jeudi 13 décembre 2018

Nox

Autrice : Eloïse Tanghe
Edition : Le Chat Noir
Collection : Cheschire
Parution originale : 14 février 2018
Genre : Fantastique
Origine : France
Nombre de pages : 325

Résumé : Dans les couloirs glacés d’un asile, des voix chuchotent à votre esprit. Elles vous murmurent une destination, un village. Vous soufflent des images. Un lac cerné de neige. Une église souillée. Un brasier et les cris qu’il renferme. Elles vous content une histoire de sorcières. Vous narrent ses chapitres maudits. Sous un linceul de cendres, git une vérité que nul habitant ne pourra plus ignorer. Leurs secrets. Leurs peurs. La vôtre. Il est déjà trop tard. Bienvenue à Clairemont.

   Salut ! Comment ça, vous ne vous souvenez pas de moi ? C'est pas comme si la dernière fois que j'avais posté sur ce blog était il y a deux mois... ah, oups, on me fait signe dans l'oreillette que c'est le cas. Bon. En même temps, entre ma recherche d'emploi, le concert MERVEILLEUX de BTS (un de mes groupes favoris) auquel j'ai assisté fin octobre à Paris, mon nouvel emploi en tant que libraire, ma recherche d'un nouvel appart et mon installation, il s'en est passé des choses dans ma vie dernièrement, je n'ai donc pas eu l'occasion de beaucoup écrire pour le blog. Cependant, ne vous inquiétez pas, j'ai lu aussi plein de livres pendant ce temps, et Nox d'Eloïse Tangue n'est que le premier de la liste, ce qui signifie que je vais de nouveau être active par ici.

    Nox est à la base un roman dont j'aurais aimé vous parler le 31 octobre dernier, car son sujet principal est la sorcellerie, enfin, plus précisément, la persécution des sorcières. Nous rencontrons au début Théa, une jeune fille qui a une particularité : celle d'entendre des voix dans sa tête. Elle a été placée en asile psychiatrique jusqu'à ses 18 ans par son père, qui a vu la mère de Théa se suicider à cause du même pouvoir (ou la même malédiction, appelez cela comme vous le voulez) que Théa. Elle va croiser la route d'Elias et Cléa, deux habitants de Clairemont qui, pour le cours d'histoire de leur lycée, doivent mener à bien un exposé au sujet de leur ville. Et bingo, leur sujet d'exposé ? La persécution et l'immolation par le feu d'une jeune femme, Eléonore, des siècles auparavant, pour la même différence que Théa. Ensemble, Théa, Elias et Cléa vont tenter de découvrir le fin mot de cette histoire, et les dangers qui peuvent attendre Théa dans une ville comme Clairemont.

   J'ai un avis assez mitigé sur ce roman. D'un côté, je suis très impressionnée, car c'est la première fois de ma vie que je lis le livre d'une autrice plus jeune que moi. Pourtant, Eloïse a la même maturité d'écriture que l'on peut retrouver chez un.e auteur.ice plus expérimenté.e. Elle écrit son récit d'une manière poétique, presque lyrique dans le style épistolaire, a une belle maîtrise du dialogue, ce qui, personnellement, a toujours été un exercice particulièrement difficile lorsque moi-même j'écris.
   Le contraste entre les différents points de vue est également bien maîtrisé. L'atmosphère glaciale et oppressante du point de vue de Théa est d'autant plus nette, tranchée sur le fil du point de vue chaleureux et rassurant d'Elias. Pourtant, malgré cette différence marquée entre les deux personnages, on sent que leurs destins sont liés, enchaînés à jamais l'un à l'autre, comme le furent ceux d'Eléonore, Henri et Elisabeth il y a des centaines d'années.
   On sent que l'intrigue a une histoire de fond très solide, et que l'autrice a fait beaucoup de recherche au niveau de son style d'écriture ainsi que dans l'élaboration de son roman. Je n'aurais jamais pensé découvrir une histoire aussi passionnante, provenant à la base de Wattpad, et pour le coup, Eloïse a réussi à briser ce préjugé envers la plateforme d'écriture en ligne pour moi.

   Cependant, on décèle quelques fragilités au niveau de l'intrigue vers la fin de l'histoire. En effet, le début est extrêmement bien construit, entre ce narrateur omniscient dont on ne connaît pas l'identité, qui sert à nous emmener à des points clés de l'histoire, le mélange des intrigues de Théa et Elias, tout ceci est hyper solide. Mais lorsque nous rentrons dans les cinquante dernières pages, on a le sentiment que l'autrice ne maîtrise plus du tout son intrigue, qu'elle ne sait comment conclure. Vers la fin du roman, je ne comprends plus les motivations et les comportements des personnages, car il n'y a pas d'explications à ce propos. On reste dans le flou, et c'est voulu, puisque c'est un roman fantastique, il doit rester du flou pour que le lecteur ait une libre interprétation du fin mot de l'histoire. Mais à mon sens, il ne devrait pas y en rester sur les motivations des personnages à faire les choses, et c'est ce qui m'a dérangée à propos de l'histoire, je trouve cela dommage de terminer sur une note de totale incompréhension de l'histoire. 
   Il est néanmoins agréable de lire un roman qui se dit fantastique, et qui respecte les codes du roman fantastique : jusqu'à la toute fin, on ne saurait pas dire si la cause des tourments de Théa, de sa mère, d'Eléonore, est naturelle, ou surnaturelle. Beaucoup de romans que l'on dit "fantastiques" d'aujourd'hui ne sont en réalité que des romans du genre merveilleux, puisqu'ils ne jouent pas sur l'ambivalence entre cause naturelle et surnaturelle du problème exposé, et le définissent clairement comme étant de cause surnaturelle. Ces jeunes femmes sont-elles victimes de traumatisme psychologique, d'une forme de schizophrénie particulièrement violente, ou possèdent-elles réellement des pouvoirs de sorcières ? L'histoire ne vous le dira jamais, c'est à vous que revient la lourde tâche de l'interprétation.

En définitive, Nox est un roman que je recommanderais chaudement à quiconque aurait envie de lire une histoire originale à propos de sorcières, qui joue sur le caractère historique de la "sorcière de Salem", dont on ne sait si elles possédaient de vrais pouvoirs ou de vraies connaissances mystiques ou du monde de l'occulte. On sent également dans l'écriture et l'esprit d'Eloïse une patte profondément féministe, et elle nous le fait savoir sous la forme d'un récit qui dénonce la persécution des femmes, sous toutes les formes que ce soit. Malgré la fin de ce roman qui me laisse sur ma faim, Nox est un très bon premier roman.

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