lundi 19 mars 2018

Sirius

Auteur : Stéphane Servant
Edition : Le Rouergue
Collection : Epik
Parution originale : 2017
Genre : Jeunesse, Science-Fiction
Origine : France
Nombre de pages : 474

   Résumé : Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d'élever Kid. Entre leurs expéditions pour trouver de la nourriture et les leçons données au petit garçon, le temps s'écoule doucement... jusqu'au jour où le mystérieux passé d'Avril les jette brutalement sur la route. Il leur faut maintenant survivre sur une terre stérile pleine de dangers.

   Je l'annonce sans détours : Stéphane Servant est aujourd'hui, avec Philip Pullman, un de mes auteurs pour la jeunesse favoris. Auteur aussi bien de romans pour adolescents que d'albums pour les enfants, sa plume poétique a ravi mon cœur et mes yeux à ma première lecture du Cœur des louves, l'an dernier. Il revient pour la rentrée littéraire de 2017 avec son nouveau roman, Sirius, qui est aussi beau à l'extérieur qu'il l'est à l'intérieur. 
   Sirius raconte l'histoire d'un monde dévasté, dans un futur post apocalyptique, alors qu'une maladie rendant tout être vivant infertile ronge la Terre. C'est dans ce monde qu'évolue notre personnage principal, Avril, et son petit frère, Kid. Nous les découvrons alors qu'ils survivent dans la forêt depuis des années, dans une cabane en haut d'un arbre, entre des expéditions pour récupérer de la nourriture, et l'éducation de l'enfant. Kid est en effet un petit garçon de six ou sept ans qui ne connaît pas le monde tel qu'il était avant, et éprouve notamment un intérêt croissant pour les animaux, qui, suppose-t-on, sont tous morts. Perchés dans cet arbre, Avril, afin de canaliser la vive énergie de son petit frère, raconte à Kid qu'il leur faut attendre Sirius, et qu'alors ils pourront rejoindre leurs parents en haut de la Montagne. Mais un évènement surgissant du passé d'Avril revient les hanter, les forçant à quitter leur abri plus tôt que prévu, et à partir dans un road trip haletant, plongeant dans une aventure incroyable.

   Avec ce roman, Stéphane Servant nous transporte dans un monde qui se meurt, qu'il arrive à faire vivre grâce à une plume sublime et d'une poésie rare. Par des associations d'idées et de sons, l'auteur nourrit aussi bien nos sens que notre imaginaire. Il est très agréable notamment de lire ses romans à voix haute, et Sirius n'est pas une exception.
   Avec ce roman, Stéphane Servant nourrit une réflexion sur l'avenir de l'humanité, et l'urgence dans notre monde qui souffre de revenir en arrière, avant qu'il ne soit trop tard. Il va même plus loin que cela : l'Homme n'est pas le sujet de ce roman, c'est la vie en général. Les animaux ont la part belle dans ce roman, avec Kid qui notamment, d'une certaine façon, fait la transition entre les hommes et les animaux, et petit à petit, il devient un enfant sauvage. L'auteur arrive à montrer cette transition tout en douceur tout au long du roman. Petit à petit, il perd ses acquis humains, mais acquiert une sagesse animale, une sagesse aussi vieille que le monde, que nous découvrons lors de ses "lectures" du "Livre Vivant".
   Sous couvert d'un roman de science-fiction, Sirius aborde des sujets qui sont d'actualité dans notre monde actuel : l'écologie, pour commencer, est l'un des thèmes principaux du roman, puisque les personnages évoluent dans un monde qui se meurt parce que l'homme n'a pas respecté la nature ; l'immigration est un autre thème abordé, notamment à un moment du roman où Avril et Kid se retrouvent dans un bidonville de sans-abris qui attendent désespérément de passer un mur pour atteindre la Ville, mur qui rappelle fortement celui qui sépare le Mexique et les États-Unis, que les mexicains sont prêts à tout pour passer ; et enfin, la maladie, qui règne partout dans le monde.

   Sirius est un roman extrêmement touchant, d'une tristesse infinie, mais toujours entre ses pages transparaît l'espoir. Je n'imagine pas le monde se finir autrement que la façon dont il le décrit dans cette histoire, même si toujours la vie reprend le dessus. Stéphane Servant montre encore que l'Homme est capable du pire (fanatisme, résignation, violence) comme du meilleur (bonté, entraide, tolérance) au fur et à mesure qu'Avril et Kid rencontrent des protagonistes sur leur route. Jusqu'à atteindre la Montagne, où, enfin, le fin mot de l'histoire vous sera révélé...

  Pour finir, je dirais qu'encore une fois, Stéphane Servant ne me déçoit pas avec Sirius. L'imaginaire de l'auteur a le don de me transporter dans des contrées de mon esprit que je n'aurais jamais soupçonnées, et de nourrir mon esprit de réflexions à la fin de chacun de ses romans. C'est un roman que j'ai conseillé et vendu à tout adolescent qui est passé à la librairie où j'étais en stage, car il aborde des thèmes essentiels dans notre société actuelle, et il est important de sensibiliser les plus jeunes à ces sujets, ainsi que de rappeler aux plus âgés que notre devoir est de donner à nos enfants une Terre en meilleur état que la génération précédente nous l'a laissée.

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vendredi 2 mars 2018

Les Soeurs Carmines, tome 2 : Belle de gris

Auteur : Ariel Holzl
Edition : Mnémos
Collection : Naos
Parution originale : 16 novembre 2017
Genre : Jeunesse, Fantasy, Steampunk
Origine : France
Nombre de pages : 270
   Résumé : Trois semaines séparent Tristabelle Carmine du Grand Bal de la Reine. Trois semaines pour trouver la robe de ses rêves, un masque, une nouvelle paire d’escarpins… et aussi un moyen d’entrer au Palais. Car Tristabelle n’a pas été invitée. Mais ça, c’est un détail. Tout comme les voix dans sa tête ou cette minuscule série de meurtres qui semble lui coller aux talons.

En tout cas, elle ne compte pas rater la fête. Quitte à écumer les bas-fonds surnaturels de Grisaille, frayer avec des criminels, travailler dans une morgue ou rejoindre un culte. S’il le faut, elle ira même jusqu’à tuer demander de l’aide à sa petite sœur. Car Tristabelle Carmine est une jeune femme débrouillarde, saine et équilibrée. Ne laissez pas ses rivales ou ses admirateurs éconduits vous convaincre du contraire. Ils sont juste jaloux. Surtout les morts.
   J'ai poursuivi ma lecture des Sœurs Carmines avec le deuxième tome aussitôt que j'ai posé le tome 1, une chose qui ne m'arrive que très rarement. D'habitude, j'aime laisser reposer une série avec un autre livre, mais là, le besoin de lire la suite des aventures de ces sœurs complètement barrées était plus fort que tout, et m'a submergée avec une voracité sans précédent.
   Comme je l'ai mentionné précédemment, chaque tome de cette série est consacré à une des sœurs. Si le premier suivait Merryvère sur les toits de Grisaille, nous retrouvons Tristabelle, l'aînée, dans le deuxième. Et Tristabelle s'avère être un personnage encore plus haut en couleurs que sa cadette. La jeune fille apprend que la Reine recherche une dame de compagnie parmi les jeunes filles de la haute société de Grisaille, et bien que Tristabelle ne remplisse pas tout le contrat, ce n'est pas ce qui va arrêter la jeune fille. Alors Tristabelle part en quête de la tenue parfaite afin d'écraser toutes ses rivales.

   Si le sujet vous semble plus léger que dans le premier tome, rassurez-vous (ou non), car ce n'est absolument pas le cas. Outre le fait que, dans ce tome, une série de meurtres semble coller aux basques de Tristabelle et va nous préoccuper une très grande partie du roman, il s'avère également que la jeune fille a une manière très... particulière, de faire les boutiques. Machiavélique au sens littéral du terme, Tristabelle est prête à tout pour supplanter ses concurrentes, car pour elle, la fin justifie les moyens. Quitte à provoquer des émeutes pour une paire de chaussures, ou encore espionner ses concurrentes avec des moyens assez originaux. Sans compter qu'elle passe son temps à embêter sa sœur Merryvère, par amour sororal, bien entendu. Tristabelle est un personnage ambivalent, car on pourrait penser qu'elle est absolument détestable par son comportement, mais l'auteur nous en laisse deviner suffisamment sur la jeune fille pour éprouver de l'empathie et avoir envie de croire en elle et de la suivre.
   Ariel Holzl change complètement de style d'écriture avec ce deuxième tome qu'il signe, et on comprend par là-même qu'il en sera sans doute de même avec le tome 3, peut-être écrit sous la forme des carnets de Dolorine ? En tous cas, ce tome 2 adopte la forme du point de vue interne, c'est-à-dire que le lecteur est littéralement plongé dans les pensées de Tristabelle, qui entame une sorte de dialogue avec celui-ci. Le roman brise sans cesse le quatrième mur, Tristabelle s'adresse sans discontinuer à son lecteur, en l'amadouant et le méprisant à la fois, l'envoie sur les roses un instant, puis le cajole à la ligne suivante, et cette forme d'écriture participe à l'implication du lecteur dans sa lecture. Cela renforce le comique de ce roman, qui n'en manque pas, car le lecteur rit de l'insolence dont fait preuve ce personnage proprement scandaleux.

   Je ne peux pas parler plus longtemps de ce tome sans me répéter par rapport à ma chronique sur le tome 1, ou sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Quoiqu'il en soit, lire Les Soeurs Carmines, c'est rencontrer trois personnages féminins atypiques, complètement atteintes et délicieusement imparfaites. Lire Les Soeurs Carmines, c'est découvrir un univers jeunesse qui sort des sentiers battus et, bien que certains passages soient convenus, ça reste un roman pour adolescents, il ne cesse néanmoins pas de surprendre son lecteur, par son style comme par son histoire.

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