers la fin du roman, je ne comprends plus les motivations et les comportements des personnages, car il n'y a pas d'explications à ce propos. On reste dans le flou, et c'est voulu, puisque c'est un roman fantastique, il doit rester du flou pour que le lecteur ait une libre interprétation du fin mot de l'histoire. Mais à mon sens, il ne devrait pas y en rester sur les motivations des personnages à faire les choses, et c'est ce qui m'a dérangée à propos de l'histoire, je trouve cela dommage de terminer sur une note de totale incompréhension de l'histoire. 
   Il est néanmoins agréable de lire un roman qui se dit fantastique, et qui respecte les codes du roman fantastique : jusqu'à la toute fin, on ne saurait pas dire si la cause des tourments de Théa, de sa mère, d'Eléonore, est naturelle, ou surnaturelle. Beaucoup de romans que l'on dit "fantastiques" d'aujourd'hui ne sont en réalité que des romans du genre merveilleux, puisqu'ils ne jouent pas sur l'ambivalence entre cause naturelle et surnaturelle du problème exposé, et le définissent clairement comme étant de cause surnaturelle. Ces jeunes femmes sont-elles victimes de traumatisme psychologique, d'une forme de schizophrénie particulièrement violente, ou possèdent-elles réellement des pouvoirs de sorcières ? L'histoire ne vous le dira jamais, c'est à vous que revient la lourde tâche de l'interprétation.

En définitive, Nox est un roman que je recommanderais chaudement à quiconque aurait envie de lire une histoire originale à propos de sorcières, qui joue sur le caractère historique de la "sorcière de Salem", dont on ne sait si elles possédaient de vrais pouvoirs ou de vraies connaissances mystiques ou du monde de l'occulte. On sent également dans l'écriture et l'esprit d'Eloïse une patte profondément féministe, et elle nous le fait savoir sous la forme d'un récit qui dénonce la persécution des femmes, sous toutes les formes que ce soit. Malgré la fin de ce roman qui me laisse sur ma faim, Nox est un très bon premier roman.

samedi 6 octobre 2018

10 oeuvres d'anticipation/science-fiction pour le Mois de l'Imaginaire

Salut toi !

   Je ne sais pas pour toi, mais par chez moi, la dystopie est un genre littéraire qui commence à s'essouffler un peu. A mon sens, les nouveaux romans d'anticipation qui sortent depuis quelques années se ressemblent tous pour surfer sur le succès de ce genre revenu à la mode. C'est pourtant un type de lectures et d'univers que j'affectionne tout particulièrement, surtout lorsqu'ils surfent entre la dystopie et la science-fiction d'ailleurs. Alors, pour retrouver le goût de ce genre littéraire plus qu'intéressant, et comme en plus, le mois d'octobre est le Mois de l'Imaginaire à Fictionland, je t'ai sélectionné dix œuvres d'anticipation de mon crû, classiques ou qui sortent des sentiers battus. Alors, tu viens ?

Running Man, Stephen King

 


   Par bien des aspects, ce roman de Stephen King, écrit sous le pseudonyme Richard Bachman, s'inspire énormément du classique de la littérature d'anticipation 1984 de George Orwell, et pourrait très bien plaire aux fans de Hunger Games
   Dans ce roman où l'économie des États-Unis est ruinée et où le gouvernement contrôle le peuple grâce aux jeux télévisés, une émission fait fureur : La Grande Traque. Le but de l'émission est de traquer les candidats qui s'y présentent à travers le pays, et ce, pendant un mois entier. Chaque heure supplémentaire où le candidat reste en vie rapporte de l'argent à sa famille. Ben Richards, désespéré à l'idée qu'il ne puisse pas sauver sa fille de dix-huit mois, malade, car il ne peut pas lui offrir son traitement, décide de participer au jeu. 
   Running Man est un roman haletant qui nous entraîne partout aux États-Unis, dans lequel nous mesurons tout ce que serait l'horreur d'un pays aussi puissant jadis, totalement ruiné du jour au lendemain. Il présente une intertextualité avec les classiques du genre, et a sans doute inspiré les œuvres qui lui on fait suite.

Le Talon de Fer, Jack London



   Quand on vous dit "Jack London", si vous vous dites "Ah oui, c'est l'auteur qui raconte des histoires de loups pour les enfants là", détrompez-vous tout de suite. Oui, en effet, il a écrit les célèbres romans L'Appel de la Forêt et Croc-Blanc, mais pas seulement. Il est aussi l'auteur d'un fameux roman d'anticipation qui décrit le développement de la classe ouvrière nord-américaine et son combat contre l'oligarchie capitaliste. 
   Le Talon de Fer a pour intrigue le récit d'Avis à l'aube du XXè siècle, aux États-Unis, annoté par un observateur du XXIVè siècle qui contextualise ainsi le récit d'Avis. A une soirée qu'organise le père d'Avis, celle-ci rencontre Ernest Everhard, l'un des chefs du parti communiste. La soirée rassemble des ministres du culte, et Ernest essaie alors de leur faire ouvrir les yeux sur la situation et le danger du capitalisme aux États-Unis, qui les fera courir à leur perte, surtout en ce qui concerne la classe ouvrière.
   Ce roman reflète les idéaux politiques communistes de Jack London, qui ne s'en cache pas. C'est une anticipation politique qui a pour thème les tensions entre les partisans du communisme et ceux du capitalisme qui traverseront tout le XXè siècle. Un roman passionnant et engagé.

Ubik, Philip K. Dick

 


   On ne peut pas parler de littérature d'anticipation sans mentionner une seule fois Philip K. Dick, qui est une des références les plus inspirantes de ce genre de littérature. 
   Ubik prend place pendant les années 90, imaginées par Philip K; Dick avec une vision un poil futuriste... Puisque la technologie y est capable de repousser les limites de la mort en permettant aux humains d'être cryogénisés, tout en conservant suffisamment de conscience pour continuer à dialoguer avec les autres humains. Dans ce monde, certains humains ont également développé des dons de télépathie, précognition, etc, que l'on appelle des pouvoirs psioniques. Cependant, une autre catégorie d'être humains, les anti-psis, sont capables d'abolir ces pouvoirs psis. Joe Chip est employé comme technicien dans une agence de protection anti-psis, alors qu'un évènement catastrophique a lieu, bouleversant totalement l'univers.
   On retrouve dans ce roman la plupart des thèmes propres à l'univers dickien : les phénomènes d'entropie, un héros en inadéquation avec son environnement, les réalités superposées, la lutte entre le bien et le mal... Ubik est un véritable classique méconnu de la littérature d'anticipation.

Les Eaux de Mortelune, Philippe Adamov et Patrick Cothias

 

   Une fois n'est pas coutume, je vous présente une série BD d'anticipation. Les Eaux de Mortelune. Je lis très peu de BD, donc c'est toujours difficile pour moi d'en parler. 
   On se retrouve avec celle-ci dans un Paris dévasté dans laquelle le peuple avide gravite autour du prince de Mortelune. Dans cet univers où l'eau devient un sujet de convoitise ardent et d'affrontements car devenu rare sur la surface de la Terre, les personnages errent à la recherche désespérée de leur salut. Le trait d'Adamov est absolument génial, et on sent à travers son art grâce à des couleurs toujours très brunes et froides à quel point l'univers qu'il dépeint est empoisonné. L'imagination débordante de Clothias vient enrichir cette œuvre absolument superbe.

Qui a peur de la Mort ?, Nnedi Okorafor



   Je n'ai toujours pas réussi à déterminer si Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor est un coup de cœur pour moi, toujours est-il qu'il reste un souvenir de lecture lancinant. Il s'agit d'un roman d'anticipation qui place son intrigue, une fois n'est pas coutume, quelque part en Afrique (oui, je sais, c'est très vague et l'Afrique est vaste, mais l'autrice ne précise absolument pas sur les terres de quel pays exactement se passe son histoire.)
   L'histoire raconte la vie d'Onyesonwu, une jeune fille née d'un viol. Selon les superstitions de son village, c'est cette tragédie qui permet aux enfants issus de cette ignominie de développer des pouvoirs magiques. Au fur et à mesure qu'Onye grandit, qu'elle développe ses pouvoirs et apprend son histoire, sa soif de vengeance s'accroît, et elle décide de partir sur les traces de son père afin de lui faire payer le prix fort de son acte abominable. 
   Le roman est à la croisée des chemins entre le roman de science-fiction et d'anticipation, traitant de sujets très peu abordés dans la littérature de l'imaginaire tels le féminisme, et notamment l'afroféminisme, le sexisme et les violences faites aux femmes dans les cultures africaines, mais également le racisme en toile de fond. Un excellent roman, qui présente cependant des longueurs finalement surmontables.

L'Orange Mécanique, Anthony Burgess

 


    Vous connaissez sans doute tous le célèbre film Orange Mécanique de Stanley Kubrick, mais saviez vous qu'il s'agissait de l'adaptation d'un roman de science-fiction et anticipation ? Pour ceux qui vivent dans une grotte, l'histoire décrit les actes de violence et de violation de Alex Delarge, un jeune homme qui vit à Londres dans un futur proche avec sa bande de droogies. Un jour, Alex se fait dénoncer par sa bande, et est arrêté et envoyé en prison. Il va y subir le traitement Ludovico, à la suite duquel la violence et le sexe le rendent malade. Mais alors qu'il est relâché, Alex doit faire face à ses victimes.
   Je dois dire que ce roman est assez indescriptible. Âmes sensibles, abstenez-vous de le lire, car il est d'une violence extrême, mais c'est indéniablement un des meilleurs romans de science-fiction que j'ai pu lire jusqu'alors.

Ravage, René Barjavel

 

 
   Ravage est un roman d'anticipation et dystopique de René Barjavel qui révèle tout le pessimisme de l'auteur fasse aux nouvelles technologies et leur utilisation par les hommes. C'est un genre de Black Mirror dans le contexte, mais inversé, en livre, et écrit il y a 75 ans (donc, pas du tout comme Black Mirror, mais j'avais besoin d'un truc bien connu pour te mettre sur la piste...)
   L'histoire de ce roman montre comment, alors que le monde plonge dans un blackout complet (plus d'électricité, d'eau courante, de moyen de transport...), les humains plongent dans le chaos le plus total, provoquant ainsi le naufrage total de la société. C'est un roman important dans le contexte de son époque, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui en a horrifié plus d'un en voyant l'inventivité technologique des hommes pour se détruire mutuellement, et de nombreuses références sont faite notamment au régime de Vichy et à la France sous l'Occupation.

Le Transperceneige, Jacques Lob et Benjamin Legrand

 


    Décidémment, je n'aurais jamais autant parlé de BD sur ce blog que dans cet article ! 
   Le Transperceneige est une assez vieille série de BD, puiqu'elle a été créée dans les années 80. L'histoire prend place dans un monde post-apocalyptique dans lequel le reste du monde qui a survécu est entassé dans un train énorme qui roule éternellement. Il existe une hiérarchisation dans ce train : les riches vivent dans les wagons dorés du devant, et les pauvres, dans les wagons de fin de convoi. L'alimentation est gérée par les wagons potager, et des wagons militaires assurent la sécurité. Après un évènement effroyable dont le héros, Proloff, qui vit dans les wagons des pauvres, refuse de parler à ses interlocuteurs, celui-ci va décider de remonter les wagons un à un afin de découvrir ce qu'il se passe.
    La BD présente une atmosphère très étrange, elle est dessinée en noir et blanc, et elle présente les codes principaux des œuvres du post-apo, tout en axant sa philosophie sur la lutte des classes plutôt que sur un eugénisme dictatorial.

La Zone du Dehors, Alain Damasio





   Avant d'être l'un des meilleurs café-librairie de tout Bordeaux (comment ça, je fais de la pub ?), La Zone du Dehors est un roman d'anticipation écrit par l'auteur français Alain Damasio.
   On y suit la vie des habitants de Cerclon, une société pseudo-démocratique basée sur un satellite imaginaire de Saturne. Cette société est caractérisée parce qu'on appelle le "clastre" : tous les deux ans, les citoyens se réunissent donc pour classer leurs compatriotes selon leur comportement, l'efficacité au travail, bref, selon ce qui ferait d'eux de bonnes personnes. Les citoyens de Cerclon se surveillent donc mutuellement, car de leur classement dépend leur place dans la société. Cependant, le quotidien de cette société se voit bouleversée par les actions subversives de La Volte, un groupuscule contestataire qui va faire la révolution.
   Les références à 1984 sont nombreuses dans ce roman, allant de la date à laquelle se passe l'histoire, 2084, jusqu'au sujet du glissement d'une démocratie vers le totalitarisme, en passant par le système de surveillance généralisé de toute une société.


Globalia, Jean-Christophe Rufin

 



   Pour la fin de cette séléction, j'ai eu envie de privilégier des auteurs et artistes français, et surtout, pour ce dernier roman, je souhaite vous présenter un livre que j'ai découvert récemment, d'un auteur français dont je ne savais pas jusqu'alors qu'il écrivait aussi de la science-fiction : Jean-Christophe Rufin. 
   Globalia est un roman d'anticipation qui présente une dystopie. L'action se déroule dans un futur indéterminé, dans une période dont on sait seulement qu'elle est ultérieure à la nôtre. L'histoire est celle de Globalia, une sorte d'Etat mondial, qui assure la prospérité et la sécurité de tout le monde, tant que le système n'est pas remis en cause (une sorte de totalitarisme déguisé, en sorte). Les zones sécurisées sont principalement situées dans l'hémisphère nord, tandis que ce que l'on appelle les "non-zones" sont situées dans l'hémisphère sud. Ces "non-zones" sont réputées pour être inhabitées, mais elles abritent en réalité les personnes que Globalia considère comme étant des terroristes. On suit alors Baïkal Smith, un jeune Globalien qui cherche à fuir la société de Globalia qui lui pèse. Il se fait enrôler dans une machination afin de fédérer la population de cet Etat Mondial contre ces populations des "non-zones" en créant un ennemi public n°1.
   Le roman aborde quelques pistes de réflexion intéressantes : la difficulté de concilier liberté et sécurité, les droits de la société à exclure des individus pour son bien-être, le rôle qu'on les médias pour instaurer une cohésion dans la société, et leur influence dans la perception que l'on a de la société, entre autres. Des pistes de réflexion sur un sujet vieux comme le monde : la vie en société.

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   Et voilà pour cette première sélection de romans pour le Mois de l'Imaginaire ! J'espère qu'elle vous aura plu, et que je vous aurais fait découvrir de nouveaux livres, et surtout, donné envie de les lire. Certains d'entre eux pourraient parfaitement entrer dans le cadre d'un Winter Classic Novels Challenge, je dis ça, je dis rien. La prochaine sélection de ce mois de l'imaginaire, qui arrivera sans doute la semaine prochaine, portera sur les romans fantastiques/de fantasy de je conseille absolument ! Je vous souhaite pour le moment de belles lectures, et à une prochaine fois !


vendredi 5 octobre 2018

Winter Classic Novels : le challenge ! #1

Salut toi !

   Pendant les saisons de l'automne et l'hiver, j'aime beaucoup me soumettre à des petits challenges littéraires pour pimenter un peu mon expérience de lecture, et faire baisser un maximum ma PAL puisque cela me motive à lire plus souvent. Cette année, j'avais une envie particulièrement lancinante de me remettre à lire des classiques. Comme je trouve que les mois de froid sont une période absolument idéale pour lire de bons gros classiques, et que vous êtes pas mal notamment sur Twitter à être prêts me suivre dans mon délire, j'ai décidé, après m'être assurée que rien de similaire n'existait encore, de créer un challenge littéraire centré sur les classiques pour cet hiver ! 



   J'avais envie de mettre en avant plusieurs prérogatives avec ce challenge : d'abord, permettre au plus grand nombre possible de participer. Que vous soyez un lecteur convaincu de classiques, ou un grand timide qui n'ose pas se lancer, ce challenge est fait pour vous ! 
   Ensuite, je voulais mettre en avant l'aspect communautaire : cette année, celui-ci se déroulera essentiellement sur Twitter, grâce au #WCNChallenge sur lequel vous pourrez partager vos lectures, vos impressions, ainsi que discuter entre vous, pendant toute la durée du challenge.
  Enfin, le dernier point qui me tient à cœur, c'est le fait de ne pas se prendre la tête ! Oui, c'est un challenge, oui il y a des défis à surmonter, mais cela doit surtout rester du plaisir et de l'amusement !


Comment ce challenge va-t-il se dérouler ?

   Le challenge débutera officiellement le 1er décembre 2018, et s'étendra jusqu'à la fin de l'hiver, le 21 mars 2019.

   J'ai créé deux sortes de "menus" dans lesquels vous trouverez une dizaine de mini-défis. Afin de constituer vos PAL de challenge, il vous faut absolument choisir au minimum un mini-défi par menu.. Mais vous pouvez tout aussi bien choisir de compléter chaque mini-défi de chaque menu. C'est vous qui voyez. La seule condition pour considérer que vous avez réussi le challenge est d'avoir complété un mini-défi par menu. 

   Il y a donc deux menus, un menu "le défi personnel", qui consiste en une suite de mini-défis qui représentent des obstacles auxquels vous a sans doute confronté la lecture de classiques au cours de votre vie : pavés de mille pages, trop large choix, livre en langue étrangère VOIRE ancien langage, livre abandonné en cours de lecture, etc. Le but de ce menu est de se confronter à ces obstacles sur votre chemin de lecteur afin de vous en libérer.
   Le deuxième menu est un menu "défi par thème" : celui-ci contient une série de mini-défis qui va vous demander de choisir un classique qui contient une des caractéristiques énoncée dans le défi : écrit par un auteur d'une nationalité précise, partisan d'un mouvement précis, d'un genre ou d'un registre précis, etc.
   Chaque mini-défi est cumulable avec un autre pour un même roman, peu importe le menu auquel il appartient, à condition de cumuler seulement 2 défis par roman.

   Pour les plus téméraires qui trouvent ce challenge bien trop facile, je vous propose un défi "hardcore" : celui-ci consiste en un choix : soit vous décidez de lire les 20 romans de la série Les Rougon-Macquart de Zola, soit vous décidez de lire 20 des œuvres de la série La Comédie Humaine de Balzac (qui est composée de la bagatelle d'une petite centaine d’œuvres en tout quand même) . Si vous choisissez de vous confronter à ce menu, vous serez dispensés de la règle qui concerne les deux premiers menus. 


   Je n'impose pas de limites à vos PAL. Celle-ci peut être constituée d'un seul livre, comme de toute une pile, de livres très fins, comme d'énormes pavés. C'est vous qui choisissez en fonction des règles que j'ai imposé plus tôt.

Bon, voilà, maintenant, j'arrête de blablater, et je vous présente le contenu des deux menus que je vous présente, ainsi que ma propre PAL de challenge :

MENU 1 : Le défi personnel :

En choisissant un défi parmi ceux de ce menu, vous devrez lire :

- Un classique que vous n'avez pas réussi à lire à l'école
- Un classique que vous n'avez jamais fini
- Le plus gros classique de votre bibliothèque
- Un classique lu dans une langue étrangère
- Un classique méconnu d'un auteur très connu
- Le classique dont vous repoussez la lecture depuis des années
- Le premier classique sur lequel vos yeux tombent en regardant votre bibliothèque
- Un classique choisi dans votre bibliothèque par quelqu'un d'autre
- Une relecture de classique
- Un classique que vous n'aviez pas aimé à l'époque, mais que vous seriez susceptible d'apprécier aujourd'hui
- Un classique qui vous fait peur
- Un classique dont la nationalité sera votre prochaine destination de voyage

MENU 2 : Le défi par thème :

Avec les défis que propose ce menu, vous devrez lire :

- Un classique fantastique ou de la science-fiction
- Un classique dont le personnage principal est une femme
- Un classique dont le personnage principal est un anti-héros (= un héros qui présente les caractéristiques inverses de celles dont on attend d'un héros, qui est censé être fort, courageux, faire preuve d'abnégation, être extraordinaire...)
- Un classique écrit par un auteur russe et/ou dont l'intrigue a pour décor de fond la Russie
- Un classique dont l'intrigue prend place pendant les périodes de Noël
- Un classique de la littérature enfantine
- Un classique racontant un voyage en mer
- Un classique ayant pour thème les légendes arthuriennes
- Un classique gothique
- Une pièce de théâtre classique
- Un classique du XXè siècle
- Un classique du Moyen-Âge (donc publié entre le Vè siècle et le XVè siècle après J.C.)

MENU HARD : Le défi hardcore :

Les plus téméraires d'entre vous pourront se mesurer à ce challenge en lisant :

- La totalité de la série Les Rougon-Macquart de Emile Zola, qui comporte 20 romans ;
- 20 œuvres de la série La Comédie Humaine de Honoré de Balzac

   Et voilà ! J'espère que vous êtes encore là, c'est bientôt la fin de l'article, je voudrais juste vous présenter les livres que je souhaite lire moi-même durant ce challenge. Restez avec moi encore un peu, courage, c'est bientôt fini !


- Anna Karénine, Léon Tolstoï, pour le défi "un classique écrit par un auteur russe"
- Cœur de chien, Mikhaïl Boulgakov, pour "un classique dont la lecture fut longtemps repoussée"
- Adrienne Mesurat, Julien Green, pour "un classique dont le personnage principal est une femme"
- Madame Bovary, Gustave Flaubert pour "un classique dont on a abandonné la lecture"
- Frankenstein, Mary Shelley pour "un classique qui vous fait peur" et "un classique de la SF"
- Le Maître de Ballantrae, Robert Louis Stevenson pour "un classique qui raconte un voyage en mer"
- Yvain ou le Chevalier au Lion, Chrétien de Troyes, pour "un classique du Moyen-Âge" et "Un classique des légendes arthuriennes"
- A Christmas Caroll, Charles Dickens, pour "une relecture de classique" et "un classique de Noël".
- Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, pour "Un classique avec un anti-héros" et "le plus gros classique de votre bibliothèque". 
- La Peste, Albert Camus, pour "Un classique du XXè siècle". 

   Voilà, là c'est vraiment fini. Il me semble utile de préciser que vous n'êtes pas obligés de lire tous les livres que vous avez mis dans vos PAL de challenge, celles-ci sont en effet évolutives. Si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, ce n'est pas grave, et si vous avez mis trop peu de livres dans votre PAL et que vous désirez continuer, vous pouvez en rajouter. Le maître-mot de ce challenge est le PLAISIR de lire. Pour réussir le challenge, je rappelle qu'il vous suffit de lire un livre qui cumule deux défis des deux menus différents ou deux livres présentant un défi chacun venant des deux menus, le reste, c'est du bonus. Pour ce qui est du menu hardcore, vous pourrez considérer avoir réussi le challenge si vous avez pu lire au moins 5 des 20 livres imposés (parce que je ne suis pas un monstre quand même haha)
   Je vous souhaite bon courage pour la constitution de vos PAL, prenez votre temps, vous avez un peu moins de deux mois pour le faire :) n'hésitez pas à me la partager sur les réseaux sociaux, à me partager vos articles de blogs sur le challenge et/ou vos vidéos de challenge, je serai ravie de les lire/visionner ! Je vous retrouve le 1er décembre 2018 pour officiellement débuter le Winter Classic Novels Challenge en ma compagnie !

Actuelle représentation de moi-même vous signifiant que c'est la fin de l'article que vous lisez. Mais avec plus d'amour et de thé.

mardi 18 septembre 2018

Mes conseils lectures pour journées pluvieuses d'automne

Salut toi !

   Je fais partie de ces personnes pour qui l'automne est la saison préférée d'entre toutes. Moi ce que j'aime, c'est pas sauter dans les vagues, mais dans les flaques, c'est pas les chaleurs écrasantes, mais plutôt voir des feuilles de toutes les couleurs tourbillonner dans les airs au rythme du vent, et bien que le ciel bleu, ce soit très joli, je préfère entendre la pluie taper au carreau pendant que je lis un bon livre enroulée dans un plaid chaud, une tasse de thé fumant à la main. 



   Et justement, cela faisait longtemps que je n'avais pas publié un article de conseils de lectures, mais aujourd'hui, j'ai envie de vous proposer des lectures qui, selon moi, sont idéales pour les mois d'automne. Voici donc une sélection de quelques romans à lire au coin du feu, alors que la pluie tombe dehors !

Le Mystère Sherlock  - J.M. Erre

    Dans mon esprit, les romans policiers, d'enquêtes, d'espionnage, etc... tout ceci sent bon l'automne. Le Mystère Sherlock est un roman d'enquêtes un peu plus original que d'autres, puisqu'il s'agit en réalité d'une parodie de roman à la Sherlock Holmes. L'histoire est la suivante : En Suisse, un colloque sur Sherlock Holmes, organisé à l'hôtel Baker Street et auquel ont participé une dizaine d'universitaires, est coupé court après une avalanche qui s'y est abattue. Le prix de ce colloque ? Devenir le titulaire de la première chaire d'holmésologie jamais créée à la Sorbonne. Cela vaut bien une petite série de meurtres... non ?
   Ce roman rend hommage aux plus grandes enquêtes d'Hercule Poirot et Sherlock Holmes, mêlant à la fois suspens et humour, ainsi que des tonnes de rebondissement. Un petit bijou.

Les Soeurs Carmines - Ariel Holzl

   J'en rebats les oreilles de tout le monde sur les réseaux sociaux, mais la trilogie Les Sœurs Carmines de Ariel Holzl est idéale pour les mois de la saison des morts. Et pour cause : l'histoire des Sœurs Carmines se passe dans un monde imaginaire, dans la ville de Grisaille, capitale du crime et du meurtre à base de poison dans le thé ou de poignard en argent dans le cœur, dans lequel les êtres humains côtoient vampires, zombies, gorgones, fantômes et autres personnages surnaturels. C'est dans ce monde atypique qu'évoluent Merryvère, Tristabelle et Dolorine Carmine, les personnages que nous suivons. A chaque sœur, un tome lui correspond, dans lequel chacune va vivre des aventures rocambolesques. Au programme : courses poursuites avec des vampires, sorties shopping funestes, et enquêtes fantomatiques dans les couloirs d'un pensionnat. La trilogie mêle atmosphère gothique et ambiance sombre à la Tim Burton, associé à un style d'écriture varié et très cinématographique et visuel. Je vous recommande ces lectures, mais à vos risques et périls...

Le Dompteur d'Avalanches - Margot Delorme

   Un bon petit roman de fantasy qui se passe dans les montagnes, mais oui, mais quelle bonne idée Gaëlle ! Ce roman saura sans doute remporter tous les suffrages, puisque l'histoire semble sortie tout droit des studios Ghibli. On va retrouver le personnage de Ditto, qui est un jeune garçon qui passe ses journées entre faire visiter la montagne à des touristes à dos d'ânes, et jouer avec la marmotte qu'il a sauvé deux ans auparavant. Un jour, alors qu'une tragédie s'abat sur la montagne, il apprend qu'il est un "écouleur", c'est-à-dire qu'il est capable de déclencher des avalanches violentes. Pour cela, Ditto est obligé de quitter sa montagne, et d'aller demander conseil à la Lorlaï, l'esprit de la montagne, qui va lui lancer un défi fou. La lecture de ce roman m'a en effet beaucoup fait penser à Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki, avec cette histoire d'un garçon chassé de sa communauté après avoir commis un crime pour aller retrouver son intégrité. La sensibilité à la nature, la crainte des dieux, tout ceci sont des thèmes principaux de ce roman magnifique.

L'épée des Ombres - J.V. Jones

   Une saga de fantasy un peu plus sombre à présent, dont je vous ai déjà présenté le premier tome il y a quelque temps déjà. Si vous cherchez une saga de plusieurs gros pavés avec un peu de magie, des guerres de clans, des histoires politiques, un peu à la Game of Thrones mais plus soft et avec moins de personnages, cette saga est faite pour vous. L'épée des ombres est l'histoire de Raif Ruptur, un jeune adolescent du clan Grêlenoire, un clan de guerriers du nord du continent. Un jour, alors qu'il était en campagne avec des membres de son clan, celui-ci tombe dans une embuscade et les seuls rescapés en sont Raif et son frère.A la suite de cette tragédie, Raif se rend compte de complots qui se trament entre les clans, et se voit obligé de quitter ses terres pour le Sud. Il y rencontre Ash, une jeune fille retenue prisonnière par l'homme qui l'a recueillie bébé, animé d'un soif de pouvoir dévorante. Il se trouve qu'Ash est la clé pour ouvrir un monde étrange, un monde qui pourrait déverser une apocalypse sur le monde. Il faut à tout prix éviter cela, et Raif et Ash se lancent dans une quête à corps perdu dans le froid du grand nord... Bref, vous aurez reconnu quelques traits similaires à la saga emblématique de George R.R. Martin.

Le Maître des Illusions - Donna Tartt

   Un bon gros pavé, à la croisée des chemins entre Le Cercle des Poètes Disparus et How to Get Away with Murder. Est-ce que j'ai vraiment besoin d'en dire plus ? L'histoire de ce roman se passe dans une université du Vermont, aux Etats-Unis. Richard Papen vient d'y décrocher une bourse, et aspire plus que tout à accéder à la classe d'un professeur atypique, Julian Morrow, qui donne cours à une petite poignée d'élèves seulement. Richard va tenter de percer le secret de cette classe étrange... un roman à suspens haletant, que j'ai été incapable de relâcher avant la dernière page.

Charley Davidson - Darynda Jones

   Charley Davidson est ma saga de bit-lit chouchou pour l'automne, car elle réunit tout ce que j'aime en automne : le surnaturel, les enquêtes policières, un peu d'humour acide, un personnage féminin génial et bien construit, des personnages secondaires intéressants. Charley est la Faucheuse, c'est à travers elle que les morts passent afin de rejoindre l'au-delà. C'est hyper pratique pour elle de voir les morts, puisqu'elle est en plus détective privée, du coup, la victime est toujours capable, ou presque, de lui dire qui est le meurtrier. Et en plus de ça, Reyes, un mystérieux jeune homme hyper sexy, ne lui lâche pas les baskets (quelle tragédie !) et semble cacher un grand secret. En bref, une saga très drôle et très prenante.

La Belle Sauvage - Philip Pullman


  Et bien oui, vous commencez à me connaître maintenant, je ne peux décemment pas faire une sélection de romans pour l'automne presque entièrement remplie de romans de littérature de l'imaginaire, sans parler de Philip Pullman et de sa saga de la Poussière. Je vous présente ici La Belle Sauvage, le premier roman de la nouvelle trilogie de A La Croisée des Mondes, dont l'anniversaire de la sortie est pour très bientôt. L'histoire est un préquel de la trilogie originale : dix ans avant les aventures de Lyra et Will, nous rencontrons Malcolm, un jeune garçon qui travaille dans une auberge en face d'un couvent, et qui adore faire du bateau avec sa barque qu'il a appelé "La Belle Sauvage". Malcolm apprend que les nonnes du couvent garde un bébé qui s'appelle Lyra, et qui est l'objet de complot et de convoitises. Malcolm fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger Lyra, à laquelle il se sent lié à jamais. Ce roman représente une très belle replongée dans un univers que j'ai longtemps chéri, et un excellent premier tome d'une nouvelle trilogie. 

 

   Et voilà pour cette sélection ! J'ai essayé d'y mettre du contenu varié et plus ou moins pour tous les goûts, même si bien sûr, celle-ci reflète plus aisément les miens. J'espère cependant avoir piqué votre curiosité avec la plupart des romans que je présente ici. Sur ce, moi, je retourne attendre que l'automne se point vraiment en cette fin de mois de septembre, avec ma tasse de thé.

 



mercredi 8 août 2018

La Princetta et le Capitaine

Autrice : Anne-Laure Bondoux
Edition : Livre de Poche Jeunesse
Parution originale : 2004
Genre : Jeunesse, Aventure
Origine : France
Nombre de pages : 570
   Résumé : Alors que le Coronador de la Galnicie prépare le mariage de sa fille de 15 ans, Malva, celle-ci ne rêve que d'aventures et de liberté, et prépare son évasion du royaume. Mais son premier voyage va se terminer tragiquement, et, d'incidents en incidents, Malva va se découvrir petit à petit, et découvrir ce qu'elle veut vraiment.



 Le mois d'août est pour moi synonyme soit de lectures chill, comme avec Crazy Rich à Singapour de Kevin Kwan que je suis en train de lire actuellement et dont je vous parlerai dans un prochain article (han, teasing !) soit de relectures de romans de mon enfance. ce mois-ci, j'ai donc relu un des romans qui m'ont donné le goût de lire quand j'étais petite : La Princetta et le Capitaine de Anne-Laure Bondoux.
   Pour ma part, je trouve que ce roman est une lecture d'été idéale : histoire d'aventures en mer, quête d'un trésor inespéré, voyage initiatique... Ce roman a un goût de soleil incontestable.

   La Princetta et le Capitaine raconte l'histoire de Malva, la Princetta du royaume de Galnicie. Celle-ci rêve d'aventures et de liberté depuis qu'elle est enfant, alors que ses responsabilités envers le royaume en décident autrement. En effet, étant la Princetta, elle est tenue de succéder à son père le Coronador sur le trône de Galnicie, et doit se préparer en conséquence. Par exemple, en épousant, à l'âge de 15 ans, un prince d'un pays lointain, qui a le double de son âge, afin de créer une alliance et instaurer la paix entre les deux pays. Pour échapper à son destin, Malva s'évade donc à bord d'un bateau pour aller explorer le monde. Cependant, les choses ne se passeront pas comme prévues, et le Coronador, inquiet de la disparition de sa fille, envoie donc une équipe de matelots en sauvetage, avec à son bord Orféus Mac Bott, le deuxième personnage principal de cette odyssée.

   Je n'utilise pas le terme d'odyssée par hasard : ce terme a pour signification d'être "une grande aventure", et c'est en tous point ce que raconte La Princetta et le Capitaine, mais il renvoie également au poème éponyme de l'aède grec Homère, L'Odyssée, dans lequel Ulysse, après la Guerre de Troie, rentre à Ithaque avec son armée, mais avant cela, va errer dans la mer Méditerranée pendant dix ans, allant d'aventures en aventures, de pièges en pièges, de monstres en monstres. On sent qu'Anne-Laure Bondoux a beaucoup puisé dans ce texte mythologique afin d'écrire son roman : Malva va en effet errer en mer avec ses compagnons de voyage, accostant d'îles en îles, rencontrant de nouveaux personnages, affrontant la mer agitée à cause de dieux qui se fâchent. Ils ont même un vieux chien qui les accompagne, comme le vieux chien d'Ulysse qui attend de retrouver son maître avant d'expirer.

   J'ai rarement lu un roman, surtout un roman jeunesse, où les personnages vivent autant d'aventures que dans La Princetta et le Capitaine. Il n'y a pas un seul instant d'accalmie, les personnages vivent des aventures à chaque page du roman, et le lecteur a à peine le temps de souffler un moment qu'il y a un autre problème qui arrive ou une nouveauté à découvrir, et c'est, pour moi qui décroche rapidement et se déconcentre facilement si je ne suis pas happée par ce que je fais, une vraie qualité de ce roman.

   De plus, les personnages sont très bien construits : Anne-Laure Bondoux fait en sorte que chaque personnage aient un background solide qui va leur servir durant leur voyage, ce qui donne du relief à chaque personnage du roman, alors qu'elle aurait pu faire l'erreur de se concentrer uniquement sur ses deux personnages principaux, Malva et Orféus. On discerne cependant quels sont les protagonistes principaux, mais l'autrice arrive à donner de l'importance à chaque personnage, à tel point que mon personnage féminin préféré n'est pas Malva, alors que généralement j'adore les personnages principaux, mais c'est Lei. Je trouve Lei très impressionnante car elle parle toutes les langues (je RÊVE d'avoir cette capacité) et est aussi, de part sa culture, très bonne médecin également. Sans Lei, il n'y aurait eu honnêtement aucune aventure possible dans ce roman. Orféus est mon personnage masculin préféré de l'histoire, et aussi un de mes premiers crush littéraires. C'est un personnage avec des peurs et une anxiété enfouies en lui, mais qui ne l'empêchent pas de rester déterminé et persévérant, et je trouve que c'est un personnage extrêmement courageux.

   La Princetta et le Capitaine est en définitive un roman idéal pour cet été, qui sent bon les embruns de la mer, le sable chaud sous les pieds et les aventures extraordinaires à bord d'un navire à voile. Il me semble cependant (c'est la libraire qui parle là) que ce roman est épuisé en librairie et disponible uniquement en roman d'occasion. Néanmoins, il est possible de commander en librairie la nouvelle version que le Livre de Poche a édité, qui présente une fin alternative du roman écrite par Anne-Laure Bondoux à cette occasion :


   Je vous conseille vraiment de lire La Princetta et le Capitaine. Si vous êtes adultes, ne vous arrêtez pas au fait qu'il s'agit d'un roman jeunesse, ce serait trop dommage car vous prendriez énormément de plaisir à le lire vous aussi, et vous verriez ainsi la profondeur des références que propose l'autrice à travers ce roman. Et si vous avez des enfants, surtout s'ils n'ont pas le goût de la lecture à 10/11 ans, offrez-leur ce roman, ils vous remercieront.

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dimanche 8 juillet 2018

Rouille

Autrice : Floriane Soulas
Edition : Scrineo
Parution originale : 16 mai 2018
Genre : Steampunk
Origine : France
Nombre de pages : 384

Résumé : Paris, 1897. Les plus grandes puissances européennes se sont lancées à l’assaut de la Lune et de nouveaux matériaux découverts sur le satellite envahissent peu à peu la Terre. Ces grandes avancées scientifiques révolutionnent l’industrie et la médecine, mais pas pour tout le monde. Et dans les faubourgs, loin de l’hyper-centre protégé par le dôme sous lequel vivent les puissants, le petit peuple de Paris survit tant bien que mal. Violante est une prostituée sans mémoire, ignorant jusqu’à son âge réel. Dans un monde où son désir de vérité passe après celui de ses clients et de ses patrons, la jeune fille tente de retrouver la trace de ses origines perdues. Alors qu’une vague de meurtres particulièrement horribles ensanglante la capitale, Satine, son amie et seul soutien, disparait dans d’étranges circonstances. Violante, elle, se voit offrir une porte de sortie à ce demi-monde violent qui la retient prisonnière, mais décide malgré tout de prendre part aux investigations.
   Rouille est le premier roman de Floriane Soulas, connue sur Internet sous le pseudonyme Sailor Flo, ainsi que pour parler en vidéo de littérature de l'imaginaire (SFFF) sur Youtube. Comme j'adore cette fille, et que j'ai eu le privilège, comme pour ses abonnés, de suivre presque en direct la construction de son roman jusqu'à sa publication, c'est avec une joie immense que je me suis précipitée en librairie afin d'acquérir son roman dès sa sortie. Steampunk + époque victorienne + Paris = Gaëlle ravie et satisfaite, et ce fut le cas jusqu'à la toute dernière page.

   Floriane nous emmène à Paris, dans les dernières années du XIXè siècle. Un Paris imaginaire, dans lequel les avancées technologiques sont bien plus accrues qu'elles ne le sont actuellement dans notre monde, car il est fréquent par exemple que les plus riches de ce monde prennent quelques jours de vacances dans leur maison secondaire sur la Lune. D'ailleurs, la Lune est une véritable attraction dans ce monde, puisqu'un nouveau matériau très résistant a été découvert et permet une révolution industrielle dans le domaine de la médecine et de l'industrie grâce au développement de machines et de prothèse médicales de plus en plus performantes. C'est dans ce monde qu'évolue Violante, une jeune fille amnésique recueillie dans une maison close, devenue prostituée. Un jour, sa meilleure amie, Satine, disparaît dans des circonstances étranges et effrayantes. En se mettant à la recherche de l'identité de l'agresseur, elle en apprendra bien plus sur elle-même qu'elle ne l'a fait auparavant.

   Le sujet de la quête d'identité est au cœur de ce roman. D'abord, on retrouve la propre quête de Violante, qui tente de comprendre comment et pourquoi elle est arrivée aux Jardins, la maison close qui l'a recueillie, alors qu'elle ne se souvient que de son nom et du fait qu'elle a débarqué à Paris trois ans auparavant. En parallèle, la jeune fille essaie de retrouver le ou les coupables des agressions et meurtres qui menacent Paris, ainsi que de la vente et diffusion de cette nouvelle drogue qui circule en ville et rend presque automatiquement accro quiconque en prend. Le jeu des masques et des dissimulations d'identité est aussi de rigueur : Violante, lorsqu'elle fait des passes, se cache derrière le masque de Duchesse, et c'est également un masque qu'elle revêt dans les moments où elle manque de courage, où elle a peur, où elle a besoin de se préserver. Mais c'est également derrière un masque que se cache le meurtrier qui menace Paris... chaque personnage dans ce roman se cache derrière une identité qui n'est pas la sienne afin de se préserver, se cacher, ou d'agir de façon malveillante en toute impunité.

   Rouille est un roman qui regorge de personnages tous plus intéressants les uns que les autres : d'abord Violante, qui reste le personnage principal, est très attachante, l'écriture de Floriane fait que l'on croit en elle et en ses actes, et qu'on a envie de suivre ses aventures dans les rues de Paris. Malgré quelques clichés concernant le personnage, comme le stéréotype de l'orpheline sans mémoire au médaillon, je serais bien mal placée pour m'en offusquer puisque j'use de ce cliché moi-même sur un de mes propres personnages d'un de mes projets d'écriture. En outre, ce n'est clairement pas dérangeant puisque les clichés sont rares dans ce roman. Il présente une intrigue assez originale, très bien transcrite, et donne envie au lecteur de poursuivre sans lâcher le roman.
   Mes deux personnages préférés restent Jules et Léon. Pour ce qui est de Léon, je pense que j'ai été influencée par le fait qu'il s'agisse du personnage préféré de l'autrice, cela se ressent dans l'écriture de ce personnage qu'elle l'adore car c'est un sentiment qu'elle arrive à communiquer à travers sa plume. Le personnage de Jules est écrit et décrit tout en finesse : d'abord antagoniste de Violante, petit à petit, sans que le lecteur ne s'en rende compte, l'écriture subtile du personnage glisse, se modifie, et il devient peu à peu le meilleur allié de Violante. Je suis particulièrement attirée par ce genre d'écriture de personnage, quand celle-ci présente un personnage comme un antagoniste, et que peu à peu l'écriture donne du relief à ce personnage qui s'étoffe peu à peu, et change pour devenir meilleur.

   Finalement, le seul bémol que je pourrais attribuer à ce roman, ne vient pas du fond du roman, mais de la forme. Peut-être est-ce parce que lorsque j'ai lu Rouille j'étais en stage en maison d'édition, et par déformation professionnelle j'étais plus attentive à ce que je lisais, mais j'ai découvert de nombreuses coquilles que je n'avais jamais remarqué dans les romans de Scrineo, ce qui est fort dommage quand on sait le nombre de corrections qui ont été apportées à ce roman, et par l'autrice, et par les éditeurs.

   Enfin, je voudrais conclure en avertissant les âmes sensibles : Violante ne porte pas ce prénom par hasard. Rouille est un roman qui présente un monde dans lequel la violence sévit, et parfois, certaines scènes sont très graphiques. Le roman emprunte aux genres du roman policier et du roman noir, et il n'est pas rare de lire des descriptions de scènes de crime très crues, et autres scènes de violences physiques, mais également mentales et morales. Si vous décidez de lire Rouille, faites-le en tant que lecteurs avertis. Pour ma part, j'ai adoré ce roman, et j'espère qu'il ne sera pas le dernier de Floriane qui est une autrice très prometteuse.

jeudi 31 mai 2018

Les Soeurs Carmines, tome 3 : Dolorine à l'école

Auteur : Ariel Holzl
Edition : Mnémos (Indés de l'Imaginaire)
Collection : Naos
Parution originale : 24 mai 2018
Genre : Jeunesse, Fantasy, Steampunk
Origine : France
Nombre de pages : 262
   Résumé : L'école de la vie n'a point de vacances. Même quand on y meurt.Pour Dolorine Carmine, la rentrée des classes est une bonne occasion de se faire de nouveaux ennemis camarades. Cependant, la fillette n'a pas trop l'habitude de parler avec les vivants. les fantômes, en revanche... Dans le pensionnat bizarre tout à fait normal où elle a atterri, les spectres manquent pourtant à l'appel. Ont-ils été chassés par les horreurs mignonnes petites bestioles des environs ? A moins qu'ils ne travaillent au laboratoire de Miss Elizabeth, la nouvelle institutrice ?
Personne ne semble avoir la réponse.
Monsieur Nyx veut tout brûler.
Mais Dolorine reste optimiste : en fouinant partout, elle finira bien par les retrouver ! Un peu de curiosité n'a jamais tué personne... si ?
"Ça compte comme un truc qu'on fait dans la vie, être mort ?" p. 47

   On se retrouve aujourd'hui pour parler du dernier tome des Sœurs Carmines de Ariel Holzl, que j'ai encore une fois dévoré très rapidement. Et pourquoi tu te demandes ? Parce que je l'ai adoré, tiens !
   Si le premier tome était consacré à Merryvère, et le deuxième à Tristabelle, vous vous doutez, je pense, que le troisième et dernier tome suit les aventures de Dolorine Carmine. Ce tome-ci est un peu différent des autres, car il change de cadre pour son intrigue principale : nous quittons Grisaille pour le pensionnat où Dolorine va commencer ses études. Cependant, le récit que nous livre ce dernier tome n'est pas dénué de lien entre le pensionnat et la ville qui caractérise l'univers de cette trilogie.

   C'est la première année de Dolorine à l'école, et elle est super excitée parce qu'elle est déterminée à se faire de vrais amis vivants pour une fois, forte des précieux conseils que lui a prodigué sa peluche Monsieur Nyx, à base de meurtres et de pièges, bien évidemment. Mais elle est aussi ravie d'intégrer le pensionnat, parce qu'il paraît que c'est le genre d'endroit qui regorge de fantômes. Malheureusement, il apparaît bien vite à Dolorine que les fantômes ne sont pas au rendez-vous, et elle décide alors de consacrer son temps libre à leur recherche, entre les cours, les coups bas entre camarades de classe et les mystérieuses fées qui peuplent la forêt alentour...

    Une fois de plus, ce que j'ai le plus aimé dans ce tome, c'est l'atmosphère que dégage le roman. Le décor du pensionnat renforce le caractère gothique de la trilogie. D'ailleurs, ce pensionnat en a rappelé un autre à mon bon souvenir, dans un roman classique anglais qui utilise aussi des procédés du roman gothique : le pensionnat de Lowood dans Jane Eyre de Charlotte Brontë. Je ne sais pas si c'était voulu, mais j'ai retrouvé quelques similitudes avec celui-ci dans Les Sœurs Carmines, ce qui est à rajouter à ma bonne expérience de lecture. 
   Et puisque nous parlons de l'intertextualité du roman, nous retrouvons également des références à Frankenstein de Mary Shelley sur le besoin universel de tromper la mort, aux films de zombies, ainsi qu'aux révoltes communistes qui ont ponctué notre Histoire. Ça y est, j'ai votre attention ?

   Nous connaissions déjà Dolorine à travers les pages de son "Journal secret et mystérieux" que nous ne devions SURTOUT pas lire mais dont quelques pages se sont sans doute retrouvées coincées par mégarde dans les deux tomes précédents lors de leur impression (Monsieur Nyx n'y est sans doute pas pour rien dans l'histoire...), et qui donnaient déjà une idée du personnage qu'est Dolorine. Celle-ci reste fidèle à elle-même, elle est très drôle, le plus souvent à ses dépens car elle se retrouve toujours dans des situations rocambolesques qu'elle affronte avec une insouciance et un optimisme à toute épreuve. Cela crée un comique de situation absolument génial, l'auteur se fondant sur le très jeune âge, et donc l'innocence, de la petite fille qui ne comprend pas très bien le monde qui l'entoure et s'invente ses propres histoires pour lui donner un sens.

 " Je crois que Maman fait des trucs de "s'hex"... hasarda Dolorine.
- S'hex ? s'étonna Desdémone. Comme les "hex" des sorcières ?
- Oui. Mais avec plus de bisous ! Le "s'hex", c'est la magie des câlins." p. 47

   Ariel Holzl use également du comique de l'absurde en se servant de l'imagination débordante dont font preuve les enfants qui constituent une majorité des personnages de ce roman. Notamment, et je trouve cela d'une grande finesse, il utilise le jeune âge de ses personnages pour jouer avec les mots et le vocabulaire, et pour appuyer sur la complexité de certains mots pour des enfants. Ils vont alors, en décomposant le mot, et en passant par des explications tirées par les cheveux, donner une définition du mot très similaire à celle des adultes, ce qui constitue un certain type d'humour assez subtil que j'affectionne beaucoup.

"Elle était certaine qu'il s'agissait d'un de ces subterfuges onctueux du langage que l'on regroupait sous le terme de "l'arête-au-Rick".
La fillette ne connaissait pas personnellement le dénommé "Rick", mais il semblait avoir inventé tout un tas d'expressions permettant de dire le contraire de ce que l'on pensait vraiment. Grâce à elles, on pouvait finir les conversations épineuses en queue de poisson - d'où l'"arête" en question." p. 49

   Nous retrouvons une fois de plus dans ce dernier tome une caractéristique de l'écriture de l'auteur que j'adore : il change de style d'écriture en fonction du point de vue du personnage. Le premier tome se faisait passer pour un roman de cape et d'épée avec Merryvère, rappelant l'univers du jeu vidéo dans lequel l'auteur a travaillé ; le deuxième se présentait comme une sorte de monologue entre Tristabelle et le lecteur, et ce tome-ci ressemble à un cahier d'écolier, avec des râteaux radeaux naseaux ratures qui ponctuent le récit, des petits dessins (que nous devons à Melchior Ascaride, un illustrateur dont j'aime beaucoup le travail et qui a aussi dessiné les couvertures des trois tomes) un peu partout, des effets de style qui donnent l'impression que le livre est piqueté de taches d'humidité, ainsi que des pages du journal de Dolorine. Ceci renforce le côté enfantin et puéril de Dolorine, qui est tout de même une très jeune enfant, mais souligne également l'intelligence et la curiosité dont elle fait souvent preuve. 
   De plus, il est intéressant de passer par le prisme du regard de Dolorine dans ce tome, car l'auteur se sert de l'impact que le monde a sur la perception de l'enfant pour modeler son écriture. Dolorine est un personnage à la fois innocent et très étrange, qui a sa propre vision des évènements qu'elle vit et n'hésite pas à en faire part à son lecteur. Cependant, il existe un décalage entre ces évènements tels qu'elle les vit, et la façon qu'elle a de les raconter au lecteur, ce qui fait d'elle un narrateur non fiable, comme l'était Tristabelle dans le deuxième tome, la différence étant que ce n'est jamais calculé avec Dolorine, elle est simplement sans filtre entre son imagination et la réalité. Cela demande au lecteur de faire un effort pour démêler le vrai du faux dans ce qu'elle raconte.

  Par ailleurs, l'intrigue de ce tome permet de s'attarder sur certains détails de l'histoire, en filigrane, sans que l'auteur ne se montre explicite sur le sujet. Il aborde notamment les tensions qui régissent les relations entre les huit familles nobles de Grisaille, puisque tous les camarades de classe de Dolorine sont issus de la noblesse, ainsi que sur la famille qui a disparu, les Amécrins ; on apprend enfin des choses sur la nature de Monsieur Nyx, la peluche mystérieuse de Dolorine, ainsi que sur ce que représente le progrès technologique dans l'univers de l'auteur. Le fait que l'auteur crée cette sorte de connivence, de dialogue tacite avec le lecteur montre que le propos de ce roman est assez mature malgré les apparences, et qu'il existe plusieurs niveaux de lecture dans cette trilogie, destinée à la jeunesse mais qui envoie également des messages aux plus âgés de ses lecteurs.

   En définitive, Dolorine à l'école constitue une belle conclusion à une trilogie scandaleusement géniale. Dolorine, bien qu'elle partage avec ses sœurs le fait d'être une anti-héroïne atypique et imparfaite qui rompt avec les codes de l'héroïne traditionnelle de roman, est la plus attachante et attendrissante des trois sœurs Carmines, bien qu'en y réfléchissant bien, je la trouverais flippante avec sa peluche si je la croisais. J'ai par conséquent passé un excellent moment en compagnie de cette famille dans les rues de Grisaille, et j'attends de voir l'auteur s'illustrer dans d'autres œuvres, littéraires ou non d'ailleurs.

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mercredi 2 mai 2018

100 000 canards par un doux soir d'orage

Auteur : Thomas Carreras
Edition : Sarbacane
Collection : Exprim'
Parution originale : 2015
Genre : Horreur, Jeunesse, Humour
Origine : France
Nombre de pages : 312
Résumé : Anatidaephobia [n.f.] : Peur panique à l'idée d'être observé par des canards.
Quand Ginger, globe-trotteuse de 19 ans, débarque à Merrywaters - le bled le plus paumé d'Angleterre - pour assister à un festival de musique, elle est loin de se douter que les canards seraient aussi nombreux dans le coin. Ni qu'ils commenceront à l'espionner...
LA SUITE ? AH NON, C'EST TOUT, ON NE VOUS DIT PLUS RIEN !

   Je tiens, au cas où certains volatiles seraient en train de m'observer en ce moment même, qu'aucun canard n'a été blessé au cours de ma lecture de 100 000 canards par un doux soir d'orage. Non parce que, si vous n'avez jamais ouvert le livre de Thomas Carreras, vous ne pouvez pas vous rendre compte à quel point ces piafs peuvent être diaboliques, sournois et meurtriers, et ce, quand tout le monde a le dos tourné, évidemment ! Oh non, j'espère qu'ils ne m'ont pas entendue ! Ils seraient capables de me le faire payer... Ils sont partout... ils m'observent...

   Par le bec d'un anatidé, ILS ME SUIVENT !

   Imaginez que vous venez de l'autre bout de la Terre pour assister à un minuscule festival de musique dans un bled pourri en Angleterre. Vous atterrissez dans un petit pub juste à côté du lieu du festival, vous obligez le patron à vous donner un job pour payer votre place, vous écoutez les histoires pleines de superstition des habitants, notamment des histoires à propos de canards... et vous commencez à remarquer que ces rôtis sur pattes ont un regard des plus mauvais, surtout celui-là, là-bas, au fond, avec la cicatrice qui va du haut du crâne jusqu'au bec, qui vous fixe d'une façon des plus inquiétantes... c'est l'expérience que va vivre Ginger, jeune américaine venue de Paradise City (et là je viens de vous mettre la chanson des Guns n'Roses dans la tête) et qui a tout donné pour voir son groupe préféré en concert. Ginger va complètement perdre la boule à cause de centaines de canards qui la poursuivent et veulent sa mort.

   Parce que, oui, je vous l'ai pas dit, mais ce roman est littéralement UN SLASHER AVEC DES CANARDS !
   Thomas Carreras, avec ce roman, rend hommage aux slashers américains, de type Vendredi 13 ou Halloween, dans lesquels les protagonistes sont poursuivis par une entité maléfique qui va les tuer d'une manière bien gore les uns après les autres, et ce, avec tous les tropes de ce genre de films : le personnage principal qui alerte tout le monde mais n'est cru par personne ; le grand méchant de l'histoire, ici le Désosseur, qui a un background des plus tragiques ; un environnement gothique, ici un bled paumé et grisâtre d'Angleterre, par une nuit d'orage. Et d'un autre côté, l'auteur mêle à cette atmosphère glauque une touche d'humour dans une satire bienveillante de l'anatidaephobie, une phobie des plus singulières puisqu'il s'agit de la peur panique à l'idée d'être observé par des canards.

   Et, nom d'un canard, qu'est-ce que le mélange est bon ! L'auteur arrive à retranscrire l'atmosphère d'un slasher grâce à un style d'écriture très cinématographique, en faisant des focus sur certains éléments du décors et des personnages, des effets de travelling sur les paysages, des zooms soudains, et le texte est travaillé comme si le personnage qui parle portait une caméra subjective à l'épaule. Cela instaure un effet dynamique à la lecture et la rend très fluide. Le début du roman est particulièrement hilarant grâce à un comique de situation très bien maîtrisé, mais au fur et à mesure de la lecture, l'atmosphère s'assombrit de plus en plus, en gardant tout de même son essence complètement loufoque.
   Thomas Carreras offre également des personnages bien construits, légèrement clichés certes, mais dans le contexte du roman, ce n'est pas dérangeant, c'est même une qualité puisque son intention est de mettre en lumière les différents tropes d'un bon slasher. De plus, et c'est ce que j'ai bien aimé, les personnages élaborent chacun de leurs plans pour s'en sortir en fonction des films et séries d'horreur et de zombies qu'ils ont pu voir : Shaun of the Dead, The Walking Dead, The Night of the Living Dead... ce qui crée un fort capital sympathie entre le lecteur et les personnages puisqu'on partage une certaine connivence avec eux, et cela renforce l'hommage aux films d'horreur que ce roman veut rendre.

   Si vous aimez les films d'horreur, si vous aimez l'absurde, alors 100 000 canards par un doux soir d'orage est un livre qui vous plaira très certainement, pour toutes les raisons que j'ai mentionné précédemment. C'est loufoque, et en même temps parfois un peu effrayant, c'est très intelligent et vraiment bien écrit ! J'avais l'impression d'être au cinéma, les yeux rivés sur mon livre. Il ne vous reste plus qu'à voler vers votre librairie pour acquérir cette perle, mais attention à ne pas y laisser des plumes !


dimanche 22 avril 2018

Qui a peur de la mort ?

Autrice : Nnedi Okorafor
Editeur : ActuSF (Indés de l'Imaginaire)
Parution originale : 2013
Genre : SF, Fantasy
Origine : Etats-Unis
Nombre de pages : 550
   Résumé :  Afrique, après l’apocalypse. Le monde a changé de bien des façons, mais il est une région où les génocides intertribaux continuent d’ensanglanter la terre.
Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi.
Elle erre dans le désert dans l’espoir d’y mourir,
mais donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable.
Persuadée que son enfant est différente, extraordinaire, elle la nomme « Onyesonwu », ce qui signifie, dans une langue ancienne : « Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’Onye grandit, elle comprend peu à peu qu’elle porte les stigmates physiques et sociaux de sa violente conception. Des pouvoirs magiques aussi insolites que remarquables commencent à se manifester chez elle alors qu’elle est encore enfant. Sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à quitter son foyer pour se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, l’histoire, l’amour, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.
   J'ai lu ce roman en partie parce qu'un ami libraire a beaucoup insisté auprès de moi pour que je le lise. Son argument de vente ? "Le roman sera bientôt adapté en série par HBO, si tu le lis maintenant tu pourras dire que tu connaissais avant que ça devienne mainstream". Il m'en faut peu pour me convaincre de lire un livre, oui, et vous inquiétez pas, il le sait bien, va. 
   Ma deuxième raison tient dans le fait, comme je le disais quand je parlais des Sœurs Carmines, ma lecture a été un tel coup de cœur qu'elle donné envie de connaître en profondeur le catalogue des éditions Mnémos. De fil en aiguille, j'ai appris que la maison d'édition faisait partie du collectif des Indés de l'Imaginaire qui rassemble donc Mnémos, les Moutons Electriques et enfin, ActuSF, qui édite Qui a peur de la mort ?.

   Mon avis sur ce roman est assez mitigé, et se divise en deux parties, qui suit d'ailleurs le schisme qui se crée dans le roman. 
   La première partie du roman narre la jeunesse de l'héroïne, Onyesonwu, dans le village de Jwahir, en Afrique, de sa petite enfance jusqu'à l'âge adulte. Onyesonwu a une particularité : parmi ses camarades à la peau d'ébène et aux cheveux d'un noir corbeau, elle est la seule à avoir une peau et des cheveux couleur de sable, ce qui fait d'elle une paria au sein de la société. Au fur et à mesure que la petite fille grandit pour devenir une femme, elle va en apprendre beaucoup à son propos, sur sa conception, sa naissance ainsi que sur ses propres capacités, magiques ou non. Cette première partie du livre a une fonction de roman d'apprentissage, car l'héroïne va subir des épreuves qui vont la faire grandir et progresser, mais qui, inexorablement, vont la mener vers la chute qui va amorcer la deuxième partie du roman. J'ai également vu des emprunts de tropes aux shonen japonais, notamment en ce qui concerne l'apprentissage de sorcière de Onye. Mais ce que j'ai le plus aimé dans cette partie, c'est la façon qu'a l'autrice de créer un personnage féminin complexe, tiraillé entre sa conscience qui lui dit que les traditions, telles que le mariage ou encore l'excision, oppressent et aliènent les femmes, et de l'autre son besoin d'effacer le plus possible sa différence, de s'intégrer véritablement à son peuple, alors qu'elle sait pertinemment qu'aucun des pas qu'elle fera vers la tradition ne changera quoi que ce soit de ce que le monde pense d'elle. 
   Cette première partie est très riche, en personnages complexes et en rebondissements, mais elle présente également une histoire extrêmement bien ficelée, ce qui renforce d'autant plus ma déception en ce qui concerne la deuxième partie.

   Cette deuxième partie se présente comme une quête, en effet, Onyesonwu part à la recherche d'une personne contre laquelle elle nourrit une haine sans bornes, accompagnée de ses amis et forte de son apprentissage de sorcière. Et c'est là que j'ai commencé à beaucoup m'ennuyer dans ma lecture. Là où la première partie présentait plusieurs branches différentes de l'histoire, ce qui donnait la sensation de ne pas savoir où donner de la tête tant il se passait des choses, l'intrigue dans cette deuxième partie est telle une trame rectiligne, sans beaucoup de relief, à l'image du trajet que semblent faire les personnages dans leur quête. Cette deuxième partie a un rythme beaucoup plus lent également, j'ai mis beaucoup plus de temps à la lire, j'avais juste la sensation qu'il ne se passait rien du tout, alors qu'objectivement, on ne peut pas dire qu'il ne s'y passe rien. 

   En définitive, ce que l'on peut retirer de positif de cette lecture, et bien qu'on y trouve certaines longueurs comme précisé auparavant, c'est d'abord un mélange de tropes de la littérature de tous horizons assez bien dosé : nous retrouvons les aspects du dépassement de soi dans les domaines surnaturels, ainsi que l'apprentissage d'un jeune prodige auprès un vieux sage, comme dans la plupart des mangas japonais, mais également des caractéristiques propres aux genres de la tragédie grecque et du roman d'apprentissage typiquement français, le tout dans une écriture assez hollywoodienne qui se prête facilement à l'adaptation cinématographique ou télévisuelle, comme cela sera le cas bientôt à la télévision américaine. En effet, la chaîne privé HBO a acheté les droits du livre afin d'en faire une série diffusée sur leurs créneaux, chaîne qui diffuse notamment la très célèbre série Game of Thrones qui adapte à l'écran la saga de George R. R. Martin A Song of Ice and Fire. 
   On y retrouve également un personnage féminin, Onyesonwu, qui est très complexe et a beaucoup de relief : comme on la voit évoluer et grandir, elle passe par de nombreuses phases et émotions qui craquèlent l'image que l'on se fait d'elle, parce qu'elle est complètement imparfaite, et que ça fait du bien de voir un personnage féminin sur lequel on ne cristallise pas des comportements typiquement féminins. Cette notion est notamment représentative du personnage de Mwita, qui fonde sa vision du monde sur une limite bien distinguée du rôle de la femme et de l'homme dans la société, et qui a du mal à se tenir dans l'ombre d'Onye. En cela, Qui a peur de la mort ? est un roman qui présente une réflexion profondément féministe, même si ce n'est pas le fond du roman. 

   Même si mon avis est mitigé sur le roman et que j'ai une légère déception sur la deuxième partie du roman, je ne peux que recommander la lecture de Qui a peur de la mort ?, car ce roman présente une histoire et un point de vue très original dans la littérature de l'imaginaire. Premièrement, c'est un roman qui prend place en Afrique et offre donc de la visibilité pour ce continent et certaines de ses mœurs trop peu exploitées dans la littérature occidentale. Ensuite, c'est un roman qui présente des réflexion féministes, ce qui est très rare dans un roman qui traite de sujets propres à la fantasy. Enfin, vous trouverez un personnage féminin particulièrement génial car présentant beaucoup de relief et explosant tous les clichés qui reposent sur les femmes dans la fantasy. Je vous recommande donc chaudement la lecture de ce roman, ne serait-ce que pour pouvoir vous pavaner et dire "Ouais, je sais, j'ai déjà lu le livre." quand on vous dira bientôt "Tu as vu la nouvelle série de HBO ?"

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