jeudi 28 décembre 2017

Bonjour tristesse

Auteure : Françoise Sagan
Edition : Pocket (Julliard)
Parution originale : 15 mars 1954
Genre : Tranche de vie, Drame
Origine : France
Nombre de pages : 153
   Résumé : Cécile a 17 ans et vient de rater son bac. Avec son père, quarantenaire qui enchaîne les relations, et Elsa, la nouvelle conquête de son père, elle coule des jours heureux en vacances au bord de la mer. Mais l'arrivée d'Anne dans leur vie va venir chambouler ces vacances que Cécile voulait pleines de joie et d'insouciance.



   
   J'ai fait la rencontre de Bonjour tristesse totalement par hasard en fouillant sur une table de brocante il y a cinq ans. Ce très court roman, que je savais être un grand chef d’œuvre, j'ai mis du temps à le lire car j'avais peur d'en être déçue. Ce ne fut absolument pas le cas.

   Bonjour tristesse raconte l'histoire d'un été. Un été au bord de la Méditerranée qui fut le témoin d'une histoire ordinaire, et pourtant d'une importance capitale dans la vie du personnage principal, car il va chambouler sa vie à jamais. Cécile a dix-sept ans, et elle vient de rater son bac. Son père, veuf depuis un certain nombre d'années et qui enchaîne les relations, décide de louer une villa à la mer avec sa fille et Elsa, sa nouvelle conquête. Le père et la fille entretiennent une relation fusionnelle, fondée sur l'aventure et l'insouciance, et le désir d'être heureux. Un jour, le père annonce aux filles qu'il a invité Anne, une ancienne amie de la mère de Cécile, à passer quelques jours à la villa. Aussitôt, l'atmosphère change : Anne est une femme froide, indifférente, pour qui Cécile entretient des sentiments très paradoxaux : elle l'admire, mais elle la craint également. Cécile, avec l'arrivée d'Anne, sent la fin de l'été approcher, et avec lui, sa vie heureuse avec son père.

   Ce premier roman de Françoise Sagan est un roman à propos de la complexité de l'adolescence, de l'inconscience cruelle de cet âge toujours posé sur le fil du rasoir, de l'insouciance lourde de conséquences d'un âge parfois terrible à porter. Cécile est à cet âge où elle a envie de prendre des décisions d'adulte, mais où la légèreté de la jeunesse la gouverne toujours. Elle est à un âge où elle veut évoluer, mais le changement lui fait peur.
   L'arrivée d'Anne dans la vie de Cécile et son père va tout changer à cet été. Elle est leur exact opposé : elle est la glace, alors qu'ils sont le feu. Cécile a peur que son père se lie à Anne, peur que leur vie à eux deux change. Elle ne peut pas inclure Anne dans leur futur.

   A la lecture de ce roman, on sent un sentiment de malaise qui nous tenaille les entrailles, comme si une sorte de nuage noir planait au-dessus de cette villa. L'intrigue se fonde sur des non dits et sur la passivité des personnages, surtout la passivité du père face à la bataille qui fait rage entre Anne et Cécile. On finit même par oublier que tout est de la faute du père, tant il se fond dans l'arrière plan, et j'avoue avoir eu honte à ma première lecture d'avoir seulement jugé les filles sans même morigéner le père dans mes propos.
Ce qui est très perturbant avec Bonjour tristesse, c'est que notre vision des personnages évolue au fur et à mesure que l'on avance dans le roman. C'est petit à petit que l'on commence à comprendre comment les rouages s'imbriquent, et on finit par "changer de camp" : alors qu'Anne nous paraît un personnage abject au départ, alors qu'on la voit avec nos yeux d'adolescents, puisqu'à travers le prisme de la perception de Cécile, nous finissons par la prendre en pitié et nous voyons Cécile et le père avec des yeux nouveaux.

   Je ne peux pas parler de ce roman sans parler de l'écriture de Françoise Sagan. L'auteure était à peine majeure quand elle a écrit Bonjour tristesse, et on ne peut pas ne pas remarquer à quel point son écriture est magnifique. Celle-ci arrive à retranscrire les langueurs et le rythme lent d'un été passé à lézarder au soleil, mais également la vivacité d'un âge où le poids des responsabilités ne repose pas encore sur nos épaules, et de celui où l'on refuse les responsabilités ; la fille et le père, ensemble. C'est une écriture juste à propos de la complexité de deux âges qui refusent de voir les noirceurs de la vie.

   Pour conclure, je dirais que Bonjour tristesse est un roman qui m'a transportée. Je l'ai lu avec mes yeux d'adolescente, mais également d'adulte, et je suis toujours subjuguée par la splendeur et la justesse de ce roman. Cécile est un personnage complexe, avec une vivacité d'esprit mais aussi un manque de lucidité manifeste et un manque de réflexion quant aux conséquences de ses actes. En un peu plus d'une centaine de pages, Françoise Sagan écrit un drame, un morceau de vie qui va chambouler un père et sa fille, et va leur porter un sentiment nouveau qu'ils accueillent en eux : la tristesse. 

lundi 25 décembre 2017

The Book of Dust, tome 1 : La Belle Sauvage

Auteur : Philip Pullman
Edition : David Fickling Books
Parution originale : 19 octobre 2017
Genre : Jeunesse, Aventure
Origine : Royaume-Uni
Nombre de pages : 560
   Résumé : Malcolm est un jeune garçon de 11 ans qui travaille à l'auberge de ses parents, La Truite. Il a une passion pour son canoë, qu'il a nommé La Belle Sauvage, et il l'utilise pour faire des balades et aller aider les religieuses du prieuré en face de l'auberge, qui abrite en son sein un bébé de six mois répondant au nom de Lyra. Malcolm va apprendre qu'une prophétie entoure ce bébé, et qu'elle est en danger. Avec l'aide d'Alice, une jeune fille qui travaille à La Truite, Malcolm va partir dans un périple haletant, à bord de La Belle Sauvage, afin de retrouver le père de Lyra, et la mettre à l'abri...
   Une émotion singulière m'envahit à l'heure où j'écris ces mots. La Belle Sauvage est une lecture particulière pour moi, parce que je l'attends depuis littéralement treize ans. En effet, j'étais encore une enfant quand j'ai lu pour la première fois la merveilleuse trilogie A la Croisée des Mondes de Philip Pullman, trilogie qui est encore à ce jour mon plus gros coup de cœur jeunesse. La fin de cette histoire nous promettait une suite des plus grandioses, que j'attendais telle l'Arlésienne pendant tout ce temps. Et aujourd'hui, la nouvelle trilogie de Philip Pullman, se déroulant dans le même univers et avec les mêmes personnages longtemps chéris, nous délivre enfin son premier tome, que je me suis empressée de lire dès sa sortie en version originale, parce que je suis une personne très calme et posée dans ma vie (c'est faux).

   La Belle Sauvage nous raconte une histoire qui se déroule dix ans avant les évènements du premier tome d'A la Croisée des Mondes. On y rencontre le personnage de Malcolm Polstead, un jeune garçon de onze ans qui travaille après les cours à l'auberge de ses parents, qui s'appelle La Truite. Malcolm est un garçon curieux qui aime discuter avec les nombreux clients qui viennent séjourner à La Truite, et un jour, il apprend que le prieuré où il va régulièrement aider les nonnes abrite un bébé de six mois, répondant au nom de Lyra. Malcolm se prend aussitôt d'affection pour le bébé, et, quand il apprend qu'on la cache parce qu'elle est en danger, il fait tout ce qui lui est possible de faire pour la protéger. A l'aide de son canoë, qu'il a nommé La Belle Sauvage, et accompagné d'Alice, une jeune fille qui travaille à La Truite, il va partir demander le droit d'asile à l'université Jordan College pour la petite Lyra.
   Pour les lecteurs d'A la Croisée des Mondes, vous l'aurez compris : La Belle Sauvage lève le voile du mystère sur l'arrivée de Lyra à Jordan College, le lieu où nous la découvrons pour la première fois dix ans plus tard alors qu'elle s'infiltre dans le Salon de Jordan, et où elle entendra parler pour la première fois de la Poussière.

   Je ne vais pas vous mentir, mon avis sur ce roman transpire la subjectivité. J'aime tellement cet univers, je trouve que l'histoire et les personnages de Philip Pullman sont si bien construits, que je ne pouvais que me plonger dans La Belle Sauvage avec ravissement, et j'ai adoré ce premier tome. Cependant, après une relecture en version française, mon avis s'est fait plus nuancé, surtout sur la fin du roman : il y avait un côté "Odyssée" qui n'était pas déplaisant dans la deuxième partie du roman, cependant, à certains moments où le récit se faisait très onirique, j'ai senti que l'histoire était peut-être un peu bancale et se dispersait quelque peu. Néanmoins, ce fut un délice de retrouver certains des personnages que j'ai le plus aimé dans la première trilogie : Farder Coram, pour commencer, qu'on retrouve sous un autre nom dans ce tome ; Lord Asriel, que nous découvrons sous un jour plus doux. Lyra est déjà un bébé espiègle et on sent déjà tout son potentiel et toute son intelligence.
   En ce qui concerne le trio de tête des nouveaux personnages, c'est-à-dire Malcolm, Alice et Hannah, on retrouve une similitude, voulue, je le pense, car construite en miroir, avec le trio Lyra, Will et Mary Malone, qui se formera dix ans plus tard. J'ai en tous cas beaucoup aimé la relation entre Malcolm et Hannah, ainsi que celle, plus laborieuse, entre Malcolm et Alice, comme celle de Lyra et Will le fut à ses débuts également. On sent dans l'écriture de Pullman comment une relation de confiance se bâtit entre Malcolm et Alice au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. Pullman est extrêmement habile pour écrire les relations entre les enfants, et justement, dans ce tome-ci, cette écriture sonne d'autant plus juste.
   Pullman est également très ingénieux pour aborder le sujet de la religion. Dans A la Croisée des Mondes, Pullman écrit une réponse au poème The Lost Paradise d'un de ses poètes préférés, John Milton. Il y manie la critique de la religion avec subtilité (mais pas assez cependant pour les Etats-Unis qui ont censuré le roman), alors que je trouve que dans La Belle Sauvage, il l'attaque en frontal. La critique y est bien moins ténue, surtout que ce n'est pas le sujet traité à proprement parler dans ce tome. La Belle Sauvage raconte une histoire dans l'Histoire : pendant que les Erudits se crêpent le chignon à propos de la Poussière et de la religion, Malcolm et Alice, unis par leur amour pour Lyra, naviguent au milieu de ces instances qui se déchirent pour emmener le bébé à bon port.

   On y apprend également certaines choses incroyables à propos des daemons, notamment à travers le personnage si paradoxal de Gérard Bonneville, un personnage avenant au premier abord, mais dont le daemon, une hyène mutilée, représente la vilenie de l'homme. Des questions autour des daemons se posent alors : comment un homme peut-il mutiler son daemon ? A travers le daemon de Lyra, Pantalaimon, se posent d'autres questions à ce propos : comment, alors que Lyra n'a jamais vu tel animal de sa vie, Pantalaimon peut-il se transformer en ledit animal ? Les daemons peuvent-ils tous changer de forme pendant le sommeil des enfants, ou est-ce le signe d'une grande intelligence et imagination ? Est-ce vraiment interdit de toucher le daemon des autres, ou est-ce une simple construction sociale et tacite ?

   Je pourrais disserter pendant des heures sur ce roman, tant il y a de choses à dire. J'ai eu peur au moment de ma lecture d'avoir tellement cristallisé ce moment où je tiendrais enfin La Belle Sauvage entre mes mains, que je serais déçue du livre, mais ça n'a pas été le cas. J'ai été enchantée du début à la fin, et j'attends le tome 2 avec une impatience folle. Je ne peux que vous conseiller de lire La Belle Sauvage, ainsi que A la Croisée des Mondes, c'est un univers incroyablement riche qui possède un nombre incalculable de niveaux de lectures. On peut lire cette histoire enfant, comme adulte. Je redécouvre l'univers à chaque fois que je le relis, et je l'ai relu un bon paquet de fois. Je suis extrêmement émue de vous parler enfin de La Belle Sauvage, et de me replonger dans ce si bel univers une nouvelle fois, pour encore deux nouveaux tomes.

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lundi 4 décembre 2017

Les petites reines

Autrice : Clémentine Beauvais
Edition : Sarbacane
Parution originale : 2015
Genre : Jeunesse, Aventure
Origine : France
Nombre de pages : 270
   Résumé : Mireille Laplanche est abasourdie : pour la première fois depuis trois ans que le concours a été mis en place, elle est élue Boudin de bronze. Et pas Boudin d'or ! C'est une certaine Astrid Blomvall qui lui a volé le titre, ainsi qu'une cinquième, Hakima Idriss, la deuxième place. Les trois filles ainsi élues se rencontrent, et se rendent compte qu'elles ont un point commun : le 14 juillet. L’Élysée. La Fête Nationale. Les trois jeunes filles décident de rallier Paris depuis Bourg-en-Bresse à vélos, tout en vendant... des boudins !

   C'est avec une émotion particulière que je vous présente aujourd'hui Les petites reines de Clémentine Beauvais. Je l'ai lu après les (nombreuses) recommandations d'une de mes amies, et je dois bien reconnaître que j'ai très bien fait.

   On rencontre avec ce roman un personnage très atypique : Mireille Laplanche, une jeune adolescente au physique ingrat mais au cœur d'une beauté rare. Mireille est très surprise : elle n'a pas remporté le concours des Boudins, elle, la tenante du titre depuis deux ans ! Alors aussitôt, elle veut découvrir l'identité de ses usurpatrices : Astrid Blomvall et Hakima Idriss. Celles-ci sont inconsolables, alors que Mireille décide de les prendre sous son aile. C'est alors qu'elles se rendent compte qu'elles ont un point commun : L'Elysée, le 14 juillet, lors de la Fête Nationale. Elles décident alors de commencer un périple à vélos jusqu'à Paris, bien évidemment médiatisé, et financé par une vente de boudins sur les routes de France.

   Ce roman a agit sur moi comme une thérapie. Comme Mireille, à un stade beaucoup moins avancé et grave quand même, j'ai subi le harcèlement à l'école. Parce que, voyez-vous, je cumulais beaucoup de défauts : je portais des bagues, des lunettes, et en plus, j'étais intello. Alors, c'est vrai que c'était de bonnes raisons d'être persécutée par les autres (spoiler : non.). Mais moi, j'avais pas la même force d'esprit que Mireille à l'époque, et voir un personnage aussi solaire à qui il est arrivé les mêmes soucis que moi au collège (de type, liste des filles de la classe, en partant de la plus belle jusqu'à la moins belle) (bizarrement, la même liste n'existait pas pour les garçons) m'a fait un bien fou. J'avais envie d'aller voir la Gaëlle de 14/15 ans, lui donner toutes les punchlines de Mireille entre les mains, et de lui dire "vas-y, sers-toi de ces armes". Mireille n'est peut-être pas belle physiquement, mais c'est un personnage au cœur pur et plus beau que le plus brillant des joyaux.

   On ne rencontre pas uniquement le personnage de Mireille dans ce livre. Astrid et Hakima, ses deux amies, se révèlent et se découvrent au fur et à mesure du roman. Astrid la jeune fille déboussolée des premières pages laisse place à une jeune fille sûre d'elle, aux instincts maternels très développés. On découvre une relation presque mère-fille entre elle et Hakima, qui elle, découvre le petit bout de femme qu'elle est en train de devenir. Hakima apprend à avoir confiance en elle, à devenir sûre d'elle. Le voyage que les filles ont entrepris les a non seulement quelque peu libérées des diktats de la beauté (même si elles se découvrent encore des faiblesses et des fêlures, ce qui est normal), mais elles ont également découvert qui elles étaient vraiment.

   Les petites reines aborde beaucoup de sujets importants et d'actualité. Le harcèlement, surtout à l'école, est le sujet fondamental du roman, mais celui-ci dérive vers d'autres sujets qui touchent notamment au féminisme, sujets auxquels je suis particulièrement sensible : le changement des corps à la puberté, les diktats et injonctions à la beauté, à travers les personnages des trois filles, mais aussi à travers Kader Idriss, a.k.a le Soleil. Clémentine Beauvais cite Olympe de Gouges ainsi que Madmoizelle dans son roman, notamment, des influenceur.se.s du féminisme, des fenêtres sur ce combat pour l'égalité homme-femme. Et Clémentine Beauvais aborde ces sujets sur un fond de légèreté et d'humour, et une fraîcheur remarquable.

   Les petites reines est un roman à mettre entre les mains de chaque adolescent que vous rencontrez, mais pas seulement. C'est un roman qui peut faire du bien à l'adulte que vous êtes devenus, car il permet de faire une sorte de thérapie rétrospective, et de faire la paix avec son Moi adolescent. Je l'ai notamment prêté à ma mère dès la fin de ma lecture, car je me suis dit que ce roman lui ferait également beaucoup de bien. Ce roman m'a fait le même effet que My Mad Fat Diary, une série que je recommande vivement de regarder à tout le monde, et j'ai même lâché une larme à la fin du livre. Les petites reines est un livre d'une magie et d'une majesté incroyable, et je suis ravie et émue d'avoir croisé sa route.
   Mais attention : le long de la piste cyclable !


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dimanche 19 novembre 2017

Cold Winter Challenge 2017 | CHALLENGE

   Salut toi !

   "Oh la la, quelle originalité, Gaëlle, on ne s'attendait pas du tout à cet article de ta part cette année encore, c'est pas comme si tu participais pas chaque année au challenge Cold Winter et nous soûlais pas avec sur les réseaux sociaux..." Je sais ce que vous pensez, mais, eh, vous m'aimez comme ça non ? Ce challenge me tient particulièrement à cœur chaque année, parce que déjà, il me permet de sortir des livres qui attendent depuis longtemps dans ma PAL, et en plus, c'est mon moment cocooning de l'année.


   Comme vous le savez sans doute, vu que j'en parle chaque année, ce challenge a été créé par Antonine, et modéré par Margaud cette année sur les réseaux sociaux. Je vous laisse la vidéo de Margaud ci-contre, qui vous en parlera mieux que moi :
 
   Bon, vu que moi, j'avais déjà prévu ma PAL pour cet évènement depuis beeeeeelle lurette (vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les livres qui me tentent pour le CWC dans une liste publique sur mon compte Livraddict juste ici), je me suis rendue compte avec amusement que je remplissais trois des quatre menus concoctés par Margaud cette année : les menus "La magie de Noël" avec Les Carillons de Charles Dickens et Noël à Virgin River de Robyn Carr, "Flocons Magiques" avec le tome 2 de L'épée des ombres de J.V. Jones, La Forteresse de glace grise, et enfin "Marcher dans la neige" avec Winter de Rick Bass et Vouloir toucher les étoiles de Mike Horn. A ceux-ci, je souhaite rajouter deux livres supplémentaires cette année : Esprit d'hiver de Laura Kasischke et Le Petit Chaperon Rouge : Un Nouveau Monde de Leandro de Carvalho.


  • Les Carillons (contes de Noël) de Charles Dickens
  • Noël à Virgin River de Robyn Carr
  • Le Petit chaperon Rouge : Un Nouveau Monde de Leandro de Carvalho
  • Vouloir toucher les étoiles de Mike Horn
  • L'épée des ombres, tome 2 : La Forteresse de glace grise de J.V. Jones
  • Esprit d'hiver de Laura Kasischke
  • Winter de Rick Bass

Et voilà pour moi ! J'espère avoir rappelé ce challenge à votre bon souvenir, et vous retrouver en décembre autour de belles lectures, de plaids tous doux et de chocolats chauds bien réconfortants. En tous cas, moi je sais déjà que mon mois de décembre (outre les partiels et le stress à l'IUT) sera absolument parfait, livresquement parlant.




mardi 14 novembre 2017

Personne ne gagne

Titre original : You can't win
Auteur : Jack Black
Edition : Monsieur Toussaint Louverture
Collection : Les Grands Animaux
Parution originale : 1932
Genre : Mémoires
Origine : Etats-Unis
Nombre de pages : 480 pages

   Résumé : Thomas Callaghan, dit "Jack Black", né dans le Missouri, aux Etats Unis. Orphelin de mère et délaissé par son père, il est fasciné par les grands bandits qu'il côtoie depuis sa plus tendre enfance et mène très vite une vie de "hobo". Il devient à l'âge adulte un "yegg", un perceur de coffres émérite, puis est condamné à 26 ans de prison. Il raconte ses mémoires à sa sortie de prison, alors qu'il est engagé par un journaliste, dans le cadre de sa réinsertion dans la société.

   Personne ne gagne est un des deux livres que j'ai lu cette année que je classe dans mes coups de cœur ultimes de cette année 2017. Je l'avoue, si je me suis intéressée à ce livre de prime abord, c'est en premier lieu pour sa couverture magnifique : la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture fait un travail superbe avec sa nouvelle collection des Grands Animaux, qui compte à ce jour, et pour le moment, trois romans. Et non seulement ces livres sont avant tout de très beaux objets, mais ils sont aussi très peu chers, surtout pour du semi-poche. En ce qui concerne Personne ne gagne, je peux vous assurer que le contenu est aussi bon que l'extérieur est beau.

   Personne ne gagne est le témoignage de Thomas Callaghan, alias "Jack Black", un grand bandit du XIXè siècle, né dans le Missouri, aux Etats-Unis. Etant orphelin de mère et délaissé par son père, celui-ci se retrouve à devoir rouler sa bosse très jeune, et côtoie de ce fait des personnes très peu fréquentables, surtout à cette époque aux Etats-Unis. Très vite, ils se retrouve embrigadé par des voyous pour faire des casses et cambrioler des coffres. Jack Black va notamment devenir un yegg, un perceur de coffres émérite. Toujours en quête de liberté, il va cependant se retrouver régulièrement en prison, et va écoper de 26 ans d'enfermement.

   L'intérêt principal que je trouve à ce livre, c'est que ce n'est pas un roman, et pourtant, ça ressemble à un roman. Jack Black raconte son histoire avec une plume de conteur, on a cette impression que l'auteur nous raconte son récit comme s'il était présent dans la pièce, avec une forme d'oralité qui rend le récit très fluide et agréable à lire. Mais cette histoire n'est pas un conte, c'est une histoire vraie. Tout ce que raconte Jack Black lui est réellement arrivé, c'est une forme d'autobiographie, ce qui est d'autant plus intéressant qu'on a une vraie vision de la vie dans l'Ouest des Etats-Unis au XIXè siècle, vision que l'on a d'habitude seulement à travers les différents westerns qu'a pu produire Hollywood, et qui est souvent très romancée. Ici, Jack Black nous expose sa vie de hobo de manière brute, dans un style qui explose tous les stéréotypes. Jack Black n'a pas le souci de plaire, comme beaucoup d'auteurs qui écrivent leur autobiographie, mais simplement d'exposer une vie sujette aux préjugés et à une certaine fascination.

   Jack Black atteint un autre objectif en nous contant son histoire : conter un récit authentique, raconter ces vies que l'on ne connaît pas, que nous ne comprenons pas. C'est un récit dans lequel le lecteur s'implique, et devient presque complice des méfaits du narrateur, on le suit dans son monde et on s'imprègne de ses codes. C'est un récit qui vient du cœur, plein de vie et d'espoir, qui contraste avec une vie sans avenir et dangereuse. Le temps d'une lecture, on intègre ce réseau de cambrioleurs, de receleurs, de bandits, qui ne connaissent que leurs propres codes et leurs propres lois, ne respectent que leurs propres valeurs. Raconter son histoire, c'est cependant également raconter les dessous peu glorieux : les arrestations, la prison, la mort. Jack Black insiste particulièrement sur le sujet, et a pour combat dans ses dernières années de changer la politique des prisons américaines. A l'époque, la torture et le matraquage des prisonniers était autorisé, et loin de dissuader ceux-ci de récidiver à leur sortie de prison, et de se réinsérer dans la société, cela allume la flamme de la vengeance dans leur esprit et les pousse à recommencer, toujours d'une manière plus extrême. Jack Black a eu la chance de tomber sur les bonnes personnes à la fin de sa peine. Personne ne gagne, c'est le discours rétrospectivement amer et pessimiste d'un homme qui rêvait de liberté, et qui ne peut l'avoir en entier. Personne ne gagne, c'est le récit de celui qui réalise que dans la vie, personne ne gagne. Le narrateur regarde son passé, sans juger, mais avec une certaine sagesse, le révèle avec tendresse sans atténuer sa rudesse, sans se dédouaner, sans bien-pensance, sans arrière pensée.

    Personne ne gagne est un récit brut, mais plein de tendresse ; chaud, qui dépeint un monde froid ; terriblement authentique. Ces mémoires d'un grand bandit forment un concentré d'une Amérique qui perdure encore aujourd'hui, soulèvent des problématiques toujours d'actualité, toujours avec une simplicité déconcertante et une verve de conteur.

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vendredi 10 novembre 2017

Autre Monde, tome 1 : L'alliance des Trois

Auteur : Maxime Chattam
Edition : Le Livre de Poche
Parution originale : 2008
Origine : France
Genre : Fantastique, Post-Apocalyptique, Surviving
Nombre de pages : 451 pages
 Résumé : Personne ne l'a vue venir. La Grande Tempête : un ouragan de vent et de neige qui plonge le pays dans l'obscurité et l'effroi. D'étranges éclairs bleus rampent le long des immeubles, à la recherche de leurs proies, qu’ils tuent ou transforment... Après leur passage, Matt et Tobias se retrouvent sur une Terre ravagée, différente. Désormais seuls, ils vont devoir s’organiser. Pour comprendre. Pour survivre... à cet Autre-Monde.


   Autre Monde est le premier roman de Maxime Chattam que je lis. C'est un auteur que j'ai toujours boudé, et ce, uniquement par préjugé. Maxime Chattam est un auteur spécialisé dans le roman policier, un genre de roman qui ne m'a jamais particulièrement attirée, son nom est donc peu présent dans ma bibliothèque. Cependant, j'ai décidé de lui laisser une chance après avoir regardé les Instastories de Lemon June sur le sujet. Ça avait l'air différent, la couverture était cool, alors je me suis lancée. Et j'ai eu raison.

   On retrouve avec ce premier tome deux amis, Matt et Tobias. Ceux-ci sortent du collège un jour, et constatent qu'une tempête est sur le point de se former, ils se dépêchent alors de rentrer chacun chez eux. Alors que celle-ci éclate, Matt se rend compte que cette tempête n'est cependant pas comme les autres : elle est particulièrement violente, puisque ses éclairs font disparaître ou transforment en monstres presque tous les adultes, épargnant les enfants. Tobias et Matt se retrouvent ensuite, et décident de partir vers le sud des Etats-Unis afin de découvrir si des groupes de survie se sont formés. C'est alors que commence une grande aventure à travers les Etats-Unis ravagés.

   Ce que j'ai particulièrement apprécié avec ce premier tome, ce sont les préoccupations écologiques que soulève Maxime Chattam. En effet, à travers les paroles de ses personnages, il fait le présupposé que la Terre, notre maison, possède une conscience, et que celle-ci, en créant une tempête qui décima presque toute sa population adulte, décida de se révolter contre tout le mal qui lui a été fait depuis que l'Homme vit. Et personnellement, je la trouve particulièrement patiente, la Terre, parce que moi ça ferait depuis longtemps que j'aurais écrasé la vermine qui me ronge la peau si j'étais elle, j'aurais pas attendu des siècles.  Même si un siècle dans la vie de la Terre doit correspondre à une seconde dans ma vie, mais bon. Je m'égare.
   L'idée de ce roman est de rendre la Terre à ses héritiers, les enfants. Celle-ci les a épargnés car elle estime que les enfants ont droit au bénéfice du doute et qu'ils sont encore les plus aptes à réparer les erreurs de leurs aînés. Toujours d'après ce que les enfants présupposent, puisque dans ce premier tome, aucune réponse n'est données, seules des suppositions sont faites. Il faudra attendre la suite pour comprendre, et donc être patients.

   Ce que je remarque avec cette première entrée dans l'univers de Maxime Chattam, c'est que ses romans ont l'air d'être ultra référencés. Dès le départ, l'auteur ouvre une fenêtre sur son univers musical, cinématographique et littéraire, on sent qu'il met du sien dans son livre et ça fait du bien à lire. Mais du coup, cela a ses avantages et ses inconvénients : en ce qui concerne la construction des personnages principaux, j'ai eu des réminiscences d'autres trios de personnages que j'ai vu dans d'autres œuvres littéraires : Matt, Tobias et Ambre m'ont fait penser à certains moments à Harry, Ron et Hermione dans Harry Potter de JK Rowling, mais aussi, et surtout, à Percy, Grover et Annabeth dans la saga Percy Jackson de Rick Riordan : Matt est un personnage qu'on peut qualifier de "stupidement héroïque et loyal", tout comme Percy, Tobias est un personnage particulièrement peureux, mais qui possède un cœur d'or et une loyauté à toute épreuve, à l'image de Grover, et Ambre est la fine stratège du groupe, tout comme l'est Annabeth. Du coup, je n'ai pas trouvé que ces personnages avaient une existence propre dans ce roman, je les ai trouvés un peu caricaturaux, et j'espère que cela changera dans les tomes à venir.

   Dans tous les cas, L'Alliance des Trois est un très bon premier tome à mon sens : il y a de l'action et des péripéties, je ne me suis pas ennuyée une seule fois au cours de ma lecture, les personnages bien qu'un peu clichés sont agréables et on prend plaisir à suivre leurs aventures, l'histoire tient debout et est cohérente en fonctions des codes de l'univers de l'auteur. Le roman possède tous les ingrédients d'une excellente saga en devenir, et j'ai hâte de découvrir la suite.

mardi 7 novembre 2017

GLOW | Chronique Série

Titre original : GLOW
Créée par : Liz Flahive & Carly Mensch
Origine : Etats-Unis
Genre : Comédie
Première diffusion : 23 juin 2017
Sur : Netflix
Vue en : VOSTFR
S'étend sur : 1 saison, 10 épisodes
Durée d'un épisode : 35 minutes
Statut : En production
Avec : Alison Brie, Betty Gilpin, Sydelle Noel, Britney Young, Marc Maron
   Pitch : Ruth est une actrice au chômage qui enchaîne les auditions et les déceptions. Elle se présente suite à une annonce recherchant des femmes "non conventionnelles". Sur place, elle apprend qu'il s'agit d'un spectacle de catch féminin télévisé, GLOW. En parallèle, elle doit gérer ses erreurs passées avec le mari de sa meilleure amie, la vedette de GLOW.
   Si on m'avait dit un jour que je me prendrais d'affection pour quoi que ce soit qui ait un rapport avec le catch, je crois que j'aurais ri au nez de cette personne. Et pourtant, GLOW, la nouvelle série de Netflix qui rend hommage aux Gorgeous Ladies Of Wrestling (= les Sublimes Dames du Ring), une série éponyme de catch féminin diffusée dans les années 80, est une de mes séries préférées de 2017, voire une de mes préférées tout court.
   GLOW raconte l'histoire de Ruth, une actrice au chômage qui peine à trouver du travail au début de la série et enchaîne les auditions sans jamais être rappelée. Elle se pense ratée, car elle ne trouve ni travail, ni mec, ni objectif dans la vie. En plus, elle a commis une grosse erreur avec le mari de sa meilleure amie un soir où elle avait forcé sur la bouteille, ce qu'elle regrette amèrement. Sa vie bascule le jour où elle est appelée pour une audition pour un casting recherchant des "femmes non conventionnelles". Elle s'aperçoit alors qu'elle va participer à un show mettant en scène des matchs de catch féminin, pour un programme télévisé intitulé GLOW, Gorgeous Ladies Of Wrestling. N'y prêtant que très peu de crédit et ne le prenant pas au sérieux au départ, Ruth va finir par s'investir pleinement dans ce monde de paillettes, de castagne et de costumes hauts en couleur.

   L'aspect le plus réussi de cette série à mon sens, c'est le respect de l'atmosphère d'époque. La série est kitsch au possible, mais dans un sens positif du terme, que ce soit au niveau de la mode, où l'on retrouve l'esthétique de l'époque disco (on a l'impression de voir des clins d’œil à Fame ou Flashdance à certains moments de la série), mais aussi dans le choix de la caméra, qui donne un aspect fuligineux caractéristique de l'image que donne une cassette VHS, et contribue à immerger le spectateur dans cette époque très haute en couleur. Ces éléments combinés donnent l'impression, dans les scènes de catch de la série, de suivre un véritable show télévisé produit dans les années 80. Il n'y a qu'à regarder un extrait du pilot de la série originale, près de 40 ans séparent celle-ci de la série de Netflix, et on sent vraiment l'effort fourni pour que le show rende le meilleur hommage possible.

 
Opening theme of the original GLOW show

     Si vous cherchez un show à personnages, cette série ne risque pas de vous plaire. Ce n'est pas le genre de série qui est faite pour développer des personnages ou des relations entre ceux-ci, du moins ce n'est pas le but de cette première saison. Tout simplement parce que cette saison 1 est là pour nous montrer exclusivement les coulisses d'un show télévisé de catch féminin. Les actrices jouent le rôle de personnages qui jouent un rôle eux-même, c'est une mise en abyme du travail d'acteur.ice, et on ne peut tout simplement pas s'attacher à des personnages qui se cachent derrière un rôle. Cependant, j'aime beaucoup la dynamique des filles dans leur travail, elles rendent vraiment bien sur le ring, et le point positif, c'est qu'elles sont toutes très différentes les unes des autres. C'est la même réflexion que j'ai fait dans mon article sur Orange is the new Black, et ce n'est pas anodin : Jenji Kohan, la showrunner de cette dernière série, est productrice exécutive sur GLOW, et cela se sent quand on regarde le show, je n'ai absolument pas été étonnée quand j'ai eu l'information. 
   GLOW aborde également le thème de la misogynie et le sexisme dans le milieu du catch, notamment à travers le personnage de Sam, l'entraîneur des filles qui se montre particulièrement détestable dès le début de la série. Le problème que j'ai avec ce personnage, c'est que plus on avance dans la série, moins son personnage misogyne se fait caricatural et il se fait plus nuancé, mais pas dans ses opinions. On commence même à l'apprécier. Et ça m'embête un peu, car c'est la parfaite illustration du sexisme intériorisé : les filles voient bien qu'il les traite comme des personnes inférieures, mais elles finissent par laisser couler, et même par l'apprécier. Le souci, c'est que ce n'est pas évident que la série illustre le sexisme intériorisé et banalisé à travers ce personnage, et heureusement que les filles sont là pour montrer des modèles de femmes, chacune fortes à leur manière.


  
   GLOW met en lumière le travail en amont d'un show télévisé de catch, c'est-à-dire l'élaboration d'une histoire (oui, parce que le catch c'est pas juste des mecs ravagés du cigare qui se tapent sur la pomme), de préférence une histoire qui glorifie les Etats-Unis et gonfle l'ego des spectateurs ; l'apprentissage de figures de catch ; l'écriture de personnages très caricaturaux : le personnage de la mère américaine, celui de l'ennemie russe, celle qui vit sur les cotisations, etc... on se rend compte que le catch aux Etats-Unis est un vrai moyen d'un côté pour pointer du doigt ce qui ne fonctionne pas dans le paysage politique, social, économique américain, et dans le monde (d'ailleurs, beaucoup de catcheurs professionnels supportent des associations et autres organisations qui aident à enrayer l'analphabétisation dans le monde, ou supportent la recherche contre le cancer) mais paradoxalement, il cherche à conforter le spectateur moyen américain dans ses opinions (la Russie est l'ennemi, l'Américain est gentil).


   En définitive, GLOW est, très subjectivement, une des meilleures séries que Netflix ait produit jusqu'à aujourd'hui, mais même objectivement, il s'agit d'une excellente série. Elle mêle hommage à une véritable institution aux Etats-Unis, et messages forts de dénonciation sur de nombreux sujets de société très importants. C'est aussi une série très divertissante, avec une super B.O. d'ailleurs, en tous cas pour ceux qui adorent la musique des années 80 (personnellement j'ai Shazamé toutes les chansons), et le pilot est assez incroyable, c'est un des meilleurs à mon sens, toutes séries confondues. Cependant, c'est une série hyper référencée, si on n'apprécie pas le catch un minimum, ou même seulement les codes du catch, il vaut mieux passer son chemin. C'est donc une série que je ne conseillerais pas à tout le monde, mais je vous propose d'au moins essayer le pilot, très représentatif du reste de la saison.

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lundi 2 octobre 2017

L'évolution de la société anglaise d'après-guerre, avec Downton Abbey | Chronique Série

Titre original : Downton Abbey
Créée par : Julian Fellowes
Origine : Royaume-Uni
Genre : Série dramatique/Costume Drama
Première diffusion : 26 septembre 2010
Sur : ITV1
Vue en : VOSTFR, VO
S'étend sur : 6 saisons, 52 épisodes
Durée d'un épisode : 50 min environ, 1h30 pour les finaux
Statut : Terminée depuis le 25 décembre 2015
Avec : Hugh Bonneville, Elisabeth McGovern, Maggie Smith, Dan Stevens, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jessica Brown Findlay, Jim Carter, Penelope Wilton
   Résumé : On suit la vie de la famille Crawley et de leurs domestiques au manoir de Downton, dans le Yorkshire, entre le 15 avril 1912 et le 31 décembre 1925.
 
   Downton Abbey est une série qui se situe dans une suite logique de séries historiques comme les britanniques en font beaucoup, la série historique étant au Royaume-Uni ce que la série policière est aux Etats-Unis. Elle raconte l'histoire d'une famille aristocratique anglaise et de leurs domestiques, influencée par les différents grands évènements du début du XXè siècle qu'ils vont subir tout au long des six saisons qui constituent la série. Celle-ci débute au lendemain du naufrage du Titanic, à bord duquel se trouvait l'héritier du manoir de Downton, qui devait épouser Mary Crawley, la fille aînée de Lord Grantham, His Lordship. Panique à bord du vaisseau Crawley, s'ils ne marient pas leur fille aînée à l'héritier de Downton, la famille perd le titre de Comte, le domaine ainsi que leur fortune, tous trois indissociables. En plus de ça, deux années plus tard, la Première Guerre Mondiale est déclarée, modifiant à jamais les rapports que la haute bourgeoisie anglaise entretient avec les domestiques et autres travailleurs, mais aussi le rapport aux médias (télévision, cinéma, musique, radio,presse écrite, ...) de la société anglaise du début du XXè siècle.


   C'est ainsi, l'un des thèmes principaux de la série : l'évolution de la société anglaise d'après-guerre. En effet, elle illustre parfaitement le rapprochement de l'aristocratie avec la caste des travailleurs, que ce soit sur le champ de bataille, où les hommes venaient de tous horizons et de toutes classes sociales, mais aussi dans les campagnes, où les femmes de toutes castes sociales ont appris à manier le scalpel et le fil de suture, ainsi qu'à conduire, puisque les hommes ne sont plus là pour assumer toutes leurs tâches. Après la guerre, l'évolution de la société continue : les femmes s'émancipent de plus en plus, on en a une belle illustration avec le personnage de Sybil Crawley, véritable féministe et Suffragette de la série, ainsi qu'avec le personnage d'Edith Crawley, qui va prendre son essor telle une chenille qui se transforme en papillon.


   L'évolution de la société passe également par la fracture de la frontière entre aristocratie (que l'on appelle upstairs) et caste ouvrière (que l'on appelle downstairs) ; grâce au personnage de Tom Branson, chauffeur de la famille Crawley, nous avons une parfaite image de ce que peut représenter cette fracture d'après-guerre pour la société anglaise. 

   La série nous offre pas uniquement un point de vue positif sur l'évolution de la société anglaise d'après-guerre : en effet, celle-ci montre les points de vue des plus jeunes, notamment les enfants Crawley, mais également les plus jeunes domestiques, qui voient là une opportunité de gagner en liberté et libre-arbitre sur leur vie, mais également le point de vue des plus âgés, comme Lord Grantham, Lady Violet, ou encore Carson le majordome, qui voient cette évolution d'un mauvais œil car trop éloignée de la vie à laquelle ils sont habitués et qu'ils sentent qu'elle leur file entre les doigts.


   Downton Abbey est également l'occasion de découvrir certaines des plus belles histoires d'amour que la télévision ait pu nous offrir jusqu'ici. Grâce aux personnages de Mr. Bates et Anna, vous allez passer par toutes les émotions possibles et imaginables : la frustration, la joie, la colère, la tristesse, la joie de nouveau, leur couple est une montagne russes d'émotions en tous genres. La relation de Sybil et Tom est toute aussi belle, quoique teintée d'amertume en ce qui me concerne, mais ça, vous découvrirez pourquoi en visionnant la série. 

   Enfin, il faut dire quelque chose à propos de Downton Abbey. Si la série n'offrait pas une photographie magnifique, des scénarios très bien écrits, ainsi que des jeux d'acteurs remarquables, on se retrouverait vite devant Les Feux de l'amour. Downton Abbey, ce sont des grandes joies qui arrivent d'un seul coup, des grandes peines qui vous tombent brusquement sur les épaules, et ce, de manière plus ou moins aléatoire et brusquement. J'ai rarement passé un épisode sans pleurer et rire à la fois. Ce sont des grandes périodes de temps qui passent en quelques dizaines de minutes, je me souviens d'un épisode où on annonce une grossesse au début, et à la fin de l'épisode, la femme accouche. Seulement, c'est une série d'une grande qualité scénaristique, en ce qui concerne la réalisation, mais aussi la direction des acteurs, et c'est pourquoi Downton Abbey ne peut être qualifiée de soap opera, mais plutôt de costume drama.


   Downton Abbey est une série chère à mon coeur, c'est à mon avis une valeur sûre à conseiller à tout le monde. Elle se regarde très facilement, on s'attache et s'indentifie à tous les personnages à un moment où l'autre, je ne crois pas avoir vraiment détesté ne serait-ce qu'un personnage parce que la série ne nous renvoie pas une image biaisée de ceux-ci. Il n'est pas question d'y dire "les aristocrates sont méchants, les domestiques sont gentils", il y a des personnages malveillants et bienveillants upstairs comme downstairs, et on suit leurs aventures désastreuses ou bienheureuses. Downton Abbey est ce que j'appelle une série doudou, c'est-à-dire qu'elle fait du bien au corps et à l'esprit, elle est à consommer avec un bon thé anglais et des petits gâteaux, et ce, bien enroulé.e dans un bon plaid bien chaud.

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samedi 9 septembre 2017

A Song of Ice and Fire, tome 3 : A Feast For Crows

Auteur : George R. R. Martin

Edition : J'ai lu

Parution originale : 2010

Genre : Fantasy

Origine : Etats-Unis

Nombre de pages : 894
   Résumé : Sanguinaires, perfides et rusés, les Lannisters sont au pouvoir sur le Trône des Sept Couronnes au nom de leur fils, le jeune roi Tommen. La guerre à Westeros s'intensifie et s'aggrave, mais les conséquences amères de ses conflits redistribuent les pièces du jeu des trônes. Les familles Martell et Stark cherchent vengeance pour leurs morts. Euron l’œil-de-Choucas, qui est allé plus loin en mer que n'importe quel pirate, revient des ruines fumantes de l'Antique Valyria pour réclamer le Trône de Grès des Îles de Fer. Par delà le Nord glacé, où les Autres menacent le Mur, l'apprenti mestre Samwell Tarly apporte un mystérieux enfant à la Citadelle. Sur une toile de fond d'inceste et de fratricide, d'alchimie et de meurtres, la victoire ira aux hommes et femmes dont le cœur est aussi froid que le plus froid des aciers.
 "- Will the king and I have children ? She asked.
- Oh, aye. Six-and-ten for him, and three for you. Gold shall be their crowns, and gold their shrouds. And when the tears have drowned you, the valonqar shall wrap his hands about your pale white throat and choke the life from you." Maggy the Frog.

   En ce moment, je suis en pleine relecture de la saga A Song of Ice and Fire, comme chaque année au moment de la diffusion de la nouvelle saison de la série Game of Thrones qui me donne toujours envie de me replonger dans l'univers littéraire. Puisque je m'étais arrêtée au tome 3 en ce qui concerne mes chroniques sur le blog, je continue avec le tome 4 aujourd'hui.

   Le tome 4, ainsi que le tome 5, A Dance with Dragons, sont des tomes découpés de manière particulière : en effet, alors que l'auteur était en train d'écrire le livre qui devait suivre le tome 3, A Storm of Swords, il s'est rendu compte qu'il avait trop écrit pour un seul tome, ce qui est le comble pour un auteur. Au lieu de tout simplement couper le tome en deux parties égales par le milieu, George R. R. Martin a eu l'idée de couper son livre en fonction de la géographie de son univers : le tome 4, A Feast for Crows, concentre son intrigue sur le Sud de Westeros et les Cités Libres, et le tome 5, A Dance with Dragons, se passe essentiellement sur Essos, le Nord de Westeros et le Mur et au-delà. Ainsi, au lieu d'avoir la moitié de l'histoire de tous les personnages pour un tome, vous aurez la totalité de l'histoire d'une moitié des personnages sur un tome. Vous n'entendrez que très peu parler de Jon, Daenerys, Tyrion ou encore Theon dans A Feast for Crows, en revanche vous trouverez un nombre optimal de chapitres concernant Cersei, Jaime, Brienne, ou encore Sansa et Arya, et vous rencontrerez les personnages d'Arianne Martell et de Victarion Greyjoy. En bref, l'histoire que vous lirez dans les tomes 4 et 5 se déroule sur une même période chronologique, simultanément.

   Personnellement je ne suis pas super fan du système. J'aurais préféré que George R. R. Martin fasse comme avec A Storm of Swords et coupe l'histoire en deux, de façon à ce qu'on continue à voir tous les personnages dans chaque tome. Je trouve ce tome beaucoup plus inégal que les précédents. A Feast for Crows est un tome plus politique, moins dans l'action, ce qui fait que l'on s'ennuie assez souvent avec ce livre. Les questions de politique sont en effet assez rébarbatives à la lecture ; se plonger dans les litiges parlementaires entre King's Landing et Vivesaigues, le problème de régence à la gouvernance du Val d'Arryn ou encore les questions de succession sur le Trône de Grès des Îles de Fer sur des centaines de pages n'a rien d'attrayant. Le problème, c'est que ces sujets revêtent des questionnements qui seront importants pour la suite de la saga, et qu'il est important de comprendre maintenant ce qu'il s'y passe. Malheureusement, les chapitres qui m'ont le plus intéressée concernent des personnages que nous voyons peu dans ce tome : il s'agit de ceux d'Arianne Martell, de Brienne et de Sam. Ce sont les chapitres qui contiennent le plus d'action et d'avancement de l'histoire, les deux éléments qui gardent le lecteur captif de sa lecture. C'est pour cela que je préfère A Dance with Dragons, le tome suivant, parce que nous retrouvons enfin les personnages de Jon, Daenerys et Tyrion, qui sont les personnages qui offrent le plus d'action, en plus du fait qu'ils font partie de mes personnages préférés. 

   Pour faire une petite étude comparative avec la série : je ne suis, pour ne pas changer, pas de l'avis de ceux qui trouvent ennuyeux que les showrunners se soient éloignés des livres à partir du tome 4 et de la saison 5. J'aurais détesté voir dans la saison 5 de la série ce que j'ai lu en ce qui concerne les personnages de Jaime et de Sansa dans ce tome par exemple : cela n'aurait eu aucun intérêt cinématographique de filmer ce type d'intrigues et nous nous serions ennuyés devant notre écran (maintenant cela ne m'empêche pas d'être sensible au sort de Sansa dans la série). Bien que la saison 5 ait de sérieuses lacunes sur le plan scénaristique pour certains personnages (le massacre de l'intrigue de Dorne étant une honte par exemple) nous aurions eu bien plus à lui reprocher si elle avait été fidèle aux livres. Je trouve au contraire que les showrunners ont corrigé certaines longueurs des livres dans la série par ailleurs. 

   Pour conclure, je suis assez mitigée sur ce tome 4, ce n'est certainement pas mon préféré de la saga, même si celui-ci met en place une intrigue assez incroyable pour la suite, et promet un feu d'artifice (ou grégeois) pour tous les personnages de la saga. En tous cas, une chose est sûre : je n'aimerais pas être un personnage de livres confiée aux mains de George R. R. Martin.

dimanche 3 septembre 2017

La Passe-Miroir, tome 3 : La Mémoire de Babel

Auteure : Christelle Dabos
Edition : Gallimard
Parution originale : 2017
Genre : Fantasy, Jeunesse
Origine : France
Nombre de pages : 496
   Résumé : Thorn a disparu depuis deux ans et demi et Ophélie désespère. Les indices trouvés dans le livre de Farouk et les informations livrées par Dieu mènent toutes à l'arche de Babel, dépositaire des archives mémorielles du monde. Ophélie décide de s'y rendre sous une fausse identité.


      Le troisième tome de La Passe-Miroir est le livre qu'il me tardait de tenir entre mes mains cette année, surtout après la fin que le tome 2 nous donnait, et qui nous laissait envisager une suite très prometteuse.
   Nous retrouvons Ophélie deux ans et demi après les évènements du Clairdelune : elle est retournée vivre de force sur Anima, surveillée par les Doyennes et sa famille qui l'empêchent de partir à la recherche de Thorn. Ce qui est sans compter sur ses amis du Pôle, Archibald, Gaëlle et Renard, qui ont toujours un tour dans leur sac pour aider la jeune fille. Ils vont l'aider à atteindre l'arche de Babel, sur laquelle Ophélie est pratiquement sûre que Thorn a atterri afin de dénicher l'indice permettant d'anéantir Dieu, et sur laquelle tout aurait apparemment commencé. Les deux jeunes gens se retrouvent alors de nouveau embarqués dans de grandes aventures, et surtout, dans les ennuis. 

   Ce que j'ai adoré dans ce tome-ci, c'est le changement radical d'atmosphère : Babel n'a rien à voir avec les arches du Pôle et d'Anima, déjà drastiquement différentes. Babel m'a fait penser, même si je n'y suis jamais allée moi-même, à des bazars et des souks des pays du Maghreb, à la première description. C'est très exotique, on sent de la surprise chez le personnage d'Ophélie quand elle arrive sur l'arche, car elle n'a jamais vu quelque chose de semblable dans sa vie, une sensation très agréable à la lecture.
   L'évolution se ressent également au niveau des personnages : en effet c'est normal que les personnages évoluent au fur et à mesure de l'avancement d'une histoire, mais Christelle Dabos sait très bien l'écrire : elle se fait progressivement, presque sans que le lecteur s'en rende compte, ce qui rend très plaisante la lecture de certains actes des personnages que l'on sait qu'ils auraient été incapables d'accomplir auparavant. Ophélie par exemple, se montre beaucoup plus curieuse et ne se cache plus comme elle le faisait avant, et Thorn se montre plus entreprenant (à sa propre façon) et ose poser des questions qu'il n'aurait peut-être pas eu "l'audace" de poser avant. Cela peut se mettre en corrélation avec le fait que leur relation les a changée, elle aussi. 

   L'univers qu'a créé Christelle Dabos s'étend encore et prend encore plus de profondeur. Toutes certitudes que nous avions sur cet univers se brisent, et l'on ronge notre frein en tournant les pages frénétiquement pour enfin connaître le fin mot de l'histoire. Ce que je déplorerais avec ce tome, mais seulement parce que je n'aime pas être totalement élogieuse dans mes critiques, c'est l'absence presque totale de certains des personnages que j'ai adoré dans les deux premiers tomes. Ophélie et Thorn rencontrent de nouveaux personnages très intéressants, mais les anciens manquent un peu, malgré quelques chapitres où nous les entr'apercevont.

   Pour conclure, je dirais que je suis assez époustouflée de voir que, malgré trois tomes déjà bien complets, la saga de La Passe-Miroir ne s'essouffle pas et même continue de nous étonner et de se développer. Si vous ne l'avez toujours pas commencée, je vous la conseille vivement, et sinon, foncez vous procurer ce troisième tome, vous ne le regretterez pas.

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lundi 28 août 2017

L'épée des ombres, tome 1 : La Caverne de Glace Noire

Auteure : J.V. Jones
Edition : Le Livre de Poche
Collection : Orbit
Parution originale : 2011
Genre : Fantasy
Origine : Royaume-Uni
Nombre de pages : 946
   Résumé : Les Maleterres. Un lieu hostile, figé dans un éternel hiver. Au Nord, des clans guerriers en conflit. Au Sud, des seigneurs avides qui convoitent les territoires des clans. À 16 ans, Raif est un archer accompli. Sa vie bascule le jour où, de retour de la chasse, il découvre que les hommes du clan, parmi lesquels son père, ont été horriblement massacrés. Ash est la fille adoptive de Penthero Iss, haut-seigneur d’une forteresse. À 15 ans, elle est une très belle adolescente, mais elle est hantée la nuit par des cauchemars de glace et de sang. Ensemble, Raif et Ash s’enfuiront sur les Maleterres enneigées, poursuivis par les sbires de Penthero Iss…
   Y a quelques mois, j'ai eu envie de me remettre à la fantasy adulte, autre que A Song of Ice and Fire de George R. R. Martin, ou toute autre œuvre relative à l'univers de cet auteur. Et ça tombe bien, parce qu'il y a quelques mois, ce bon gros pavé a attiré mon œil sur une étagère d'une librairie. Alors toute contente, j'achète mon livre, le commence... et je l'ai terminé y a seulement quelques jours. Vous comprendrez j'imagine, que mon avis est un peu mitigé sur ce tome 1 de L'Epée des Ombres de J.V. Jones.

   L'histoire raconte la quête de deux adolescents, Raif Ruptur, et Ash de la Marche. Le premier est un jeune guerrier déchu d'un des plus anciens clans du Nord, et la seconde, la pupille d'un seigneur du Sud, recueillie aux portes de la ville, laissée pour morte par sa mère à la naissance, et, soupçonne-t-elle, gardée prisonnière par son tuteur. Raif fait route vers le sud avec son oncle. La nuit, Ash fait des rêves étranges, peuplés d'une caverne de glace noire dans le nord, et de voix désincarnées qui l'appellent. Les destins des deux adolescents vont se croiser, et les réunir dans une grande quête au cœur des terres glacées des Maleterres.

   J'ai vraiment adoré l'intrigue, qui est captivante. L'autrice sait jouer avec différents points de vue, installer du suspens, dévoiler des éléments de l'intrigue sans trop en dire, ce qui donne envie de continuer et de dévorer les pages. Cependant, ce n'est pas le cas dès le début du livre. Pendant environ les 300 premières pages, le rythme est assez lent, il n'y a que peu d'action, et l'on s'ennuie quelque peu. J'ai mis aux alentours de 6 mois, comme je le disais plus tôt, à lire ces 300 premières pages. Dès que Raif et Ash se rencontrent, c'est le moment où les choses s'accélèrent, où l'on commence à voir où le roman nous mène, et c'est cela que je reproche à ce tome 1 : l'introduction est trop longue pour ce qu'elle raconte, et c'est assez dommage, car celle-ci aurait pu tenir en 100 pages, tout au plus.

   Mis à part ces longueurs, j'ai beaucoup aimé lire ce premier tome, dès que l'intrigue se lance vraiment, on ne peut pas s'empêcher de dévorer les pages. Notamment grâce à ses personnages, et notamment le duo Ash/Raif qui est très efficace. Tous deux ont une vraie alchimie, et leur relation se développe tranquillement et avec intelligence. J'aime aussi ces personnages séparément : Ash est une fille endurante, persévérante et forte, et même si elle n'a aucune expérience du Nord, du froid et de la guerre, elle n'est pas un poids mort pour son compagnon de route. Raif est un garçon sérieux et réfléchi, et j'apprécie son sens de l'honneur. Il me fait penser à Jon Snow, qui est mon personnage préféré de la saga de George. R.R. Martin, lui aussi pour son sens de l'honneur et de la loyauté. 

   Outre les deux personnages principaux, il y a un autre personnage que j'adore, et il s'agit d'Angus. Celui-ci est l'oncle de Raif, qui l'embarque avec lui dans un voyage vers le sud. C'est un homme bourru et d'une grande bienveillance, et il a souvent été une source d'humour pour moi dans ce roman. J'espère que son personnage sera plus approfondi dans les prochains tomes.

   Finalement, Je dirais que La Caverne de glace noire n'est pas forcément un excellent premier tome, mais qu'il débute une saga qui me semble très prometteuse. De plus, c'est une saga dont je vois très peu de chronique sur les blogs ou sur Youtube, et je suis donc ravie de pouvoir vous présenter cette saga de fantasy. J'espère que malgré les quelques défauts que j'ai pu citer, je vous ai donner envie de donner une chance à L'épée des ombres, car celle-ci mérite, je pense, qu'on lui accorde de l'attention. Je confirmerai ou non dès le prochain tome.

jeudi 3 août 2017

L'Epouvanteur, tome 2 : La malédiction de l'Epouvanteur

Auteur : Joseph Delaney
Edition : Bayard Jeunesse
Parution originale : 2006
Genre : Fantasy Jeunesse
Origine : Angleterre
Nombre de pages : 362
    Résumé : Voilà six mois que tu es l'apprenti de M. Gregory, me dit maman. Tu as déjà été témoin de bien des événements. A présent, l'obscur t'a remarqué et va tenter de te neutraliser. Tu es en danger, Tom. Toutefois, rappelle-toi ceci lorsque tu seras un homme, mon fils, ce sera au tour de l'obscur d'avoir peur, car tu ne seras plus la proie, tu seras le chasseur. C'est pour cela que je t'ai donné la vie."
   L'Épouvanteur et son apprenti, ornas Ward, se sont rendus à Priestown pour y achever un travail. Dans les profondeurs des catacombes de la cathédrale est tapie une créature que l'Épouvanteur n'a jamais réussi à vaincre. On l'appelle le Fléau. Tandis que Thomas et M. Gregory se préparent à mener la bataille de leur vie, il devient évident que le Fléau n'est pas leur seul ennemi. lanquisiteur est arrivé à Priestown. Il arpente le pays à la recherche de tous ceux qui ont affaire aux forces de l'obscur! Thomas et son maître survivront-ils à l'horreur qui s'annonce ?
    On retrouve aujourd'hui Tom Ward et ses aventures avec John Gregory, l'Epouvanteur, et je peux vous dire qu'à la lecture des premières lignes, j'ai su tout de suite deux choses. Premièrement : cette série m'avait manqué, et deuxièmement : je savais déjà à ce moment que ce tome-ci serait un coup de cœur. Y a des livres comme ça, en lisant ne serait-ce que deux lignes, j'ai un sixième sens qui se réveille et me donne cette sensation, je ne sais pas si c'est pareil pour vous.
  
   Encore une fois, Tom et l'Epouvanteur doivent faire face à un ennemi puissant : après la sorcière qu'ils ont dû neutraliser dans le premier tome, Mère Malkin, voilà que le maître et son apprenti doivent s'occuper d'une créature presque divine qui terrorise Priestown, une ville du Comté, et qui est Le Fléau. Ouais, carrément. Sauf que, manque de bol, c'est une ville dans laquelle la religion a une grande place dans la vie des habitants, et possède le plus grand nombre de prêtres du pays. Sachant que la religion rejette l'obscur et ceux qui le combattent par autre chose que des prières, comme l'Epouvanteur par exemple, autant dire que nos deux héros ont du souci à se faire, et une chasse aux sorcières à éviter. Sans parler d'Alice, la jeune sorcière rencontrée dans le tome 1 qui va encore leur causer des problèmes. 

   Je suis ravie par ce tome-ci surtout grâce au personnage d'Alice. Ce roman ne fait que confirmer mon amour pour cette petite sorcière, résolue à aider ceux qu'elle considère comme ses amis en utilisant tous les moyens possibles, les bons, comme les mauvais. J'aime beaucoup son caractère de tête de mule et sa volonté d'aider, même si parfois elle met plus dans le pétrin qu'elle n'aide. C'est tout de même grâce à elle au final que Tom et l'Epouvanteur s'en sortent, et c'est pourquoi elle est essentielle. Je suis très contente parce qu'elle apparaît encore plus dans ce tome que dans le dernier.
   Tom est toujours un peu naïf, même si on sent une évolution dans le personnage : extrêmement trouillard dans le tome 1, on sent que les six mois passés auprès de l'Epouvanteur lui ont fait du bien et il est prêt à prendre plus de risques dans son métier.
   J'aime aussi qu'on en apprenne un peu plus sur le personnage de l'Epouvanteur, qui est tout de même très mystérieux. On a des révélations sur son passé, sur ses débuts dans le métier, quelques erreurs de jeunesse qui permettent de nuancer la vision du personnage que l'on a. 

   Ce tome est bien plus complet que le premier, qui faisait un peu roman d'exposition. Il y a plus de péripéties, on creuse un peu plus les personnages, et on comprend peu à peu en quoi Tom est un apprenti Epouvanteur différent des autres, ce que sa mère sous-entend depuis le début. Généralement, quand j'ai aimé beaucoup un premier tome d'une longue saga, le soufflé retombe avec le tome 2 alors que ce devrait être lui qui fasse prendre la mayonnaise et me donne envie de continuer. C'est ce qu'il s'est passé avec la saga des Chevaliers d’Émeraude d'Anne Robillard, par exemple. Là, ce tome 2 confirme mon amour pour cette saga, et j'ai hâte d'acquérir le tome 3. J'ai dévoré ce tome 2, j'y ai même passé deux ou trois nuits dessus, cela faisait longtemps que c'était pas arrivé, et ça m'a fait beaucoup de bien.

   Je termine donc sur cette question : quels sont les romans qui, au-delà du fait de les avoir aimé, vous ont procuré du bien ?

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vendredi 28 juillet 2017

La Quête d'Ewilan, tome 3 : L'île du Destin

Auteur : Pierre Bottero
Edition : Rageot
Parution originale : 2003 
Genre : Fantasy, Jeunesse
Origine : France, Francophone
Nombre de pages : 335
   Résumé : Camille et ses compagnons ont réussi à réveiller les Figés, mais leur quête ne s'arrête pas là. Elicia et Altan Gil' Sayan sont toujours endormis quelque part en Gwendalavir, et Camille, aidée de son frère Akiro et de ses amis, doit partir à leur recherche. Entre meutes de loups sauvages, des pirates sanguinaires et une Sentinelle revancharde, le chemin de Camille reste semé de dangers...



   Cette chronique traite le sujet d'un tome final d'une saga littéraire. Pour éviter d'éventuels spoilers, je vous revoie par ce lien à ma chronique du tome 1.

    Je dois bien avouer qu'à la fin du deuxième tome de cette série, j'étais restée assez sceptique. Premièrement, comme dans le premier tome, j'ai trouvé la fin assez précipitée et expédiée. Et en plus, la quête semble finie, à la fin du tome 2 ? Qu'est-ce que l'auteur va bien pouvoir raconter qui mérite encore 300 pages dans le troisième tome ? J'étais donc à la fois dubitative, et curieuse, quand j'ai ouvert ce dernier livre de la trilogie.

   En réalité, j'avais tort de douter de Pierre Bottero. Non seulement cet auteur avait un don pour raconter les histoires, mais en plus, il débordait d'une imagination sans faille, nous offrant dans ce dernier tome une fin de quête aux accents vacillants entre réécriture de La Belle au Bois Dormant et légendes arthuriennes. J'ai particulièrement apprécié les analogies entre Gwendalavir et Avalon, et l'explication du côté fantasque et légendaire de la quête arthurienne dû au fait qu'elle ait eu lieu dans un autre monde.

   Ce qu'il y a de génial avec cette trilogie, si je devais faire un bilan de tout ce début du cycle d'Ewilan dans cette chronique, c'est qu'on ne s'ennuie jamais dans notre lecture. Les aventures s'enchaînent rapidement, il y a toujours de l'action, une pointe d'humour, jamais un instant de flottement ou un passage qu'on a envie de lire en diagonale parce que trop long. Même au bout du troisième tome, Pierre Bottero arrive encore à surprendre son lecteur, jeune ou plus âgé, à l'emporter dans son imagination et son histoire. L'auteur a compris comment raconter des histoires aux enfants, qui n'ont pas ou ont peu de patience, et il faut toujours trouver le moyen d'amener un peu d'action à chaque moment de l'histoire pour maintenir leur attention sur l'intrigue. C'est pour cela que c'est très dur d'écrire des romans pour la jeunesse, et Pierre Bottero était un maître dans le genre.

   Dans ce dernier tome de cette première trilogie, on découvre de nouvelles facettes des personnages, et notamment on découvre deux nouveaux personnages qui vont avoir beaucoup d'importance pour cette fin de trilogie, qui sont Mathieu et Siam, respectivement le frère de Camille et la sœur d'Edwin. Nous connaissions déjà Mathieu dans le premier tome, mais celui-ci a radicalement changé dans ce livre-ci, et on découvre pour la première fois Siam, et personnellement, avec Ellana, Siam est mon personnage féminin préféré de cette saga. Toutes sont fortes, incroyablement douées au combat, et pourtant d'une féminité rare. Elles sont à mon avis un bon role model pour les jeunes filles, et montrent que finalement, la détermination, l'aptitude au combat, la confiance en soi, n'ont pas de genre, surtout, ne sont pas exclusivement des qualités masculines. 
   Par ailleurs, je n'ai pas encore lu la trilogie du Pacte des Marchombres qui raconte l'histoire d'Ellana, ce sera la dernière série de Pierre Bottero que j'aurai à lire avant de finir toute sa bibliographie. J'ai donc hâte de découvrir en profondeur un de mes personnages préférés tous romans confondus, mais je suis aussi triste car ce sont les derniers écrits de l'auteur que je peux encore découvrir, il n'y aura plus jamais rien de nouveau à lire de Pierre Bottero après cela.

   En conclusion, ce troisième et dernier tome termine d'une façon magistrale une excellente série de fantasy jeunesse, quoique la fin me semble encore un peu trop précipitée, mais c'est le seul défaut que je trouve à l'écriture de Pierre Bottero. Je suis très heureuse d'avoir enfin lu un des monuments de la littérature jeunesse française, qui est La Quête d'Ewilan. Je ne sais toujours pas comment j'ai fait étant plus jeune pour ne pas lire cette série, sachant que je la connaissais, qu'elle était disponible au CDI de mon collège, que j'avais toutes les occasions possibles et imaginables de la lire. C'est fait aujourd'hui, c'est l'essentiel, et je suis ravie de porter en moi l'histoire merveilleuse d'Ewilan.

   Pour finir, j'ai découvert ce projet d'adaptation en film du premier tome de La Quête d'Ewilan grâce à Margaud Liseuse dans sa dernière vidéo, qui a besoin d'un petit coup de pouce pécuniaire pour voir le jour. Le projet est disponible sur la plateforme Ulule en cliquant ici, et si vous avez les moyens de participer au projet en faisant un don, et que vous en avez envie, sautez sur l'occasion, vous aiderez peut-être à la réalisation d'un film adapté d'une série chère à votre cœur !

   Sur ce, je vous laisse à belles lectures, salut !

mardi 25 juillet 2017

Le Livre de Perle

Auteur : Timothée de Fombelle
Edition : Gallimard (Pôle Fiction)
Parution originale : 2014
Nombre de pages : 325
Genre : Jeunesse, Conte
Origine : France
   Résumé : Tombé dans notre monde une nuit d’orage, un homme emprunte le nom de Joshua Perle et commence une vie d’exilé. Cette nouvelle vie fugitive, déchirée par un chagrin d’amour, est aussi une quête mystérieuse. Au fil du siècle, Perle rassemble un trésor pour défaire le sort qui l’a conduit loin de chez lui. Mais ceux qui l’ont banni et le traquent le laisseront-ils trouver le chemin du retour? Perle a-t-il raison de penser que la fille qu’il aime l’attend toujours là-bas ?

   Cela faisait un bon moment que je lorgnais sur ce titre, mais depuis quelques temps, surtout avec mon budget restreint, j'ai tendance à acheter essentiellement mes livres en poche. J'ai donc saisi l'occasion de m'offrir Le Livre de Perle de Timothée de Fombelle quand je l'ai vu aux édition poche Pôle Fiction de Gallimard.

   J'ai été transportée par ce roman, je n'ai tout simplement jamais rien lu de tel. Le travail de l'auteur entrepris sur ce roman est assez audacieux. Celui-ci mêle en effet le conte de fées au roman historique, ce qui est, je pense, inédit dans la littérature jeunesse. L'histoire est simple : un jeune homme est exilé du royaume des fééries dans lequel il vivait pour se retrouver dans notre monde, à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale, dans une famille juive.
   La façon d'écrire elle-même de l'auteur est assez atypique, et la façon dont les deux univers se superposent au début est un peu difficile à suivre, on ne comprend pas grand chose à propos de qui sont ces personnages, d'où ils viennent, où ils sont, mais une fois que l'on saisit la logique, et ça ne prend pas longtemps, on comprend tout.
   Les deux mondes apparaissent froids et cruels, mais il réside des personnages bons, et avec eux, une atmosphère chaleureuse qui les entoure. En France, dans les années 40, on rencontre la famille Perle et sa boutique de guimauves. L'écriture de Timothée de Fombelle est très sensorielle quand il s'agit de cette petite boutique, et j'ai vraiment eu cette sensation de douceur et de chaleur que l'on retrouve dans une boutique de bonbons, et on croit sentir les odeurs douces et enivrantes des petites guimauves aux amandes, aux mûres et pistaches, les arômes de rose et de vanille. Dans le monde des fééries, on rencontre Olia, une petite fée douce accompagnée de son puma blanc. Cette petite fée, je me l'imagine entourée d'un halo lumineux, d'une aura de sérénité et de chaleur. Elle se trouve un peu en retrait dans l'histoire, travaillant dans l'ombre pour faire revenir la personne qu'elle aime dans leur monde.

   Le personnage de Perle apparaît un peu rustre, voire bourru, quand on le rencontre pour la première fois. Au fur et à mesure que l'on navigue dans ses souvenirs, que l'on se perd dans son voyage et sa fuite, on finit par apprécier ce personnage, sa détermination et l'amour qui le motive pour rentrer chez lui. C'est finalement cela l'objectif des personnages de ce livre : ils veulent tous rentrer chez eux.

   Ce roman a beau être classifié dans la littérature jeunesse, je serais très curieuse de voir ce qu'il se passerait si, en librairie, on rangeait ce livre en littérature générale. Si les personnes un peu plus âgées, les adultes, se pencheraient sur ce livre, et oseraient lui donner sa chance. J'ai remarqué que beaucoup d'adultes de mon âge, et même plus âgés que moi, n'osent pas s'aventurer dans les rayons jeunesse, comme si lire de la littérature jeunesse à leur âge n'en feraient pas des lecteurs légitimes. C'est évidemment faux. Il existe beaucoup de romans jeunesse qui sont des pépites, et il est dommage de passer à côté, juste parce que des personnes ont décrété que vous avez passé l'âge. Il est assez triste je pense que des personnes complexent encore sur leurs lectures de cette manière.

   Je vous invitent donc à vous pencher sur le cas Timothée de Fombelle, qui est un excellent auteur français (cocoricooooo) pour la jeunesse. L'idée, vous voyez, c'est que cet auteur voit les adolescents comme ce qu'ils sont, c'est-à-dire des personnes intelligentes et à même de réfléchir, quand on ne tente pas de les infantiliser.
   Le livre de Perle est un roman un peu labyrinthique, on peut se perdre dans les méandres du temps et de l'espace des deux univers mêlés. Mais je pense que c'est une écriture nécessaire pour un roman aussi onirique que celui-ci. On a l'impression d'avancer comme dans un rêve, un peu flou, un peu brumeux, désorientant. C'est une sensation qui peut ne pas plaire à tout le monde, personnellement, j'aime parfois être perdue dans un livre, et me laisser transporter par l'auteur. Dans ce livre, être perdu est une situation inhérente à tous les personnages, et pour se rapprocher d'eux, pour s'identifier, le lecteur doit à mon avis être dans le même état d'esprit.

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