jeudi 11 mai 2017

Black Mirror, saison 1 | Chronique Série

Titre original : Black Mirror
Créée par : Charlie Brooker
Origine : Royaume-Uni
Genre : Horreur, Science-fiction, Thriller, Drame
Première diffusion : 4 décembre 2011 
Sur : Channel 4
Vue en : VOSTFR
S'étend sur : 3 épisodes
Statut : Terminée depuis le 18 décembre 2011
Avec : Rory Kinnear, Lindsay Duncan, Daniel Kaluuya, Jessica Brown Findlay, Toby Kebbell, Jodie Whittaker.
   Pitch : Série d'anthologie dont les épisodes sont tous liés par la thématique de la mise en œuvre d'une technologie dystopique plus ou moins réalisable, et interroge, sous un angle pessimiste et satirique, les conséquences que pourraient avoir les nouvelles technologies sur l'être humain si imprévisible.
    Black Mirror est ce que l'on appelle une série d'anthologie, c'est-à-dire que les épisodes, bien que liés par un même thème, présentent chacun un décor et des personnages différents. La seule autre série que je connais et qui fait exactement la même chose, c'est la série Twilight Zone, connue sous le titre La Quatrième Dimension en France. Pour cette raison, je ne peux pas parler de cette série comme je parle des autres, dans sa globalité. Je vais donc, puisque la série comporte peu d'épisodes par saison, organiser ma critique sous différentes chroniques, découpées par saisons, que je découperais elles-mêmes en sous parties par épisodes, pour pouvoir dire un mot sur chacun. Dans cette chronique, je parlerai des trois épisodes de la saison 1 de Black Mirror, à savoir The National Anthem, 15 Millions Merits et The Entire History of You.

The National Anthem


Réalisation : Otto Bathurst
Distribution : Rory Kinnear, Lindsay Duncan, Donald Sumpter, Tom Goodman-Hill, Anna Wilson-Jones, Lydia Wilson.
Pitch : Après l'enlèvement de la princesse royale, le Premier Ministre britannique est confronté à un énorme et choquant dilemme. L'épisode examine non seulement la question du libre-arbitre dans un environnement politique où la notion de popularité est aisément biaisée et peut être manipulée, mais aussi l'interaction entre les différents acteurs des domaines politiques et médiatiques ainsi que du public devant une situation de crise.
   Je préfère vous prévenir dès le départ : cet épisode est dégueu. Pas dans le sens où il serait mal réalisé ou que les acteurs joueraient mal, tout simplement parce que je me suis trouvée plus que mal à l'aise à un certain moment de l'épisode. Alors vous me direz, c'est le but de la série de mettre dans l'inconfort, de nous confronter aux déviances de la nature humaine face aux nouvelles technologies, mais à part dans cet épisode, ça ne m'est jamais arrivé d'avoir la nausée. C'est pas le meilleur épisode de la série d'ailleurs, c'est dommage qu'il en soit le pilot parce que j'ai failli arrêter de regarder après celui-ci, alors que la série en général est géniale.



   Cet épisode met d'autant plus mal à l'aise qu'il met en lumière ce que l'on peut faire de pire avec nos technologies déjà existantes. La série montre tout au long de ses épisodes des technologies tout droit sorties de la science-fiction, mais la télévision, ça existe depuis la fin du XIXè siècle, et c'est d'autant plus effrayant à mon avis, parce que c'est le genre de choses qui pourraient parfaitement se dérouler dès maintenant, vu le peu de morale dont est capable l'être humain le plus souvent.

   L'épisode fait la critique du voyeurisme télévisuel. Vous voyez, tous ces différents programmes de téléréalités qui popent sur nos chaînes de télévision ? Ou encore, ces programmes de divertissement qui consistent en l'humiliation la plus totale de leurs chroniqueurs, de type Touche pas à mon poste ? Ce ne sont pas des programmes si éloignés de ce que propose ce premier épisode de Black Mirror. Le Premier Ministre britannique va être confronté à un choquant dilemme qui consiste à exécuter un acte dégradant et immoral devant toute l'Angleterre, pendant que le pays entier suivra d'un regard avide le Premier Ministre se donner en spectacle. Un peu comme une bonne partie de la population française adore regarder des gens se prendre un plat de spaghettis dans le slip en suivant une certaine émission de C8.

15 Million Merits


Réalisation : Euro Lyn
Distribution : Daniel Kaluuya, Jessica Brown Findlay, Rupert Everett, Julia Davis, Ashley Thomas.
   Pitch : Tout un prolétariat vit dans des tours futuristes dont ils ne sortent jamais. Certains sont des artistes, d'autres sont condamnés à pédaler sur des vélos pour alimenter la société en énergie. Un des ouvriers, Bing, hérite de la fortune de son frère décédé. Il décide d'en faire profiter une autre ouvrière pour qu'elle accède à un télé-crochet. 
   Si le premier épisode est sans doute le pire de toute la série, le deuxième est mon préféré. Il s'agit d'une satire sur les spectacles de divertissement et notre insatiable soif de distraction. C'est le divertissement pascalien dans toute sa splendeur : la vie de ces gens consiste à pédaler devant des écrans, des publicités, des jeux vidéos, et même dans leurs chambres, seuls, ils sont entourés de publicités et de programmes H24, ce qui les empêche de ruminer leur vie minable et de protester. Dans cette société, soit on consomme du divertissement, soit on est acteur du divertissement, on ne peut pas faire autrement.
   L'acteur qui joue Bing, Daniel Kaluuya, est absolument incroyable. Il n'a aucun dialogue pendant les vingt premières minutes de l'épisode, jusqu'à ce qu'il rencontre Abi, à tel point que je le pensais muet au départ, et on découvre un jeu d'acteur plein de subtilité et de finesse. Il s'ennuie. Il est l'un des rares à passer à travers les mailles de ce filet de trop-plein de divertissement, c'est très clair, et pourtant, l'ennui est un sentiment qui ne devrait pas exister dans ce monde où tous les sens sont sans cesse sollicités. Pourtant, Bing n'est pas réceptible, et dans ce monde où l'on dévore des programmes télévisés, il est le seul à avoir les yeux ouverts, paradoxalement.



    L'épisode met en évidence que l'être humain est un pur produit de consommation. Il est utilisable et recyclable. Tu es trop gros pour pédaler ? Alors tu deviens employé au ménage, et tu ramasses les déchets des cyclistes. Même le haut du panier, et surtout cette partie de la population, est consommable. Tu chantes bien mais sans plus, par contre tu as un joli minois ? Tu seras actrice porno, et tu intégreras les nombreux jeux vidéos et programmes que les cyclistes peuvent regarder sur leurs vélos.
   La série est très pessimiste, alors il ne faut pas s'attendre à un gros bouleversement des choses à la fin de l'épisode, au contraire même. Mais l'ardeur de Bing pour faire changer les choses, sa rage de vaincre, sont stupéfiantes, et son discours de fin d'épisode me donne des frissons à chaque fois.

The Entire History of You


Réalisation : Brian Welsh
Distribution : Toby Kebbell, Jodie Whittaker, Tom Cullen, Jimi Mistri, Amy Beth Hayes, Rebekah Staton, Rhashan Stone, Phoebe Fox.
   Pitch :  Liam Foxwell, jeune avocat en recherche d'emploi, doute de la fidélité de sa femme. Comme presque tout le monde, il a une puce implantée derrière l'oreille lui permettant de stocker ses souvenirs et de les rediffuser quand bon lui semble. Il utilise donc les images en sa possession pour enquêter sur ce supposé adultère et démasquer les potentiels amants.
   Imaginez que, demain, nous soyons capables, grâce à une minuscule puce sous la peau, derrière l'oreille, d'enregistrer tout ce que l'on voit et entend, et de le diffuser à n'importe qui ? Après tout, nous avons déjà inventé les Google Glasses, alors l'idée ne semble pas si incongrue. Ce serait plutôt excitant, ou terrifiant, à votre avis ? C'est la problématique de cet épisode de Black Mirror. C'est un épisode plus dramatique et plus touchant que les deux premiers, qui étaient plus dans l'action.
   Dans cet épisode, la série adopte un style d'écriture qu'elle reprendra assez souvent à mon sens : exposer une technologie futuriste d'une façon très positive, pour en dévoiler tout l'enfer au fur et à mesure de l'épisode. Ça donne à réfléchir à mon avis, parce que si cette technologie existait alors que je n'avais jamais vu l'épisode, j'aurais pu en être ravie, car j'adorerais pouvoir me repasser de vieilles séquences de souvenirs pour une session de nostalgie. Sans compter que cela pourrait donner lieu à une étude pour soigner certaines maladies dégénérescentes, comme la maladie d'Alzheimer, de pouvoir se repasser ses souvenirs, vieux ou récents. Seulement, j'oubliais que l'être humain est capable du pire, et la question du consentement et de l'intrusion a des limites très floues dans l'esprit de certains, et la dérive n'est jamais très loin. La tentation de l'espionnage, du voyeurisme est toujours là, et certains n'y résistent pas longtemps.



   Encore une fois, la série a choisi la crème de la crème en matière d'acteurs britanniques pour cet épisode. Notamment Toby Kebbell, dont on suit le personnage tout au long de l'épisode, et qui est un acteur incroyable. il joue notamment Liam Foyle dans The Escape Artist au côté de David Tennant, et on a pu y apercevoir également toute l'étendue de son talent. Il joue un personnage qui devient mentalement instable au fur et à mesure qu'il découvre la trahison de sa femme, et cela se fait tout en subtilité. On creuse dans les tréfonds de la psychologie humaine avec ce personnage, et l'acteur est parfait pour ce rôle. Et la sobriété de l'épisode est parfaite pour mettre en lumière un tel sujet. Par ailleurs, l'acteur Robert Downey Jr. a mis une option sur l'épisode pour peut-être l'adapter au cinéma un jour, ce qui prouve assez les bonnes audiences et critiques qu'à reçu l'épisode.


   Pour conclure, je dirais que cette première saison de Black Mirror est assez remarquable. Vous pouvez regarder les épisodes dans l'ordre que vous souhaitez, cela importe peu à mon avis puisque les épisodes sont totalement indépendants les uns des autres. En tous cas cette première saison, malgré un premier épisode que je trouve médiocre, se termine en apothéose avec deux épisodes magnifiques.

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