mardi 31 mars 2020

Nos Vies en l'Air

Autrice : Manon Fargetton
Edition : Rageot
Collection : ///
Parution : 9 janvier 2019
Origine : France
Genre : Drame contemporain, jeunesse
Nombre de pages : 187
ISBN : 9782700259394
   Résumé : Mina et Océan.
Ces deux-là se rencontrent par hasard ce soir sur le toit-terrasse d’un immeuble.
Ils ont choisi le même spot pour en finir.
Ils décident de s’accorder la nuit pour faire, ensemble… tout ce qui leur passe par la tête, en se disant toujours la vérité.
Où cela va-t-il les entraîner ?

   Attention, ce roman parle de suicide. 

   C'est le premier lien que l'on peut faire entre Océan et Mina, deux adolescents qui ont décidé d'en finir en se jetant tous les deux depuis le même toit-terrasse d'un immeuble parisien, le même soir. Le mal-être que chacun ressent est palpable, et on apprend tout au long du court roman, grâce à des flashbacks qui alternent entre l'un et l'autre des personnages, les raisons de ce mal-être : que ce soit le harcèlement, l'isolement social, l'ennui, l'incapacité de rentrer dans le moule que la société voudrait les voir investir, ce sont autant de raisons qui les ont poussés à en finir ce soir-là. Alors face à cette coïncidence qu'est leur rencontre, Mina et Océan décident de s'accorder la nuit pour réfléchir. Pour donner une chance à la vie de les cueillir, de les recueillir.

   J'ai beaucoup aimé ce roman, et je pense que les conditions dans lesquelles je l'ai lu jouent dans cette appréciation. J'ai attendu une insomnie, afin de le découvrir quasiment d'une traite pendant cette nuit, pour accompagner les deux adolescents dans les rues sombres de Paris. J'ai aimé la plume laconique de Manon Fargetton, qui nous laisse dans le flou en ce qui concerne ses personnages. L'aternance des chapitres fait qu'on n'est jamais réellement dans la tête de Mina, et jamais réellement dans celle d'Océan, on est autant perdus que ses propres personnages. Je déplore cependant une fin qui ne me semble pas vraiment aboutie, je reste sur ma faim et j'ai envie d'en savoir plus. L'histoire ne me paraît pas résolue à son terme.

   Nos Vies en l'Air est un roman clairement destiné aux adolescents, Manon Fargetton semble s'introduire directement dans la psyché d'une jeune fille de 16 ans, se glisse facilement dans la peau d'un lycéen en proie à ses tourments de jeune homme, coincé entre des responsabilités d'adultes qui pointent le bout de leur nez, et ses insouciances d'enfant qui lui disent joyeusement adieu de la main. Il invite tout à fait les adolescents en mal dans leur peau à la réflexion, sans les épargner, en appuyant là où ça fait mal pour libérer le mal-être.

   Le récit que nous offre Manon Fargetton est puissant, aborde des thématiques intéressantes et nécessaires, et raconte une ballade exaltante à travers les rues de Paris en compagnie de deux personnages que tout opposent, et qui remettent leur vie entre les mains de cette nuit passée ensemble.

lundi 30 mars 2020

La Passe-Miroir, tome 4 : La Tempête des Echos

Autrice : Christelle Dabos
Edition : Gallimard
Collection : Jeunesse
Parution : 28 novembre 2019
Origine : France
Genre : Fantasy, Jeunesse
Nombre de pages : 565
ISBN : 9782075093865
Résumé : Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.
   J'ai attendu ce dernier tome avec tant d'impatience depuis que j'ai fini La Mémoire de Babel, et pourtant, une fois que je l'ai eu entre les mains, j'ai longtemps hésité avant de le commencer. J'avais peur de finir une saga que j'ai adoré de bout en bout, j'avais peut de ne pas aimer le fin mot de l'histoire. Finalement, la période de confinement m'a permise de le sortir de ma PAL. Et ce que je redoutais qui arrive arriva : mon avis pour ce dernier tome n'égale pas celui des trois premiers tomes pour lesquels j'ai eu un coup de cœur incommensurable. Ce n'est pas que je ne l'ai pas aimé, bien au contraire, toutefois, mon ressenti est en demi-teinte.

   Le point fort de ce dernier tome, c'est la relation d'Ophélie et de Thorn qui atteint son apogée, et ça me plaît. Quand on voit leur relation dans le premier tome et dans le dernier, on voit avec satisfaction l'évolution de leur couple. Ils sont chacun le point d'ancrage de l'autre dans un univers où ils perdent tous leurs repères, où rien de ce qu'ils perçoivent n'est vraiment ce qui paraît être. Ce sont deux personnages peu conventionnels, avec une vie de couple marié peu conventionnelle, mais qui essaient de trouver des ancrages "normaux" auxquels se raccrocher, et cela se traduit d'autant plus dans ce tome-ci où on sent qu'ils se projettent dans un avenir qui s'étend au-delà de la fin de la saga. Le contraste avec l'intrigue assez lourde et compliquée de ce dernier tome est rafraîchissant et marque quelques pauses bienvenues dans l'histoire.
   Vous savez ce que j'ai aimé dans cette saga toute entière à propos d'Ophélie ? Ce sont ses différentes transformations. Déguisements, modification de ses pouvoirs, perte de ses lunettes animées, perte de son écharpe animée, confrontations au courroux de ses lunettes et son écharpe, traversées de miroirs, j'avais l'impression de suivre une Alice perdue au Pays des Merveilles, et je suis persuadée qu'il s'agit de la principale inspiration de Christelle Dabos pour écrire Ophélie. Ça, ou Super Mario.

   Mon problème principal avec ce tome, c'est le cheminement de l'intrigue jusqu'à la révélation finale. Autant cette dernière est limpide et me convient parfaitement, autant la route pour y arriver m'a été très difficile à comprendre. Sans doute parce que j'ai lu le troisième tome il y a trois ans bientôt, et donc certains éléments de l'intrigue se sont perdus dans ma mémoire, mais même les nouveaux éléments introduits dans ce tome m'ont été difficiles à concevoir. Le concept des échos, par exemple, qui donnent leur titre au roman, et toute l'intrigue autour de ceux-ci, est encore un peu nébuleux dans ma tête, et je pense qu'une relecture complète de la saga est nécessaire pour que j'arrive à tout saisir.

   Mon autre souci est le côté assez inégal de l'intrigue. La première partie est assez lente et les révélations se font rares, tandis que la deuxième moitié nous noie sous les révélations et les informations, et je pense que c'est pour cette raison que j'ai du mal à tout saisir dans sa globalité. D'autant plus qu'il y a certaines questions qui, pour moi, exigeaient des réponses. Le cas de la petite Victoire par exemple. Quelle étrange petite fille ! Et elle est d'autant plus étrange quand on a lu ce quatrième tome, puisque les révélations faites redéfinissent totalement les enjeux autour de ce bébé, fruit de Farouk et de Berenilde. Mais rien n'est dit autour d'elle, et je trouve cela bien dommage.

   Malgré ces défauts majeurs, ce quatrième tome reste une bonne lecture, parce que vous savez quoi ? Ce que je préfère dans les romans, et dans toute œuvre de fiction, tous supports confondus, ce sont les personnages, leurs relations, et leur traitement. Et ce roman réussit ces trois aspects. J'aime les personnages de cette saga dans son intégralité, et c'est pour moi le point fort de Christelle Dabos, de réussir à créer des personnages intéressants, atypiques, et qu'on a envie de suivre dans n'importe quelle aventure. Alors qu'importe que je trouve de gros défauts à l'intrigue de ce dernier tome, MERCI CHRISTELLE DABOS, je garderai un souvenir impérissable de votre saga pour vos personnages que j'ai adoré suivre pendant quatre tomes.

dimanche 22 mars 2020

Five Feet Apart

Auteurs : Rachael Lippincott, Tobias Iaconis et Mikki Daughtry
Edition : Albin Michel
Collection : ///
Parution : 29 mai 2019
Origine : Etats-Unis
Genre : Contemporain, Jeunesse
Nombre de pages : 306
ISBN : 978-2226441387
Résumé : Stella et Will sont deux adolescents atteints de la mucoviscidose. Mais quand l'une attend avec impatience sa greffe de poumons, l'autre ne peut même pas espérer avoir droit à l'opération. Car Will a aussi la bactérie B-cepacia, qui l'affaiblit toujours un peu plus chaque jour. Cependant, Will et Stella vont pouvoir vivre leur maladie un peu mieux, ensemble. À trois pas d'écart.
    En lisant la quatrième de couverture de ce roman, on pourrait penser à un remake un peu remanier de Nos Étoiles Contraires : l'histoire de deux adolescents atteints de la même maladie qui se rencontrent, s'apprivoisent et tombent amoureux, alors que le drame est suspendu tel une épée de Damoclès au dessus de leurs têtes. Cependant, même si le résumé de Five Feet Apart est très similaire au best-seller de John Green, l'histoire n'est cependant pas si convenue qu'elle n'y paraît de prime abord, et elle est de plus très intéressante.

   Ce qui m'a plu le plus dans ce roman, c'est le fait qu'il soit très bien renseigné sur la mucoviscidose, la maladie dont il est question dans l'histoire. Je fais partie de la génération qui était enfant lorsqu'on a découvert Grégory Lemarchal à la télévision et que sa maladie était encore inconnue, même de nom. Aujourd'hui, je pense que beaucoup de monde, au moins en France, connaît au moins ce nom, mais je ne suis pas persuadée qu'on sache tous encore comment la maladie se manifeste, ni même vraiment en quoi elle consiste, sinon qu'elle atteint les poumons. Il me semble que ce roman apporte quelques réponses à ces questions, et même plus encore. Savez-vous, par exemple, que deux personnes atteintes de la mucoviscidose ne peuvent pas s'approcher à plus de trois pas ? C'est une règle dont vous apprendrez la raison dans Five Feet Apart.

   Et cette règle est aussi la raison pour laquelle, pour moi, la lecture du roman a été aussi passionnante que frustrante. Les auteurs ont réussi le pari d'écrire une histoire d'amour entre les deux personnages sans que ceux-ci ne puissent se toucher. Aucune manifestation d'amour ne peut alors passer dans les gestes des personnages, tout passe par les paroles et leurs actes l'un pour l'autre, leurs pensées à propos de l'autre, ce qui rend la lecture de cette histoire d'autant plus forte. Mais aussi frustrante. Leur envie palpable de ne serait-ce que toucher la douceur des cheveux de l'autre entre ses doigts, sentir son parfum sur sa peau, enlacer l'autre, se fait ressentir à la lecture, on a le cœur qui bat fort et d'une manière douloureuse pour eux, et on aimerait qu'ils puissent effacer ces trois pas entre eux.

   Stella et Will sont deux personnages très touchants, et la façon dont leur relation évolue est très belle. On ressent la douleur de Will et sa désillusion de plein fouet, tandis que la détermination et la joie de vivre de Stella qui vient se mêler en contraste est galvanisante. D'ailleurs, il est intéressant de voir que, si les deux personnages ne peuvent se toucher ni s'approcher, leurs états d'esprit respectifs évoluent tellement au fur et à mesure du roman qu'ils semblent s'entremêler et qu'à la fin, chacun est méconnaissable car ils se sont influencés mutuellement.

   Five Feet Apart est un roman que vous allez dévorer, parce que l'histoire et les personnages sont passionnants, que l'écriture est fluide, et que vous allez aimer suivre ces personnages dans leur combat contre la maladie.

mercredi 18 mars 2020

En plein vol

Auteurs : Manon Fargetton - Jean-Christophe Tixier
Edition : Rageot
Collection : ///
Parution : 8 janvier 2020
Origine : France
Genre : Contemporain, Jeunesse
Nombre de pages : 283
ISBN : 978-2700263640
   Résumé : Après les évènements de Quand vient la vague, Jules et Romane se rencontrent enfin en licence de psychologie à la Sorbonne. Et là, c'est le coup de foudre amical. Un coup de foudre violent, sans demi-mesure, à l'image de Jules, jeune homme idéaliste qui se donnerait corps et âme pour les plus nécessiteux. Romane, quant à elle, doit apprendre à trouver son essence, à apprivoiser son corps de femme qu'elle sent lui échapper de plus en plus. Les deux amis doivent faire face à leur avenir, déchu. Abattu en plein vol.

   Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier signent avec En Plein Vol le roman compagnon de Quand Vient La Vague, publié chez les éditions Rageot il y a maintenant deux ans. Nous suivons l'histoire de Romane et Jules, personnages secondaires qui deviennent principaux, fraîchement inscrits dans la même licence à l'Université de la Sorbonne à Paris. Les deux adolescents sont reliés par une amie commune, et qui a fait l'objet de toutes les péripéties du premier tome : Nina. En effet, c'est avec Jules que Nina a fuit de squats en squats, de Bordeaux à Paris, et la jeune fille est également la meilleure amie de Romane.
   Même si ce roman reprend les mêmes personnages que Quand Vient La Vague, Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier l'ont écrit de façon à ce que les deux tomes puissent se lire indépendamment l'un de l'autre. La première raison est que l'on suit une toute nouvelle histoire qui n'a pas grand-chose à voir avec les évènements du tome précédent ici, mais en plus, les deux auteurs rappellent régulièrement la situation initiale du premier volume tout au long du roman, ce qui fait que le lecteur qui commence sa lecture du diptyque par En Plein Vol ne sera perturbé que pendant quelques pages de sa lecture. Je conseille cependant de lire ce diptyque dans l'ordre adéquat.

   Ce roman donne la part belle aux invisibles de notre société : les SDF, les sans-papiers, les drogués, les prostitués... toutes ces personnes devant lesquelles la plupart d'entre nous, moi incluse, passons devant en tournant la tête, gênés, en tentant d'oublier leur présence, comme si le fait de les ignorer pouvait faire disparaître leur misère.
   Toutes ces personnes dont l'avenir a été abattu en plein vol.
   Les deux auteurs évitent de tomber dans l'écueil qui est de romantiser cette partie invisible de la société : ils la montrent telle quelle, sans en cacher les aspects hideux, mais sans pour autant faire de leurs personnages des martyrs. Ils sont très bien renseignés sur le sujet, donnent des noms d'associations, telle que Le Refuge ou Le Planning Familial, et n'hésitent pas à en donner quelques astuces (il est possible de recourir à un examen gynécologique via le Planning Familial par exemple), des missions de certains bénévoles, semant ainsi la graine dans l'esprit de leurs lecteurs afin de construire quelque chose de meilleur, de donner envie de s'investir, peut-être, ou de tout simplement mieux comprendre comment notre société fonctionne. J'ai beaucoup aimé ce côté engagé du roman, que ce soit dans cette cause, mais aussi dans la cause féministe, notamment à travers les personnages de Romane et Lila.

   Romane et Jules sont des personnages en or, on ne peut pas s'empêcher de s'attacher à eux et de vouloir leur réussite dans tous les domaines. J'ai versé une petite larme pour Romane, dont la sensibilité et les émotions transpirent à chaque page pour m'atteindre en plein cœur ; j'ai eu envie de secouer Jules et de lui dire de tout stopper, qu'il n'était pas invincible et qu'à vouloir vaincre tout seul, à refuser l'aide de quiconque, on ne peut que sombrer. Fanch est un soleil, et Lila une petite merveille.

   J'ai vraiment aimé tous ces personnages à leur niveau, je remercie Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier pour cette magnifique collaboration à deux plumes, et je suis vraiment heureuse de me dire que j'ai partagé un petit bout de l'histoire de Jules, Romane, Nina et Clément, sur les plages de Lacanau.

Compteur Livraddict

Bannière Livraddict

Compteur Betaseries

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